Question de : M. Julien Gokel
Nord (13e circonscription) - Socialistes et apparentés

M. Julien Gokel alerte Mme la ministre auprès du ministre de l'aménagement du territoire et de la décentralisation, chargée du logement, sur le manque criant de places d'hébergement d'urgence dans le dunkerquois, laissant des familles dans des conditions de vie extrêmement précaires. À l'heure actuelle, les associations d'aide aux personnes en situation de précarité et la coordination d'accueil et d'orientation Flandres (CAO Flandres) font de leur mieux mais elles se retrouvent confrontées à une saturation : plus aucune place ni aucun crédit d'hébergement hôtelier ne sont disponibles sur le territoire de la communauté urbaine de Dunkerque (CUD). Par ailleurs, un phénomène préoccupant a été constaté récemment par les associations : des familles, après le rejet de leur demande d'asile, sont expulsées des centres d'accueil pour demandeurs d'asile (CADA) par la police aux frontières. Bien que ces personnes soient en situation irrégulière, leur isolement, leur précarité extrême et leur état de santé appellent à une réponse humanitaire conforme aux principes d'humanité qui doivent guider les actions. M. le député demande, comme il l'avait fait lors de l'examen du budget 2025 à l'automne, si le Gouvernement entend mobiliser les crédits nécessaires pour ouvrir des places d'hébergement d'urgence en quantité suffisante, en particulier pour les familles avec enfants. Il l'interroge également sur les mesures envisagées pour favoriser la transition de l'hébergement temporaire vers des solutions durables, afin de libérer des places pour les personnes les plus vulnérables. La période hivernale est un facteur d'alerte supplémentaire et l'État doit assurer la mise à l'abri des personnes sans domicile, quelles que soit leur situation. Réaliser des économies budgétaires au détriment de femmes, d'hommes et d'enfants contraints de dormir à la rue serait inacceptable et contraire aux valeurs fondamentales françaises. Il souhaite connaître sa position sur ce sujet.

Réponse publiée le 3 juin 2025

La politique gouvernementale de lutte contre le sans-abrisme se structure autour de deux axes : le Logement d'abord (LDA), réforme prioritaire du Gouvernement depuis 2018, qui consiste à proposer un logement pérenne et un accompagnement adapté aux personnes sans-abri pour sortir durablement de la rue ainsi que l'hébergement d'urgence, qui répond aux situations de détresse pour ceux qui ne peuvent accéder à un logement. Le Logement d'abord a permis de transformer profondément le modèle d'action publique en matière de lutte contre le sans-abrisme. Cette stratégie, saluée par l'ensemble des acteurs, a abouti à des résultats tangibles : 650 000 personnes sans domicile ont pu accéder à un logement depuis 2018. Pour autant, l'hébergement d'urgence reste indispensable pour répondre aux situations de crise et de grande précarité. À ce titre, l'État a assuré un développement continu des places d'hébergement ces dernières années. Depuis 2020, plus de 200 000 places sont ouvertes chaque année pour assurer la mise à l'abri de personnes sans domicile, dont environ 70 000 enfants qui, sans ces solutions, se retrouveraient à la rue. L'accès au logement social a également été un axe d'action très important : de janvier 2018 à fin novembre 2024, environ 177 000 attributions de logements sociaux ont été réalisées en faveur de ménages sans domicile. Cela concerne environ 380 000 personnes, dont environ 158 000 enfants. Par rapport à la période 2013-2017, le nombre des attributions à ces publics a augmenté de 40 % au cours du 1er plan Logement d'abord (2018-2022). Au total, pour les 2 plans Logement d'abord (2018-2002 et début du LDA2 depuis 2023), le nombre de ces attributions a augmenté de plus de 100 %. Pour rappel, entre 2017 et 2023, la dépense sur le programme 177 a augmenté de 57%, en passant de 1 963 M€ consommés en 2017 à 3 076 M€ consommés en 2023. Sur la même période, les capacités d'accueil au sein du parc d'hébergement généraliste ont augmenté de 35 %. L'investissement de l'État dans le sans-abrisme s'est également traduit par une forte augmentation des moyens pour le logement adapté (+104 %) et la veille sociale (+74 %), dans le cadre du déploiement du plan Logement d'abord. Pour 2025, il a été décidé de maintenir le parc d'hébergement généraliste à un haut niveau, avec 203 000 places en moyenne afin d'assurer au mieux la prise en charge des publics les plus vulnérables, notamment les familles avec enfants. Le dispositif national d'accueil (DNA), parc d'hébergement pour demandeurs d'asile, est conditionné à l'éligibilité des demandeurs d'asile aux conditions matérielles d'accueil. Ceux-ci y sont orientés par l'Office français pour l'immigration et l'intégration (OFII), seule autorité compétente pour prendre les décisions relatives à l'admission, ainsi qu'à la sortie des personnes hébergées dans le DNA. Le nombre de places vacantes (places disponibles mais inoccupées) diminue substantiellement en février 2025 (1 224 places, contre 1 757 places en janvier). Le nombre de places inexploitées (vacantes + indisponibles) diminue quant à lui en février 2025 (3 829 places en janvier, contre 4 302 places en janvier). Ce niveau de performance n'avait jusqu'à présent jamais été atteint – le ratio places occupées/places mises à disposition de l'OFII s'élevant à 96,5 %. Parallèlement, le taux d'hébergement dans le DNA des demandeurs d'asile ayant droit aux conditions matérielles d'accueil est de 70,4 % en février. En cas de maintien d'une personne hébergée après la date de fin de prise en charge déterminée par l'OFII et après une mise en demeure infructueuse de quitter l'hébergement, le préfet ou le gestionnaire de la structure peut saisir le président du tribunal administratif en référé afin qu'il soit enjoint à la personne de quitter le lieu, dans les conditions prévues par l'article L.552-15 du Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile (CESEDA). Le préfet peut alors décider de recourir à la force publique pour mettre en œuvre cette décision.

Données clés

Auteur : M. Julien Gokel

Type de question : Question écrite

Rubrique : Pauvreté

Ministère interrogé : Logement

Ministère répondant : Intérieur

Dates :
Question publiée le 28 janvier 2025
Réponse publiée le 3 juin 2025

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