Soutien aux initiatives d'adaptation au changement climatique outre-mer
Question de :
M. Marcellin Nadeau
Martinique (2e circonscription) - Gauche Démocrate et Républicaine
M. Marcellin Nadeau rappelle à M. le ministre d'État, ministre des outre-mer, que la question de l'érosion côtière est un problème fondamental dans les dits outre-mer et notamment en Martinique, comme il a pu lui-même le constater lors de son dernier séjour, et plus particulièrement un problème de gestion pour l'avenir. La Martinique est en effet confrontée à de nombreux risques associés au changement climatique, qu'il s'agisse d'élévation du niveau de la mer, de submersion marine ou d’érosion côtière. Treize communes sont inscrites sur la liste des territoires exposés au recul du trait de côte, publiée en avril 2022 par le Gouvernement et adaptent leurs politiques de planification urbaine. Mais de fait, chaque année, l'océan gagne du terrain, en moyenne un mètre sur le littoral. Si l'érosion est un phénomène naturel, son accélération relève souvent des activités humaines (prélèvement de sable, déforestation, suppression des mangroves protectrices, urbanisation, fragilisation des récifs coralliens...). Pour remédier à ces risques, certaines communes (La Trinité) ont eu recours à des ouvrages de défense comme des enrochements ou des digues, mais ces solutions couteuses se révèlent souvent temporaires ou inadéquates, comme la tempête Cynthia l'a aussi mis en évidence en France hexagonale à Oléron. D'autres, comme Le Prêcheur, ont développé des solutions innovantes d'adaptation à la transition écologique par déplacement de la population impactée et déplacement en sécurité du centre-bourg dans les hauteurs. Cette opération soutenue par le plan urbanisme construction architecture (PUCA), la DEAL de Martinique, reste cependant en attente des financements nécessaires. Il lui demande donc quel accompagnement de ces initiatives il pourrait mettre en œuvre dans la mesure où de telles initiatives sont une réponse conséquente au changement climatique qui se pose avec d'autant plus d'acuité aux dits outre-mer ; il insiste sur l'opportunité qu'il y aurait pour le ministère des outre-mer à prendre des initiatives fortes en cette année symbolique de la mer lui qui est présent sur tous les océans du globe.
Réponse en séance, et publiée le 12 mars 2025
ÉROSION CÔTIÈRE DANS LES OUTRE-MER
M. le président . La parole est à M. Davy Rimane, pour exposer la question no 289 de M. Marcellin Nadeau, relative à l'érosion côtière dans les outre-mer.
M. Davy Rimane . La question porte sur le soutien aux initiatives d'adaptation au changement climatique outre-mer. Mon collègue Marcellin Nadeau tient à rappeler au ministre d'État, ministre des outre-mer, que la question de l'érosion côtière est un problème fondamental dans lesdits outre-mer, notamment en Martinique. Il le remercie de s'être rendu en Martinique, en particulier dans l'extrême nord de l'île, pour le constater. Il précise néanmoins que la question ne se résume pas à ce risque naturel majeur, car les risques sont aussi humains et technologiques, ce qui pose un problème de gestion pour l'avenir.
La Martinique est confrontée à de nombreux risques associés au changement climatique – élévation du niveau de la mer, submersion marine, érosion côtière – ainsi qu'à de nombreux risques technologiques. Treize des trente-quatre communes de l'île sont inscrites sur la liste des territoires exposés au recul du trait de côte, publiée en avril 2022 par le gouvernement. Elles adaptent leur politique de planification urbaine.
Chaque année, l'océan gagne du terrain, en moyenne un mètre sur le littoral. Si l'érosion est un phénomène naturel, son accélération tient souvent aux activités humaines : prélèvement de sable, déforestation, suppression des mangroves protectrices, urbanisation, fragilisation des récifs coralliens.
Pour prévenir ces risques, certaines communes, notamment La Trinité, ont eu recours à des ouvrages de défense tels que des enrochements ou des digues. Mais ces solutions coûteuses se révèlent souvent temporaires ou inadéquates, comme la tempête Xynthia l'a mis en évidence en France hexagonale, à Oléron.
