Question écrite n° 3545 :
Retour du scorbut chez les enfants en France

17e Législature
Question signalée le 31 mars 2025

Question de : Mme Mathilde Panot
Val-de-Marne (10e circonscription) - La France insoumise - Nouveau Front Populaire

Mme Mathilde Panot alerte Mme la ministre du travail, de la santé, des solidarités et des familles sur le retour du scorbut chez les enfants en France. Le scorbut est une maladie que l'on croyait appartenir aux livres d'histoire, éradiquée au siècle dernier par les progrès de la recherche et la volonté de la puissance publique. C'est une maladie politique : provoquée par un manque très important de vitamine C pendant plus de 1 à 3 mois, elle prospère sur la précarité alimentaire et la malnutrition. Son retour en France en 2025, avec 888 enfants hospitalisés dans les dix dernières années pour scorbut, marque un échec politique grave. La maladie empoisonne le quotidien de ceux qui la vivent, souvent confrontés à l'errance médicale. Les douleurs et les saignements importants qu'elle entraîne peuvent certes être facilement combattus par le fait de consommer des produits frais, mais laissés trop longtemps sans traitement, ils peuvent causer des séquelles osseuses et musculaires irréversibles. Non seulement les cas de scorbut s'accumulent sur les dernières années, mais leur croissance s'accélère : on compte + 1,9 % de cas par mois et une hausse de 35 % des cas depuis la pandémie de covid-19. Les premières visées sont les filles, avec une hausse de 66 % des cas et les enfants de 5 à 10 ans, avec une hausse de 200 %. Les experts s'accordent tous à dire que sa source principale se trouve dans la hausse des prix de l'alimentation de la vie depuis 2021, qui n'ont toujours pas baissé mais seulement ralenti, et l'explosion de la malnutrition infantile dans la 7e puissance économique au monde. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : les cas de malnutrition sévère chez les enfants ont augmenté de 20 % depuis 2020. En France, plus d'1 million d'enfants ne mangent des fruits et des légumes qu'une fois par semaine ou moins et 1 enfant sur 5 saute au moins un repas par jour. Les professionnels de santé évoquent leur difficulté à identifier et à orienter les patients. Partout, le laisser-faire face à la crise alimentaire en cours met en danger des familles plongées dans la pauvreté. La consommation alimentaire a chuté de 10 % depuis 2021, du jamais vu en 50 ans et plus de 2 000 enfants continuent de dormir dans la rue chaque soir. Le pire guette si rien n'est entrepris pour éradiquer la misère sociale et alimentaire du pays, comme on a pu l'observer au Royaume-Uni et aux États-Unis d'Amérique, avec une explosion des cas de rachitisme et de gale en 2023, toutes deux liées à des carences alimentaires ou à la surpopulation dans un logement. Elle souhaite donc savoir si elle a prévu un plan d'urgence afin de mettre fin à la hausse des cas de scorbut dans le pays et prévenir le retour de maladies de la misère en France. Elle lui demande si le Gouvernement se décide enfin à bloquer les prix des produits de première nécessité et ce à la baisse, comme cela lui est possible par décret. Elle insiste auprès de Mme la ministre pour que la pauvreté infantile soit éradiquée dans le pays, sur la création de postes supplémentaires dans la médecine scolaire, sur la gratuité de la cantine scolaire, sur l'ouverture du nombre d'hébergements d'urgence nécessaires et sur le blocage des loyers. Elle lui demande quelles sont ses intentions à ce sujet.

Réponse publiée le 27 mai 2025

Le scorbut est une pathologie provoquée par une carence grave en vitamine C, entraînant des symptômes tels que des douleurs osseuses intenses, une faiblesse musculaire invalidante, des hémorragies et une dégradation de l'état général.  L'étude publiée dans The Lancet Regional Health Europe en décembre 2024 a mis en évidence une augmentation de la prévalence du scorbut entre 2015 et 2023, période marquée par la pandémie de Covid-19 et l'intensification des crises socioéconomiques mondiales. La résurgence de cette pathologie s'explique par une combinaison de facteurs environnementaux, sociaux et nutritionnels, qui se caractérise notamment par une hausse notable du recours à l'aide alimentaire. La situation actuelle interpelle quant à l'impact de la précarité socioéconomique croissante, notamment depuis 2020, sur l'accès à une alimentation en qualité et quantité suffisantes, en particulier pour les enfants. Face à ce constat, le ministère chargé de la santé, à travers le Programme national nutrition santé (PNNS) agit en faveur d'une amélioration de la nutrition infantile tout en suivant un objectif de lutte contre les inégalités sociales et territoriales. Ainsi, un travail d'amélioration de la qualité nutritionnelle en restauration scolaire a été mené dans le cadre d'un groupe de travail nutrition du conseil national de la restauration collective. Plusieurs guides ont été publiés et des formations destinées aux cuisiniers ont été revues. Si la restauration scolaire joue un rôle important dans le cadre de la lutte contre la malnutrition infantile, ces mesures s'inscrivent dans une politique plus large de lutte contre la précarité alimentaire. Un travail d'amélioration de l'offre de la qualité alimentaire, en lien avec les recommandations nutritionnelles du PNNS, a été également réalisé dans le cadre du Pacte des solidarités, notamment de son appel à projet « Mieux manger pour tous ». Des outils en vue d'améliorer la qualité de l'offre des banques alimentaires à destination des bénévoles ont été élaborés et permettent, ainsi, de mieux diffuser les recommandations nutritionnelles. La question de la précarité alimentaire fait l'objet d'une attention accrue dans le cadre de la future stratégie nationale pour l'alimentation, la nutrition et le climat, co-pilotée par les ministères chargés de la santé, de l'agriculture et de l'écologie, en cours de consultation publique et qui fixe à l'horizon 2030 les objectifs stratégiques d'une alimentation saine et durable. L'élaboration du prochain PNNS 5 2025-2030 s'inscrit dans ce cadre et poursuivra l'objectif de promouvoir la consommation de fruits et légumes auprès des publics précaires.

Données clés

Auteur : Mme Mathilde Panot

Type de question : Question écrite

Rubrique : Maladies

Ministère interrogé : Travail, santé, solidarités et familles

Ministère répondant : Santé et accès aux soins

Signalement : Question signalée au Gouvernement le 31 mars 2025

Dates :
Question publiée le 28 janvier 2025
Réponse publiée le 27 mai 2025

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