Baisse du nombre de postes ouverts à l'internat en gynécologie médicale
Question de :
Mme Anne-Sophie Ronceret
Yvelines (10e circonscription) - Ensemble pour la République
Mme Anne-Sophie Ronceret alerte Mme la ministre du travail, de la santé, des solidarités et des familles sur la situation préoccupante de la gynécologie médicale en France, une spécialité essentielle pour la santé des femmes, mais confrontée à une pénurie alarmante de praticiens. Un collectif de gynécologues médicaux et de patientes souligne que depuis le rétablissement du diplôme d'études spécialisées (DES) de gynécologie médicale en 2003, cette spécialité a progressivement reconstruit son réseau de soins. Pourtant, pour la première fois depuis ce rétablissement, le nombre de postes ouverts à l'internat a été réduit, passant de 91 en 2023-2024 à 79 en 2024-2025, à rebours des engagements pris pour sanctuariser cette spécialité. Dans certains départements, les femmes n'ont plus accès à aucun gynécologue médical, entraînant des retards de diagnostic, une augmentation des infections sexuellement transmissibles et des difficultés croissantes pour accéder à la contraception, à l'IVG et au suivi de la ménopause. Alors que les besoins sont immenses, cette réduction du nombre de postes inquiète profondément tant les professionnels que les patientes. Elle souhaite donc savoir quelles mesures le Gouvernement envisage pour corriger cette diminution du nombre de postes, renforcer l'attractivité de cette spécialité et garantir un accès rapide et universel aux soins gynécologiques pour toutes les femmes sur l'ensemble du territoire.
Réponse en séance, et publiée le 11 juin 2025
GYNÉCOLOGIE MÉDICALE
Mme la présidente . La parole est à Mme Anne-Sophie Ronceret, pour exposer sa question, no 354, relative à la gynécologie médicale.
Mme Anne-Sophie Ronceret . Depuis plusieurs années, la gynécologie médicale retrouve peu à peu sa place dans notre système de santé, après avoir été longtemps écartée. Il s'agit d'une spécialité indispensable dédiée à la santé des femmes dans toutes ses dimensions, de la puberté à la ménopause. Toutefois, une alerte sérieuse nous est adressée.
Pour la première fois depuis le rétablissement du diplôme universitaire de gynécologie médicale, en 2003, le nombre de postes d’internes a diminué, passant de quatre-vingt-onze en 2024 à soixante-dix-neuf cette année. Dans un contexte où les besoins sont immenses, cette baisse alerte. Dans de nombreux territoires, l’accès à un gynécologue médical devient presque impossible. Cela signifie des retards de diagnostic, notamment pour les cancers, des difficultés dans le suivi des infections et des insuffisances dans l'accompagnement de la contraception ou de la ménopause. Les patientes et les professionnels s’inquiètent.
Quelles mesures entendez-vous prendre pour garantir à toutes les femmes, où qu’elles vivent, un accès effectif et régulier à cette spécialité médicale, qui joue un rôle clé dans leur santé, aussi bien en matière de suivi que de prévention ?
Mme la présidente . La parole est à M. le ministre auprès du ministre d’État, ministre de l’intérieur.
M. François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre d’État, ministre de l’intérieur . Je vous prie d'excuser l'absence du ministre de la santé, qui m'a transmis des éléments de réponse.
La réduction du nombre de postes ouverts à l'internat en 2024 est le résultat d'un phénomène purement conjoncturel : la baisse du nombre d'étudiants inscrits en sixième année de médecine, liée notamment à l'introduction d'un nouveau mode d'évaluation, les examens cliniques objectifs et structurés (Ecos), qui a pu en décourager certains. Beaucoup d'étudiants ont préféré reporter le passage de ces examens, qui visent à mieux évaluer leur capacité à agir en milieu professionnel.
Cette situation est toutefois transitoire et je réaffirme notre engagement à former davantage de médecins. C'est l'objectif du pacte de lutte contre les déserts médicaux présenté le 25 avril. Cette politique globale concerne toutes les spécialités, y compris la gynécologie médicale. Nous n'oublions pas que celle-ci revient de très loin, après avoir été presque abandonnée, et qu'elle reste malheureusement fragile.
Les Ecos qui viennent de se tenir début juin permettront de connaître bientôt le nombre d'internes à la rentrée prochaine et leur répartition par spécialité. Ces évaluations nouvelles ont pour but de garantir non seulement le niveau de connaissances, mais aussi les compétences pratiques des futurs médecins. Il s'agit d'une exigence de qualité et non d'un recul.
Dans le même temps, nous travaillons aussi à renforcer la prise en charge de la santé des femmes dans les soins primaires. La nouvelle maquette de formation en médecine générale prévoit plus d'enseignements sur la contraception, le suivi gynécologique, l'IVG et la ménopause. Comme vous l'avez indiqué, l'accès à un gynécologue est difficile dans de nombreux territoires et il faut que la médecine de ville puisse prendre le relais là où c'est nécessaire.
L'objectif fixé par le ministre de la santé est simple : former plus de médecins, les former mieux et en former partout. Cela vaut pour la médecine générale comme pour la gynécologie médicale. Il s'agit de garantir à toutes les femmes, où qu'elles vivent, un accès rapide, digne et de qualité au suivi de leur santé.
Auteur : Mme Anne-Sophie Ronceret
Type de question : Question orale
Rubrique : Médecine
Ministère interrogé : Travail, santé, solidarités et familles
Ministère répondant : Travail, santé, solidarités et familles
Date : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue au Journal officiel du 3 juin 2025