Question orale n° 305 :
Quelles mesures de soutien pour l'entreprise ALM-MECA ?

17e Législature

Question de : M. Théo Bernhardt
Bas-Rhin (8e circonscription) - Rassemblement National

M. Théo Bernhardt appelle l'attention de M. le ministre des armées sur la situation de la société ALM-MECA, seule PME française spécialisée dans la production de micro-turbines pour drones. Cette entreprise, reconnue pour son savoir-faire unique et partenaire du programme « Veloce 330 » de la direction générale de l'armement (DGA), traverse une situation financière critique. Elle doit lever des fonds rapidement pour assurer sa pérennité et éviter un rachat par des capitaux étrangers. Des contacts ont été établis avec plusieurs industriels français, dont SAFRAN et Dassault, mais n'ont pas encore abouti à un soutien concret. Par ailleurs, la DGA dispose d'un fonds de soutien aux fournisseurs stratégiques qui pourrait être mobilisé. Il souhaite savoir quelles mesures le Gouvernement entend prendre pour soutenir ALM-MECA et garantir la souveraineté nationale dans ce domaine stratégique.

Réponse en séance, et publiée le 12 mars 2025

SOCIÉTÉ ALM-MECA
M. le président . La parole est à M. Théo Bernhardt, pour exposer sa question, no 305, relative à la Société ALM-MECA.

M. Théo Bernhardt . Je souhaite appeler l'attention de M. le ministre des armées sur la situation de la société ALM-MECA, une PME de douze salariés située à Eschbach en Alsace dans ma circonscription.

Spécialisée dans l'usinage de précision, cette entreprise détient un savoir-faire unique en France dans la fabrication de microturbines pour drones. Classée parmi les cinq premiers fabricants mondiaux en termes de performances, elle fournit déjà des moteurs pour le drone Veloce 330, développé par la start-up française EOS Technologie en réponse à une commande de la direction générale de l'armement (DGA).

Malgré ce positionnement stratégique et les contacts établis avec de grandes entreprises de l'armement comme Safran, Dassault ou MBDA, l'entreprise ALM-MECA connaît des difficultés financières importantes depuis la pandémie de covid-19 : avec des fonds propres négatifs, elle doit lever 2 millions d'euros dans les six prochains mois pour assurer sa pérennité. Plusieurs investisseurs étrangers, notamment qataris, ont manifesté leur intérêt, mais ils conditionnent leur participation à un transfert de savoir-faire hors de France au bout de trois ans. Une telle perspective fait peser un risque majeur sur notre souveraineté technologique et industrielle, d'autant que la PME participe à la filière des drones militaires, secteur stratégique pour la défense nationale.

Par ailleurs, la DGA dispose d'un fonds de soutien destiné à préserver les fournisseurs et compétences stratégiques. ALM-MECA, dont la capacité à concevoir et à produire ces microréacteurs est essentielle à la souveraineté française, devrait légitimement pouvoir prétendre à un tel soutien.

Il est également crucial que l'État encourage et facilite un rapprochement avec de grands industriels français, afin que ce savoir-faire d'excellence ne tombe pas sous contrôle étranger.

Quelles mesures le gouvernement envisage-t-il de prendre pour soutenir ALM-MECA, préserver et développer ses compétences stratégiques en matière de microturbines pour drones, et pour éviter qu'une entreprise aussi prometteuse ne soit contrainte de se tourner vers des capitaux étrangers ? Entendez-vous mobiliser le fonds de soutien de la DGA, ou tout autre dispositif équivalent, pour sécuriser rapidement cette entreprise et ainsi garantir la pérennité de ce savoir-faire national indispensable à l'autonomie de notre défense ?

M. le président . La parole est à Mme la ministre déléguée chargée de la mémoire et des anciens combattants.

Mme Patricia Mirallès, ministre déléguée chargée de la mémoire et des anciens combattants . Comme vous l’avez souligné, ALM-MECA joue un rôle clé dans le développement du Veloce 330 d’EOS Technologie. Cet équipement a vocation à devenir à court terme une « munition téléopérée », c’est-à-dire un drone kamikaze. Ce projet est encore en phase de développement et les essais nécessaires restent à mener avant toute intégration d’une charge militaire.

ALM-MECA n’est pas seule sur ce marché. La société Akira développe également une microturbine similaire, affichant des caractéristiques équivalentes à celle d’ALM-MECA en termes d’encombrement, de poids et de performances aérodynamiques.

Nous avons pleinement conscience des difficultés d’ALM-MECA. C’est pourquoi des industriels comme Safran et Dassault ont été consultés afin d'explorer des solutions de consolidation ou d’investissement. D’autres acteurs industriels, comme Realmeca, ont également manifesté leur intérêt.

Le ministère des armées soutient activement l’innovation en commandant des munitions téléopérées auprès de plusieurs industriels. En 2024, la direction de la maintenance aéronautique a commandé dix-sept drones Veloce 330, ce qui représente vingt turbines pour ALM-MECA. Cette première commande permettra à nos forces de s’approprier ces équipements. Une fois que le développement du drone Veloce, dans lequel les turbines sont intégrées, sera abouti, nous pourrons envisager de nouvelles commandes.

M. le président . La parole est à M. Théo Bernhardt.

M. Théo Bernhardt . Merci pour votre réponse, madame la ministre. Alors que nous sommes confrontés à des menaces grandissantes en Europe et dans le monde, un problème de financement menace la pérennité d'ALM-MECA : l'entreprise n'a que six mois pour trouver plusieurs millions d'euros. J'espère sincèrement que nous pourrons la défendre grâce à la commande que vous avez mentionnée et à d'autres qui suivront, afin qu'elle puisse rester sur le territoire national.

Données clés

Auteur : M. Théo Bernhardt

Type de question : Question orale

Rubrique : Industrie

Ministère interrogé : Armées

Ministère répondant : Armées

Date : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue au Journal officiel du 25 mars 2025

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