Transparence de la rémunération des dirigeants d'associations subventionnées
Question de :
M. Thomas Ménagé
Loiret (4e circonscription) - Rassemblement National
M. Thomas Ménagé interroge Mme la ministre auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargée des comptes publics, sur la transparence des rémunérations des dirigeants d'associations bénéficiant de subventions publiques. Les associations jouent un rôle essentiel dans le tissu économique et social français, en intervenant notamment dans les domaines de la culture, de la solidarité, du sport ou encore de l'éducation populaire. Afin de soutenir ces actions, les pouvoirs publics leur attribuent chaque année des subventions conséquentes. Selon le ministère de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, les associations perçoivent ainsi environ 5 milliards d'euros d'aides publiques annuelles de la part de l'État et des collectivités territoriales. Cependant, des interrogations récurrentes se posent quant à l'utilisation de ces fonds publics, notamment en ce qui concerne la rémunération des dirigeants d'associations. L'article 10-1 de la loi n° 2000-321 du 12 avril 2000 relative aux droits des citoyens dans leurs relations avec les administrations impose aux associations subventionnées de produire un compte rendu financier détaillant l'emploi des fonds reçus, mais cette obligation ne permet pas toujours de garantir une information claire et accessible sur les salaires et avantages versés à leurs dirigeants. Le rapport annuel de la Cour des comptes de 2021 a souligné que, dans certains cas, les rémunérations allouées à des dirigeants d'associations subventionnées peuvent atteindre des montants disproportionnés au regard des missions exercées et des objectifs d'intérêt général poursuivis. Cela suscite une légitime inquiétude, d'autant plus que ces rémunérations échappent souvent à un contrôle effectif. À titre d'exemple, certaines associations d'envergure nationale perçoivent plusieurs millions d'euros de subventions, tout en rémunérant leurs dirigeants à des niveaux comparables à ceux des cadres dirigeants du secteur privé. Un renforcement des obligations de déclaration et de publicité relatives aux rémunérations versées par les associations subventionnées permettrait de restaurer la confiance du public dans l'utilisation des deniers publics, tout en favorisant une meilleure gouvernance associative. D'autres mesures pourraient également inclure des plafonds de rémunération ou l'obligation de publier les salaires des dirigeants sur une plateforme nationale accessible au public, à l'image des obligations pesant sur les entreprises cotées. Il lui demande donc si le Gouvernement envisage d'introduire des mesures spécifiques visant à renforcer la transparence des rémunérations des dirigeants d'associations bénéficiant de subventions publiques.
Réponse publiée le 15 juillet 2025
Conformément à l'article 20 de la loi n° 2006-586 du 23 mai 2006 relative à l'engagement éducatif, les associations dont le budget annuel est supérieur à 150 000 euros et recevant une ou plusieurs subventions de l'État ou d'une ou plusieurs autres collectivités publiques au sens de l'article 9-1 de la loi n° 2000-321 du 12 avril 2000, dont le montant est supérieur à 50 000 euros, doivent publier chaque année dans le compte financier le montant total des rémunérations des trois plus hauts cadres dirigeants bénévoles et salariés comprenant leurs avantages en nature. Ce dispositif est d'ailleurs rappelé par l'article 431-13 du règlement comptable de l'autorité des normes comptables n° 2018-06 du 5 décembre 2018 relatif aux comptes annuels des personnes morales de droit privé à but non lucratif. Des réponses ministérielles ont donné des précisions sur les dirigeants concernés, la nature des sommes versées et la présentation de l'information, qui ont été prises en compte par les professionnels du chiffre. L'application de cette obligation est contrôlée par les pouvoirs publics qui ont accordé des subventions dans le cadre de l'examen d'une demande de subvention puis de l'utilisation des subventions. S'y ajoutent, pour les associations qui perçoivent annuellement plus de 153 000 € de subventions et relevant de l'article L. 612-4 du code de commerce, les réserves au titre des anomalies significatives non corrigées que les commissaires aux comptes sont amenés à formuler dans leurs rapports également publiés au Journal officiel, à la rubrique consacrée aux associations (JOAFE). L'obligation de transparence financière est par ailleurs inscrite dans la loi pour tout agrément de l'État aux associations en vertu de l'article 25-1 de la loi du 23 mai 2000 précitée. En sus, les associations reconnues d'utilité publique doivent faire apparaître ces informations dans les documents qu'elles sont tenues d'adresser annuellement au préfet et au ministre de l'intérieur. Le manquement sera relevé dans le cadre des contrôles de la Cour des comptes, auxquels sont soumises ces associations, conformément à l'article L. 111-7 du code des juridictions financières. Au total, les mesures d'ores et déjà prises pour contrôler les associations sont très supérieures à celles applicables aux sociétés cotées. En effet, il n'existe pas de cadre légal contraignant les sociétés cotées en bourse à communiquer et révéler les salaires de leurs dirigeants. La loi n° 2019-486 du 22 mai 2019 relative à la croissance et la transformation des entreprises les oblige uniquement à publier chaque année, dans leur rapport sur la gouvernance d'entreprise, deux ratios d'équité afin de renforcer la transparence sur la répartition des rémunérations des dirigeants et celle des salariés dans ces entreprises. Compte tenu de l'ensemble de ces éléments, le Gouvernement n'envisage pas d'introduire de nouvelles mesures spécifiques sur les rémunérations des dirigeants d'associations bénéficiant de subventions publiques.
Auteur : M. Thomas Ménagé
Type de question : Question écrite
Rubrique : Associations et fondations
Ministère interrogé : Comptes publics
Ministère répondant : Sports, jeunesse et vie associative
Dates :
Question publiée le 4 février 2025
Réponse publiée le 15 juillet 2025