Placement du quartier de l'île de Thau à Sète en ZSP ou QRR
Question de :
M. Aurélien Lopez-Liguori
Hérault (7e circonscription) - Rassemblement National
M. Aurélien Lopez-Liguori attire l'attention de M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur, sur la crise sécuritaire que subit l'île de Thau à Sète. Ce quartier connaît une augmentation de 228 % des affaires relatives au trafic de drogue. Ces chiffres se basent sur les 11 mois de 2022. En parallèle, dans les villes voisines de Béziers et Montpellier, les mêmes affaires de trafic de drogue diminuent. Sur le territoire de l'île de Thau, des réseaux criminels se développent et s'implantent toujours plus profondément. Le risque est la fermeture totale de ce quartier, sous emprise de ces organisations. Les premières victimes de cette situation intenable sont les habitants de ce quartier. Ces derniers doivent faire face quotidiennement à cette insécurité permanente. Ils n'osent plus sortir de chez eux de peur de se faire attaquer ; ils évoquent même devoir un jour se faire justice eux-mêmes. La population n'est pas la seule à subir cet état de fait. Les policiers attendent de l'État un soutien. Alors qu'en France la moyenne des effectifs est d'un gradé ou agent pour 560 habitants environ, ils ne sont que 100 à Sète pour 70 000 habitants, soit un manque au minimum de 25 gradés ou agents. C'est sans compter les attaques et les guet-apens auxquels les policiers doivent faire face quotidiennement alors qu'ils tentent de mener à bien leur mission dans ce quartier. Placer cette zone en Zone de sécurité prioritaire (ZSP) ou en Quartier de reconquête républicaine (QRR) permettrait d'obtenir des effectifs supplémentaires ainsi que des moyens matériels et financiers à la hauteur des enjeux. La crise est profonde et une réaction rapide est nécessaire. Il lui demande donc s'il compte réagir face à cette situation qui s'aggrave de semaine en semaine et s'il compte placer l'île de Thau en zone ZSP ou QRR.
Réponse publiée le 10 juin 2025
À Sète comme sur l'ensemble du territoire national, faire reculer la délinquance et le trafic de stupéfiants constitue une priorité absolue du ministre d'État, ministre de l'intérieur. Les forces de l'ordre sont totalement mobilisées. La circonscription de police nationale de Sète s'appuie sur un effectif de 147 agents (agents affectés ; données au 31 décembre 2024) et relève d'une direction interdépartementale de la police nationale (DIPN de l'Hérault) dotée de 1 679 agents. À périmètre identique, cet effectif se montait fin 2016 à 1 602 agents. Parmi ces policiers, plus de 500 sont affectés à la DIPN elle-même, qui regroupe en particulier les unités départementales et interdépartementales en mesure d'intervenir dans l'ensemble du département, par exemple à Sète. Dans le quartier de l'Île de Thau, la délinquance s'agrège depuis plusieurs années autour du trafic de stupéfiants, lié à une forte augmentation du nombre de consommateurs en raison du démantèlement des autres lieux de revente, du centre-ville de Sète par exemple. Cette situation constitue une cible prioritaire et constante des forces de police, depuis plusieurs années mobilisées pour identifier les trafiquants, démanteler les réseaux et mettre une pression maximum sur les consommateurs. De nombreuses opérations de police et un travail judiciaire de fond ont permis de nombreuses saisies et interpellations liées à deux points de deal (« centre commercial » et « Lamparo ») qui étaient très actifs dans ce quartier en 2018 et 2019. Le travail d'investigation et la présence policière sur le terrain ont abouti à la mise hors d'état de nuire des équipes de narcotrafiquants qui sévissaient depuis plusieurs années, comme ils ont permis de démanteler plusieurs équipes qui ont ensuite tenté de s'implanter. Ce travail a été régulièrement mené avec des renforts départementaux et en particulier des unités spécialisées : RAID, BAC, unités canines, etc. Afin d'œuvrer collectivement à la sécurité et à la tranquillité de ce quartier, la police nationale travaille en