Question au Gouvernement n° 38 :
Crise agricole

17e Législature

Question de : Mme Sandra Delannoy
Nord (3e circonscription) - Rassemblement National

Question posée en séance, et publiée le 10 octobre 2024


CRISE AGRICOLE

Mme la présidente . La parole est à Mme Sandra Delannoy.

Mme Sandra Delannoy . Madame la ministre de l'agriculture, permettez-moi d’appeler votre attention sur les souffrances du monde agricole : mauvaises récoltes, viticulteurs en difficulté, réduction de la collecte de lait par Lactalis, fièvre catarrhale... Force est de constater que cette liste, non exhaustive, ne tinte à vos oreilles que comme un bruit de fond, alors qu'elle devrait y résonner comme un signal d’alarme.

Non seulement vous restez sourds à la détresse des agriculteurs mais, pire, tels des fossoyeurs du secteur, vous continuez à négocier à Bruxelles le traité du Mercosur – le Marché commun du Sud –, dont vous avez refusé de discuter à l’Assemblée nationale le 31 octobre prochain ! (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.) Voilà la considération que vous avez pour ceux qui nourrissent les Français !

M. Jean-Yves Bony . N'importe quoi !

M. Jean-François Coulomme. Vos députés européens ont voté pour !

Mme Sandra Delannoy . Visiblement, vous n’avez tiré aucune leçon de la crise agricole du début d’année.

Revenons à la fièvre catarrhale. Cette maladie touche durement le Nord, provoquant de véritables hécatombes. J’ai une pensée particulière pour les agriculteurs de l'Avesnois, notamment pour ceux de Damousies, qui m’ont montré les ravages provoqués par la maladie. Les éleveurs comptent de nombreux cadavres, dont il faut financer l’équarrissage. Il n'est pas nécessaire d'être mathématicien pour constater qu'ils subissent une double peine : non seulement la manne financière attendue de la bête disparaît, mais les éleveurs doivent aussi s’acquitter de l’enlèvement du cadavre.

Eu égard à la récurrence de la maladie, la période de vaccination aurait dû être anticipée car, je vous l’apprends peut-être, gouverner, c’est prévoir ! Que comptez-vous faire, madame la ministre ? Allez-vous accorder des aides financières aux éleveurs, comme à ceux dont les troupeaux souffrent de la maladie hémorragique épizootique (MHE) ? Allez-vous les soulager des coûts d'équarrissage ou des frais d’hygiène préventive ? Allez-vous enfin prévoir des vaccins pour tous les sérotypes de la maladie, sans distinction ?

M. Thibault Bazin . Vous n'avez pas écouté les réponses de la ministre tout à l'heure !

Mme Sandra Delannoy . J'ai bien noté que vous aviez déjà répondu à deux questions relatives à la crise agricole, mais c'était du blabla…

M. Thibault Bazin . N'importe quoi, quel irrespect !

Mme Sandra Delannoy . …et nous, nous demandons des actes, car l'agriculture se meurt ! (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

M. Pierre Cordier . Quelle mauvaise foi !

Mme la présidente . La parole est à Mme la ministre de l’agriculture, de la souveraineté alimentaire et de la forêt.

Mme Annie Genevard, ministre de l’agriculture, de la souveraineté alimentaire et de la forêt . Madame la députée, je vais vous répondre sur un autre ton que celui que vous avez employé, car je crois que la crise que connaissent les agriculteurs mérite autre chose qu'une petite instrumentalisation politique. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR. – Exclamations sur les bancs du groupe RN.)

M. Pierre Cordier . Très bien !

M. Jean-François Coulomme . Il fallait voter la motion de censure !

Mme Annie Genevard, ministre . Les réponses concrètes que vous appelez de vos vœux, nous les apportons. Et ce bruit de fond auquel vous nous accusez de ne pas répondre, nous l'avons bien sûr entendu. Nous l'avons démontré au sommet de l'élevage qui s'est tenu à Cournon, où des mesures très précises ont été annoncées.

M. Jean-Yves Bony . Oui, très bien !

Mme Annie Genevard, ministre . La création d'un fonds d'urgence de 75 millions, le fait que la décapitalisation des cheptels ne donne pas lieu à réfaction des aides européennes, ou encore la réflexion autour de l'introduction d'un prêt garanti : voici quelques-unes des mesures très concrètes que nous allons mettre en œuvre.

M. Fabien Di Filippo . La pédagogie, c'est l'art de la répétition !

Mme Julie Lechanteux . Il faut de l'action !

Mme Annie Genevard, ministre . S'agissant du Mercosur (« Ah ! » sur les bancs du groupe RN), je voudrais tout de même rappeler que c'est grâce à la France, qui a fait adopter un protocole additionnel, que nous avons bloqué l'application de cet accord. Je vous l'apprends peut-être : il faut que vous le sachiez.

M. Sylvain Maillard . Eh oui !

M. Bruno Bilde . Un mensonge de plus !

Mme Annie Genevard, ministre . Et la famille politique à laquelle j'appartiens s'est toujours opposée à l'accord avec le Mercosur, tout simplement parce qu'il n'est pas équilibré (Applaudissements sur quelques bancs du groupe DR) et qu'il ne comporte pas de clauses miroirs, imposant aux pays du Mercosur les contraintes que l'on impose à nos propres agriculteurs.

M. Fabien Di Filippo . C'est limpide !

M. Thibault Bazin . N'importons pas dans nos assiettes ce que nous ne voulons pas dans nos champs !

Mme Annie Genevard, ministre . Sur ce sujet, comme sur tant d'autres, madame la députée, dans les questions comme dans les réponses, il faut être précis. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR et sur quelques bancs du groupe EPR.)

Mme la présidente . La parole est à Mme Sandra Delannoy.

Mme Sandra Delannoy . Vous n'avez répondu à aucune de mes questions ! Nous attendons des actes ! (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

Données clés

Auteur : Mme Sandra Delannoy

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Agriculture

Ministère interrogé : Agriculture, souveraineté alimentaire et forêt

Ministère répondant : Agriculture, souveraineté alimentaire et forêt

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 10 octobre 2024

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