Achèvement et mise en service du contournement de Martigues/Port-de-Bouc
Question de :
M. Emmanuel Fouquart
Bouches-du-Rhône (13e circonscription) - Rassemblement National
M. Emmanuel Fouquart attire l'attention de M. le ministre auprès du ministre de l'aménagement du territoire et de la décentralisation, chargé des transports, sur l'achèvement du contournement de Martigues/Port-de-Bouc. Le coût total de l'opération dont la nécessité a été établie il y a 50 ans est estimé à 180 millions d'euros. Aujourd'hui, le solde du financement étatique contractualisé dans le CPER de la génération 2021-2027 est estimé à 55 millions d'euros. Chaque jour, la RN 568 est empruntée par 70 000 véhicules traversant les communes, dont un nombre alarmant de camions transportant des matières dangereuses. Cette situation met en péril la sécurité des familles, des écoles, fragilise la structure des bâtiments alentours et porte atteinte à l'environnement sonore et naturel. Avec les projets de développement prévus au Grand port maritime de Marseille et sur la zone industrialo-portuaire (ZIP) de Fos-sur-Mer, il est manifeste que le trafic devrait encore augmenter, exacerbant les problèmes actuels. Il lui demande donc si les crédits nécessaires à l'achèvement du contournement sont prévus afin de réaliser la mise en service pour l'année 2027.
Réponse en séance, et publiée le 12 mars 2025
CONTOURNEMENT DE MARTIGUES ET PORT-DE-BOUC
M. le président . La parole est à M. Emmanuel Fouquart, pour exposer sa question, no 300, relative au contournement de Martigues et Port-de-Bouc.
M. Emmanuel Fouquart . Cela fait plus de cinquante ans que le contournement Martigues et Port-de-Bouc est attendu par les habitants du territoire de l’ouest de l’étang de Berre. Si les deux tiers de son financement ont jusqu’à présent été sécurisés dans les contrats de plan État-région (CPER) passés, le solde estimé à 50 millions d’euros est toujours attendu par les populations locales, les entreprises et les élus. Chaque jour, la RN568 est empruntée par 70 000 véhicules traversant les communes, dont un nombre alarmant de camions transportant des matières dangereuses. Cette situation met en péril la santé des familles, la sécurité des écoles et fragilise la structure des bâtiments alentour.
Ce territoire inclus dans la métropole d’Aix-Marseille-Provence, accueille près de 150 000 résidents dont 49 500 habitants à Martigues, 17 000 à Port-de-Bouc et 15 500 à Fos-sur-Mer. Des projets de développement sont prévus pour le grand port maritime de Marseille et dans la zone industrielle de Fos-sur-Mer, qui compte déjà 45 000 emplois et où 10 000 nouveaux emplois seront créés d’ici à 2030 grâce à l’installation de nouvelles industries dans le cadre d'un vaste programme de décarbonation. Parmi ces nouveaux emplois, 3 000 seront créés en 2026 par la société Carbon, pour une production de cellules photovoltaïques. Il est manifeste que le trafic devrait encore augmenter, exacerbant les problèmes actuels.
À ce propos, le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema) a rendu public un diagnostic de la saturation des routes menant à la zone industrielle de Fos. Selon l'un de ces scénarios, intitulé « choc de croissance d’emplois », 80 000 véhicules en moyenne par jour empruntant le viaduc de Martigues, dont 8 % de poids lourds, sont attendus d’ici à deux ans, soit 10 000 de plus qu'avec le trafic actuel.
La mise en service du contournement est urgente et répond non seulement aux impératifs sécuritaires, sanitaires et économiques mais aussi à l’impératif écologique en raison de la réduction des différentes pollutions, dont celles dues aux embouteillages considérables sur la route nationale. La dernière ligne du financement est donc vitale pour ce territoire en plein essor industriel. Ma question est la suivante : avez-vous une réponse précise quant au solde du financement ? Allez-vous enfin réaliser ce contournement après cinquante ans d’espoir de la population locale ? Allez-vous enfin améliorer la vie de ces habitants et protéger leur santé ?
M. le président . La parole est à M. le ministre de l’aménagement du territoire et de la décentralisation.
M. François Rebsamen, ministre de l’aménagement du territoire et de la décentralisation . En cinquante ans, beaucoup de choses ont été faites, même si ça n'est peut-être pas suffisant. Vous appelez mon attention sur les modalités de financement du contournement routier de Martigues et de Port-de-Bouc. Ce projet a pour objectif de dévier le trafic routier empruntant la RN568 hors des zones urbanisées de ces deux communes, qui sont effectivement traversées par des milliers de voitures et de poids lourds chaque jour, en améliorant ainsi la desserte routière du site industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer depuis et vers Marseille. Le projet a été déclaré d’utilité publique en 2017 et des travaux préparatoires de dévoiement de réseaux sont engagés. La demande d’autorisation environnementale est en cours d’instruction.
Le montant des travaux, même en différant la réalisation de l’échangeur du Réveilla, est estimé à 167 millions d'euros. L’État n'est pas resté inactif : M. le ministre des transports Philippe Tabarot souligne que l'État s’est d’ores et déjà engagé à hauteur de 60 millions et la région à hauteur de 15 millions dans le cadre du protocole préfigurant le volet mobilités 2023-2027 du CPER. Le département et la métropole se sont déclarés également prêts à apporter leur contribution financière, ce qui est indispensable puisque ce contournement concerne tout le département. Toutefois, à ce jour, il est vrai qu'un montant de l’ordre de 60 millions d’euros reste encore à trouver. L’État, en la personne du préfet, mène des discussions, notamment avec la région, pour le financement complémentaire de cette opération prioritaire.
Ce projet, qui accompagne la transformation de la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer, représente un enjeu très important de développement régional et départemental. L’ensemble des partenaires a donc un intérêt commun à dégager une solution pour finaliser son financement dans les meilleurs délais. J'espère que nous allons y arriver, et j'ai demandé au Cerema de prendre sa part.
M. le président . La parole est à M. Emmanuel Fouquart.
M. Emmanuel Fouquart . Ce sont toujours des paroles. J'espère que l'État prendra de véritables engagements car, comme je l'ai rappelé, cela fait cinquante ans que ce projet a commencé – j'en connais l'histoire et le coût. Néanmoins le contournement est annoncé pour 2027. Nous sommes donc deux ans avant la date prévue pour la fin du chantier, mais si les premiers coups de pioche ne sont pas portés très rapidement, le contournement ne sera pas réalisé en 2027.
Auteur : M. Emmanuel Fouquart
Type de question : Question orale
Rubrique : Voirie
Ministère interrogé : Transports
Ministère répondant : Transports
Date : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue au Journal officiel du 25 mars 2025