relation étroite avec les acteurs locaux (mairie, bailleurs, associations du quartier, etc.). Des groupes de partenariat opérationnels (GPO) ont notamment permis de traiter différents problèmes rencontrés par les habitants et les professionnels de l'Île de Thau. Cette action s'est accompagnée d'une forte présence sur le terrain, en lien avec les agents de la police municipale, notamment pour des opérations de sécurisation du quartier. Cet engagement porte ses fruits. Dans la circonscription de police nationale de Sète, le nombre d'infractions à la législation sur les stupéfiants a augmenté de 60 % en 2024, preuve de l'engagement et du travail pro-actif des policiers. Si la ville de Sète comptait 4 points de deal en 2023, elle n'en comptait plus que 2 en 2024. En 2023, 36 opérations visant au démantèlement d'un point de deal ont été réalisées sur l'Île de Thau. En 2024, 21 opérations visant au démantèlement de points de deal ont été réalisées à Sète, dont 1 dans le quartier de l'Île de Thau. Par ailleurs, une vaste opération « Place Nette », ayant mobilisé près de 600 policiers (dont des CRS), a été menée en juin 2024, couplée à l'exécution d'une commission rogatoire visant à démanteler la dernière équipe de trafiquants en place. Une vingtaine d'individus étaient interpellés, affaiblissant considérablement le dernier point de deal (« la Seinchole »). Dans les semaines qui ont suivi, les opérations de police se sont poursuivies, permettant des interpellations et des saisies d'armes, de stupéfiants et de numéraire. En 2024, la CPN de Sète a par exemple procédé à la saisie d'une quinzaine d'armes de guerre, de pistolets automatiques et de revolvers. Très affaiblis par la pression policière, les « gérants » du point de deal tentent de maintenir une présence sur place, en utilisant des étrangers en situation irrégulière, notamment des mineurs. Le trafic implique par ailleurs dorénavant des jeunes extérieurs au département et devient plus violent. Plusieurs ont déjà été interpellés et sont incarcérés. Les efforts se poursuivent. Le combat engagé est de longue haleine. En tout état de cause, l'engagement des policiers dans le quartier de l'Île de Thau est en général salué par les habitants et les élus locaux. Comme dans tous les départements de France, le plan d'action départemental de restauration de la sécurité du quotidien, présenté par le préfet de l'Hérault le 21 février, va permettre de donner un nouvel élan à la lutte contre la délinquance, à Sète comme dans tout le département. Fruit d'un travail partenarial, élaboré dans la subsidiarité, au plus près des réalités locales, ce plan, mobilisant tous les acteurs du continuum de sécurité, fixe 4 objectifs prioritaires et notamment la lutte contre les stupéfiants. Dans ce cadre, les priorités seront de continuer à déstabiliser les trafics, de cibler les trafiquants, de multiplier les contrôles de commerces pour frapper l'écosystème économique du trafic, mais également de dissuader les consommateurs. Il peut à cet égard être souligné que, dans le département, 4 833 amendes forfaitaires délictuelles en matière de stupéfiants ont été dressées en 2024, soit + 14,5 % par rapport à 2023. Par ailleurs, la proposition de loi visant à sortir la France du piège du narcotrafic, actuellement examinée par le Parlement, va doter les services de nouveaux outils indispensables aux enjeux actuels, tandis qu'une nouvelle organisation administrative et une spécialisation de la chaîne judiciaire vont se mettre en place pour gagner en efficacité. La vaste campagne de communication, de sensibilisation et d'alerte lancée au niveau national par le ministère de l'intérieur, constitue un autre axe majeur de la stratégie globale engagée pour développer une prise de conscience collective des dangers du narcotrafic.
Auteur : M. Aurélien Lopez-Liguori
Type de question : Question écrite
Rubrique : Sécurité des biens et des personnes
Ministère interrogé : Intérieur
Ministère répondant : Intérieur
Dates :
Question publiée le 21 janvier 2025
Réponse publiée le 10 juin 2025