Inégalités d'accès à l'enseignement supérieur
Question de :
M. Guillaume Bigot
Territoire de Belfort (2e circonscription) - Rassemblement National
M. Guillaume Bigot appelle l'attention de Mme la ministre d'État, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, sur l'existence d'inégalités préoccupantes touchant l'accès des jeunes issus de territoires ruraux à l'enseignement supérieur. Selon une étude réalisée par l'institut de sondages ViaVoice commandée par six associations expertes dans le domaine de l'égalité des chances, à peine 18 % des lycéens ruraux envisagent d'accéder aux grandes écoles, contre 56 % des jeunes issus de milieux favorisés. Par ailleurs, les jeunes ruraux, à difficultés sociales ou scolaires identiques, ont deux fois moins de chances de bénéficier des moyens de l'éducation prioritaire que leurs homologues issus de milieux urbains. Dans certaines zones rurales, le taux de jeunes non insérés atteint le niveau catastrophique de 32 %, près du triple de la moyenne nationale. Le quotidien de ces jeunes relève parfois du parcours du combattant, comme le montre une étude de Victor Delage et de Salomé Berlioux pour Institut Terram : 2 h 37 en moyenne dans les transports, 528 euros de budget mensuel pour la mobilité, dont 461 euros uniquement pour le véhicule individuel. L'absence de solutions de transport condamne d'ailleurs 38 % d'entre eux à renoncer à des entretiens d'embauche, deux fois plus que leurs camarades urbains. Dans ces conditions, la poursuite d'études supérieures relève du sacrifice : 80 % des néo-bacheliers sont contraints à délaisser leur région faute d'une offre de formation de proximité. Cette mobilité forcée, conjuguée à des coûts de transports élevés et des coûts de logement exorbitants, précipite 20 % des 18-24 ans sous le seuil de pauvreté. Aussi, il lui demande quelles mesures d'urgence elle compte prendre pour mettre fin à cette discrimination territoriale dans l'accès à l'enseignement supérieur. Il voudrait aussi savoir comment elle entend corriger le déséquilibre de l'offre de formation supérieure qui contraint 80 % des néo-bacheliers ruraux à partir, loin de chez eux, se former sans en avoir nécessairement les moyens. Enfin, il souhaite également être informé des moyens concrets par lesquels elle entend lutter contre l'autocensure des jeunes ruraux et leur redonner confiance dans leurs capacités de réussite.
Réponse publiée le 27 mai 2025
L'institut de sondage ViaVoice a publié une étude selon laquelle à peine 18 % des lycéens ruraux envisagent d'accéder aux grandes écoles, contre 56 % des jeunes issus de milieux favorisés. Les inégalités d'accès des jeunes issus de territoires ruraux à l'enseignement supérieur font l'objet de toute l'attention du ministère chargé de l'enseignement supérieur. Sur ce sujet, la note d'information n° 2025-01 du 8 janvier 2025 du SIES précise qu'« en 2022, 58 % des nouveaux bacheliers quittent leur zone d'emploi en entrant dans l'enseignement supérieur », ce qui démontre que la répartition de l'offre de formation de l'enseignement supérieur est par construction concentrée dans les grands pôles universitaires pour certaines formations, notamment les plus sélectives. Les mobilités des élèves entre leur commune de résidence de lycée et celle de leur formation post-baccalauréat sont souvent longues même pour les élèves provenant de communes densément peuplées. En revanche, de nombreuses filières plus accessibles comme les sections de techniciens supérieurs sont beaucoup plus réparties sur le territoire et accessibles plus facilement pour des déplacements limités. Il est également à noter que plusieurs dispositifs rapprochent les jeunes de l'enseignement supérieur : les campus connectés, les campus des métiers et des qualifications, les cordées de la réussite ou les dispositifs du programme d'investissements d'avenir (PIA) tels que « territoires d'innovation pédagogiques – dispositifs d'orientation ». 87 campus connectés sont présents sur le territoire et offrent la possibilité de poursuivre une formation du supérieur, diplômante ou certifiante, à distance et dans des conditions favorisant la réussite des étudiants. L'objectif des cordées de la réussite est de lutter contre l'autocensure des élèves par un accompagnement continu dès la classe de 4e, jusqu'au baccalauréat et au-delà. En croissance continue depuis 2020, le programme a vu ses bénéficiaires doubler depuis 2019 : 162 000 élèves l'année dernière, contre 80 000 en 2019. Il existe plus de 1 000 cordées qui nouent un partenariat entre plus de 3 600 établissements scolaires qui relèvent principalement des réseaux d'éducation prioritaire, des quartiers prioritaires de la politique de la ville et de zones rurales éloignées des métropoles. À la suite des dernières labellisations, 135 campus des métiers et des qualifications irriguent les territoires. Ils rassemblent des lycées, des universités, des organismes de recherche et des partenaires économiques et associatifs. Ils contribuent à soutenir, par la formation, les politiques territoriales de développement économique et social. Leur dynamique facilite l'insertion des jeunes dans l'emploi. Les formations proposées sont construites autour d'un ensemble cohérent de métiers au sein d'un secteur ou d'une filière implantés localement et relèvent des niveaux CAP jusqu'au doctorat. Le dispositif du PIA 3 « territoires d'innovation pédagogique – dispositifs d'orientation vers les études supérieures », lancé en 2019 pour une durée de 10 ans et financé à hauteur de 71 M€, vise à créer des écosystèmes de l'orientation à l'échelle des territoires pour mieux informer les élèves et leurs familles sur l'offre de formation du supérieur, les attendus, mais aussi les possibles débouchés professionnels. Depuis 2022, 21 222 enseignants, 2 664 lycées et 228 établissements d'enseignement supérieur sont impliqués dans ces dispositifs d'orientation vers les études supérieures.Le ministère chargé de l'enseignement supérieur et de la recherche continue de travailler avec l'ensemble des acteurs afin de faciliter l'accès à la formation en proximité, et permettre ainsi de de faire de l'égalité des chances une réalité sur tout le territoire français.
Auteur : M. Guillaume Bigot
Type de question : Question écrite
Rubrique : Enseignement supérieur
Ministère interrogé : Éducation nationale, enseignement supérieur et recherche
Ministère répondant : Enseignement supérieur et recherche (MD)
Dates :
Question publiée le 4 février 2025
Réponse publiée le 27 mai 2025