D'autres communes, notamment Le Prêcheur, ont développé des solutions innovantes d'adaptation à la transition écologique en déplaçant le centre-bourg dans les hauteurs, par mesure de sécurité, et en déplaçant la population concernée. Cette opération a été soutenue par le plan urbanisme, construction, architecture (Puca), mais la direction de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Deal) de la Martinique reste en attente des financements nécessaires – M. le ministre des outre-mer a pu le constater.
De telles initiatives constituent des réponses ambitieuses au changement climatique, problème qui se pose avec d'autant plus d'acuité dans les dits outre-mer. Par quel accompagnement le gouvernement compte-t-il appuyer ces initiatives ? Nous insistons sur l'opportunité pour le ministère des outre-mer, qui est présent sur tous les océans du globe, de prendre des mesures fortes en cette année 2025, déclarée symboliquement année de la mer.
M. le président . La parole est à Mme la ministre déléguée chargée de l'autonomie et du handicap.
Mme Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée chargée de l'autonomie et du handicap . Permettez-moi de vous répondre au nom du ministre des outre-mer, qui est en ce moment en Nouvelle-Calédonie.
Vous évoquez l'urgence qui s'attache à l'adaptation au changement climatique dans les outre-mer et, plus spécifiquement, le problème du recul du trait de côte. Bien évidemment, les territoires ultramarins sont particulièrement exposés à l'érosion côtière, notamment du fait de leur insularité. Selon deux rapports remis en avril 2024 par le Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema), le territoire français le plus touché à l'horizon 2050 serait la Guadeloupe, où 552 logements deviendraient inhabitables ; la Martinique serait également affectée, puisque 284 habitations y seraient menacées. Au total, 1 190 habitations seraient menacées par l'érosion du littoral dans nos outre-mer dans les vingt-cinq prochaines années.
Le troisième plan national d'adaptation au changement climatique, présenté le 10 mars dernier, précise que les spécificités géographiques des outre-mer appellent la définition d'une stratégie d'adaptation pour chaque territoire, définie localement avec l'appui de moyens locaux et nationaux, et la mise en place d'une organisation dédiée. L'élaboration de cette stratégie doit être rattachée aux travaux des COP – conférences des parties – territoriales de planification écologique. Il convient notamment de déterminer les actions à réaliser dans le volet « adaptation » de la feuille de route qui sera issue de ces COP territoriales en 2025. Qu'il s'agisse de prendre des mesures de protection des populations et des infrastructures essentielles, d'actualiser les plans de prévention des risques naturels majeurs ou d'élaborer des cartes locales d'exposition, le recul du trait de côte a vocation à constituer une priorité incontournable des stratégies locales.
Afin de compléter le rapport remis en novembre 2023 par l'Inspection générale de l'environnement et du développement durable (Igedd) et l'Inspection générale de l'administration (IGA), qui portait essentiellement sur l'Hexagone, une mission d'inspection sur le financement des conséquences du recul de trait de côte des départements et régions d'outre-mer a été lancée. Nous disposerons ainsi d'un inventaire fiable et d'une évaluation de la valeur des biens menacés d'ici à cinq ans et à moyen terme. La mission devra identifier les sources de financement pour anticiper le repli territorial et les éventuelles adaptations nécessaires et pour déterminer les zones à protéger en priorité. Ses conclusions sont attendues avant la fin du premier semestre 2025. Un point intermédiaire sera demandé afin de nourrir les réflexions du prochain comité interministériel des outre-mer (Ciom), qui accordera une place importante aux enjeux d'adaptation aux effets du changement climatique dans ces territoires.
M. le président . La parole est à M. Davy Rimane.
M. Davy Rimane . Je vous remercie pour votre réponse. J'espère que nous obtiendrons rapidement les précisions nécessaires à la mise en œuvre de l'adaptation au changement climatique dans tous les territoires dits d'outre-mer. En effet, le temps joue contre nous : l'érosion côtière se poursuit et les déplacements de population ont déjà commencé.
Auteur : M. Marcellin Nadeau
Type de question : Question orale
Rubrique : Outre-mer
Ministère interrogé : Outre-mer
Ministère répondant : Outre-mer
Date : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue au Journal officiel du 25 mars 2025