Question au Gouvernement n° 306 :
Aide publique au développement

17e Législature

Question de : Mme Dieynaba Diop
Yvelines (9e circonscription) - Socialistes et apparentés

Question posée en séance, et publiée le 23 janvier 2025


AIDE PUBLIQUE AU DÉVELOPPEMENT

Mme la présidente . La parole est à Mme Dieynaba Diop.

Mme Dieynaba Diop . En 2021, monsieur le ministre de l’Europe et des affaires étrangères, parlementaires et gouvernement ont pris un engagement collectif : consacrer, en 2025, 0,7 % de la richesse nationale à la solidarité internationale.

Le projet de loi de finances pour 2025, présenté par le gouvernement Barnier, amputait pourtant déjà les crédits de la mission Aide publique au développement de 2 milliards d’euros par rapport à 2024.

Ce week-end, un amendement du gouvernement, modifié seulement quelques heures avant qu’il ne soit mis aux voix, a amputé cette mission de 780 millions de plus. Entre la loi de finances pour 2024 et le projet de loi de finances pour 2025, les crédits de cette mission ont donc été diminués d’un peu plus d’un tiers pour ne plus représenter que moins de 0,45 % de notre revenu national.

La France, non seulement contrevient ainsi aux engagements qu’elle a pris dans la loi de programmation de 2021, mais effectue de plus un grave retour en arrière. Avec un tel budget, elle renonce à relever pleinement les défis mondiaux que sont la pauvreté, les inégalités, le changement climatique ou encore les crises humanitaires. L’aide publique au développement est un levier essentiel de notre politique étrangère, elle reflète nos valeurs et nos responsabilités de grande puissance diplomatique, notamment envers les victimes des conflits oubliés. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC.) Je pourrais ne citer que le Soudan, mais je pense aussi au Yémen, à la Somalie, à la Birmanie ou encore à la République démocratique du Congo.

Quelles sont les ambitions du gouvernement dans le domaine de la solidarité internationale ? À quelle échéance repoussez-vous l’objectif que nous nous sommes fixé de consacrer 0,7 % du revenu national brut à l’aide publique au développement ? Comment préserver cet instrument crucial au service de la solidarité internationale et de notre influence dans le monde ? Car l’aide au développement n’est pas seulement au service de la solidarité envers les pays les plus vulnérables : c’est aussi un instrument de paix. (Les députés du groupe SOC se lèvent pour applaudir. - Applaudissements sur quelques bancs du groupe EcoS.)

Mme la présidente . La parole est à M. le ministre délégué chargé de la francophonie et des partenariats internationaux.

M. Thani Mohamed Soilihi, ministre délégué chargé de la francophonie et des partenariats internationaux . Les Français sont très attachés à notre politique d’aide au développement. C’est un instrument de lutte contre l’extrême pauvreté, un outil du temps long pour amortir les crises, un vecteur du rayonnement de la France.

Mme Ayda Hadizadeh . Pourquoi cette baisse, alors ?

M. Thani Mohamed Soilihi, ministre délégué . Le meilleur outil pour protéger les Français, leur sécurité et leur pouvoir d’achat, c’est un monde plus stable, moins chaotique : l’aide au développement sert précisément à cela. Quand nous intervenons pour financer l’entrepreneuriat des écoles ou des infrastructures de santé, nous travaillons pour la solidarité internationale, pour notre influence dans le monde, mais aussi de manière à agir sur les causes profondes d’enjeux qui touchent et préoccupent les Français : mouvements migratoires, instabilités politiques ou économiques dont les effets se font fortement sentir jusque dans notre pays.

Je tiens cependant à rappeler que les crédits alloués par la France à l’aide au développement ont plus que doublé entre 2017 et 2023.

M. Olivier Faure . Et maintenant ?

M. Thani Mohamed Soilihi, ministre délégué . Notre réponse aux défis globaux – pandémies, dérèglement climatique, chocs migratoires – va ainsi se poursuivre. Le premier ministre a d’ailleurs ouvert un horizon pour retrouver, en 2026, une dynamique en la matière. Le contexte budgétaire est très dur et, les Français le savent, nous n’avons pas de baguette magique…

Mme Ayda Hadizadeh . Ce n’est pas une baguette, c’est une hache !

M. Thani Mohamed Soilihi, ministre délégué . …mais seulement des responsabilités, sans autre choix que de faire des économies. Le ministère des affaires étrangères, notamment à travers l’aide au développement, a pleinement pris sa part à ces efforts collectifs. Vous le savez, les débats budgétaires suivent leur cours au Parlement et seront pour nous l’occasion, dans cet effort qui s’impose à nous, d’examiner toutes les solutions sans faire pour autant obstacle aux priorités de la France.

Il faudra, enfin, continuer à renforcer le pilotage et l’efficacité de notre aide, afin que chaque euro dépensé serve effectivement nos objectifs.

Mme Ayda Hadizadeh . Ce n’est pas au niveau !

Mme la présidente . La parole est à Mme Dieynaba Diop.

Mme Dieynaba Diop . J’aurais aimé des réponses précises à mes questions précises, mais le budget sera l’occasion de passer des promesses aux actes. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC.)

Données clés

Auteur : Mme Dieynaba Diop

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Politique extérieure

Ministère interrogé : Francophonie et partenariats internationaux

Ministère répondant : Francophonie et partenariats internationaux

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 23 janvier 2025

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