Question écrite n° 2793 :
Conséquences des retraits des troupes françaises au Sahel.

17e Législature

Question de : Mme Marie-France Lorho
Vaucluse (4e circonscription) - Rassemblement National

Mme Marie-France Lorho interroge M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères sur les conséquences des multiples retraits des troupes françaises au Sahel. Après le Mali, c'est du Sénégal que les troupes françaises ont été contraintes de se retirer. Le Sénégal a en effet récemment annoncé la fermeture des bases militaires françaises dans le pays, au titre de la défense de la souveraineté nationale. Le Tchad a rapidement emboîté le pas, annonçant déclarer caduc l'accord de défense passé avec Paris en 1966 au titre de la « pleine » jouissance de sa souveraineté. L'expansion spectaculaire du djihadisme dans d'importantes zones du Mali, du Tchad comme du Burkina Faso, laisse à craindre que la menace du terrorisme islamique ne se répande encore davantage au Sahel. Le récent massacre perpétré sur des paysans par des affiliés d'Al Qaeda à Barsalogho (Burkina Faso) souligne d'ailleurs que la sécurité ne s'est pas améliorée dans les pays du Sahel ayant rompu avec la France. Elle l'interroge donc sur les conséquences du retrait des troupes françaises sur l'expansion du terrorisme en Afrique. Elle lui demande quelles conséquences ce retrait pourrait avoir sur les sources d'informations de la France au Sahel et quelles seraient les répercussions à prévoir sur une potentielle flambée du terrorisme en Europe.

Réponse publiée le 12 août 2025

Le Président de la République a défini, dans son discours de Ouagadougou en 2017, les lignes de de notre relation partenariale, renouvelée, équilibrée et réciproque avec les Etats du continent africain. C'est dans ce cadre que la France a lancé depuis près de deux ans un travail de reconfiguration de ses partenariats de défense en Afrique. Ce travail répond aussi à la demande de nos partenaires africains de redéfinir avec eux les types de coopération à mettre en œuvre, sur la base d'une expression claire de leurs besoins. C'est dans ce contexte qu'un dialogue a été spécifiquement engagé avec le Tchad, le Gabon, le Sénégal et la Côte d'Ivoire. Nous avons ensemble acté le passage d'un dispositif posé, caractérisé par l'existence de bases permanentes, à une logique de coopération dans les domaines de la formation, de l'acquisition de capacités ou du renseignement. Au Sénégal, les déclarations du Président Bassirou Diomaye Faye sont cohérentes avec le dialogue engagé : nous avions déjà significativement réduit notre empreinte militaire, et proposé d'aller plus loin. Comme l'a souligné le Président Faye, cette évolution ne constitue pas une rupture, et nous aspirons à approfondir le partenariat bilatéral étroit entre nos deux pays. Au Tchad, la France entretient également un dialogue étroit avec les autorités, qui ont fait part de leur souhait de voir évoluer le partenariat de sécurité et défense, tout en soulignant que cette décision ne remettait pas en question les relations historiques et d'amitié entre nos deux pays. Le dialogue se poursuit pour la mise en œuvre en bon ordre de ces orientations, dans une démarche respectueuse de la souveraineté tchadienne et selon une logique d'égal à égal. S'agissant du Mali, du Niger et du Burkina Faso, la France était intervenue, notamment à travers l'opération Barkhane, en réponse à la demande des autorités locales et s'est désengagée dès lors que les conditions d'un partenariat efficace et confiant avec ces autorités dans la lutte contre le terrorisme n'étaient plus réunies. La France suit avec une attention particulière l'évolution de la menace en Afrique de l'Ouest, où les groupes terroristes ont renforcé leur présence. Nous restons engagés dans la lutte contre le terrorisme en Afrique, en lien avec les autres partenaires internationaux, et auprès des partenaires régionaux qui en font la demande. Cette coopération vise à renforcer les capacités locales, sans se substituer aux efforts des pays concernés. Nous soutenons par exemple un réseau dense d'écoles nationales à vocation régionale, y compris par le déploiement d'experts et coopérants dans le champ de la défense et de la sécurité intérieure, qui favorisent la formation et le partage de savoir-faire entre Etats partenaires. En matière de lutte contre le terrorisme, l'académie internationale de lutte contre le terrorisme (AILCT) d'Abidjan est en ce sens un projet exemplaire. Nous formons également environ 2 800 militaires africains par an dans nos écoles en France et participons à des exercices conjoints réguliers sur le continent africain. Cette coopération régionale et internationale nous permet de donner aux forces armées locales les moyens de lutter contre le terrorisme, et de partager nos informations et notre analyse de la menace. Pour ce qui est du risque de menace projetée sur les intérêts de la France ou de nos alliés, en Afrique de l'Ouest et sur le territoire national, il est à ce stade modéré car les groupes terroristes semblent actuellement privilégier un agenda local. 

Données clés

Auteur : Mme Marie-France Lorho

Type de question : Question écrite

Rubrique : Politique extérieure

Ministère interrogé : Europe et affaires étrangères

Ministère répondant : Europe et affaires étrangères

Dates :
Question publiée le 10 décembre 2024
Réponse publiée le 12 août 2025

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