Situation des urgences
Question de :
Mme Nathalie Colin-Oesterlé
Moselle (3e circonscription) - Horizons & Indépendants
Question posée en séance, et publiée le 16 janvier 2025
SITUATION DES URGENCES
Mme la présidente . La parole est à Mme Nathalie Colin-Oesterlé.
Mme Nathalie Colin-Oesterlé . En Moselle, le centre hospitalier régional de Metz-Thionville a déclenché le plan Blanc, entraînant la déprogrammation totale de l'activité – toute l'hospitalisation n'est plus consacrée qu'aux urgences – et le rappel de soignants épuisés, privés de congés. En Meurthe-et-Moselle, les urgences de l'hôpital de Val de Briey ont dû fermer pendant les vacances de Noël, faute de personnel, 50 % des postes de médecins urgentistes étant vacants.
Dans tout le pays, ce sont quatre-vingt-sept plans Blancs qui ont été déclenchés. Ces dispositifs, qui devraient être exceptionnels, deviennent la norme ; ce n'est pas acceptable. Partout, des patients attendent des heures sur un brancard, au péril de leur vie. Partout s'observe un manque cruel de soignants.
À Longjumeau, c’est une femme de 20 ans qui est décédée d'un arrêt cardiaque après avoir attendu des heures sur un brancard. À Villeneuve-Saint-Georges, c'est une femme de 26 ans qui est morte dans une salle d'attente bondée. À cela s'ajoutent les agressions intolérables que subissent les soignants, comme la semaine dernière encore, à Annemasse, où certains d'entre eux ont été violemment attaqués et blessés. Nous leur réitérons notre plein soutien et espérons que justice sera rendue. (Applaudissements sur les bancs du groupe HOR et sur quelques bancs des groupes EPR et DR.)
En 2024, le groupe Horizons avait défendu et fait adopter à l'unanimité une proposition de loi visant à renforcer la sécurité des professionnels de santé. L’inscrire à l’ordre du jour du Sénat serait un message fort, entendu par tous les soignants. Nous comptons sur vous, monsieur le ministre de la santé !
La crise des urgences s'aggrave chaque année et cet hiver tout particulièrement, au gré d'une épidémie de grippe très virulente. Des solutions existent : favoriser le développement des centres de soins non programmés pour désengorger les urgences ; développer le numérique en santé ; régionaliser les formations ; renforcer l’incitation à l'installation.
La santé doit rester une absolue priorité de votre gouvernement. Comment comptez-vous agir pour mettre fin à l'enchaînement de crises que nous connaissons ? Quels moyens allez-vous déployer pour éviter de nouveaux drames et pour garantir un accès rapide et digne aux soins d'urgence ? (Applaudissements sur les bancs du groupe HOR et sur quelques bancs du groupe DR. – M. Mathieu Lefèvre applaudit également.)
Mme la présidente . La parole est à M. le ministre chargé de la santé et de l’accès aux soins.
M. Yannick Neuder, ministre chargé de la santé et de l’accès aux soins . Je vous remercie pour votre question qui me permet d'aborder plusieurs sujets. Je veux tout d'abord prendre un moment pour exprimer mon empathie à l'égard des familles des personnes décédées, comme vous l'avez dit, sur des brancards. Le médecin que je suis, ministre de la santé, ne peut naturellement pas se satisfaire, comme vous tous ici, de telles situations. Toute la lumière sera faite sur ces cas mais il faut aussi en tirer les conséquences.
Notre système de soins connaît une situation de tension très forte. Vous l'avez dit : il a besoin de réformes qui doivent être structurelles et nécessitent du temps. Ce ne sont pas des ministres dont la durée d'exercice n'excède pas quatre mois qui pourront les mener à bien. Il faut donc que le Parlement soit raisonnable car la santé n'a pas de couleur politique : elle n'est ni de droite, ni de gauche, ni du centre, et c'est la priorité absolue de nos concitoyens. Il faut donc d'abord former plus et mieux ; nous pouvons le faire, vous le savez.
C'était d'ailleurs l'objectif de la proposition de loi que j'avais déposée en décembre 2023, qui visait à améliorer l'accès aux soins par la territorialisation et la formation, et qui avait obtenu votre assentiment. Il s'agissait aussi de pouvoir rapatrier tous les étudiants en santé, en médecine (Applaudissements sur les bancs des groupes DR et HOR. – M. Mathieu Lefèvre applaudit également), ceux qui se trouvent actuellement en Roumanie, en Belgique ou en Espagne, pour qu'ils puissent venir achever leurs études dans les facultés de notre pays. Nous allons nous y employer, le ministre chargé de l'enseignement supérieur et de la recherche et moi-même, puisque nous partageons cette philosophie.
Le deuxième point que votre question soulève, c'est naturellement la grippe. Comment s'organiser par rapport à de telles épidémies ? Là aussi, il faut inscrire notre action dans le temps long : nous devons déjà anticiper la campagne de vaccination de 2026, en commençant à l'organiser d'ici quelques semaines. Mon ministère est mobilisé pour adopter l'approche adéquate en matière de stratégie vaccinale. La vaccination ne doit pas faire oublier l'importance des gestes barrières, mais se pose aussi la question de l'obligation vaccinale : pour qui, comment, pourquoi ? Peut-on se satisfaire d'un si faible nombre de patients et de soignants vaccinés ? (Applaudissements sur quelques bancs des groupes DR et HOR. - MM. Mathieu Lefèvre et Éric Martineau applaudissent également.)
Auteur : Mme Nathalie Colin-Oesterlé
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Santé
Ministère interrogé : Santé et accès aux soins
Ministère répondant : Santé et accès aux soins
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 16 janvier 2025