Question au Gouvernement n° 394 :
Soutien à la recherche et à l’industrie

17e Législature

Question de : M. Emmanuel Maurel
Val-d'Oise (3e circonscription) - Gauche Démocrate et Républicaine

Question posée en séance, et publiée le 13 février 2025


SOUTIEN À LA RECHERCHE ET À L'INDUSTRIE

Mme la présidente . La parole est à M. Emmanuel Maurel.

M. Emmanuel Maurel . Au Sommet mondial sur l'intelligence artificielle, le président de la République a fait plusieurs annonces d'ampleur dont nous, parlementaires, aurions aimé débattre ici compte tenu de l'importance du sujet. Cela nous aurait permis de dire que l'enthousiasme technophile ne suffit pas à faire une politique, surtout quand il conduit à ignorer les risques et les dangers inhérents à certaines évolutions technologiques.

M. Éric Bothorel . Vous n'aimez pas l'intelligence !

Une députée du groupe EcoS . Nous ne l'aimons pas quand elle est artificielle !

M. Emmanuel Maurel . Nous aurions aussi pu dire que l'ampleur des investissements étrangers annoncés remet en question notre souveraineté numérique. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR. – Mme Mélanie Thomin et M. Guillaume Garot applaudissent aussi.)

Le président a une propension, toujours recommencée, à s'attribuer les mérites des réussites françaises. Mais à quoi le développement de l'intelligence artificielle est-il dû ? D'abord à une électricité abondante et bon marché, mais aussi à la qualité de nos chercheurs et de nos ingénieurs. Or votre politique n'a servi ni l'une, ni les autres. On met en avant la recherche publique française et son excellence, mais vous n'avez eu de cesse de la dégrader et de la maltraiter ! (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR, ainsi que sur plusieurs bancs du groupe EcoS. – M. Pierre Pribetich applaudit aussi.) J'en veux pour preuve le budget de la recherche et de l'enseignement supérieur, que vous avez diminué de 1 milliard d'euros, quand celui des investissements d'avenir du plan France 2030 l'a été de 2,5 milliards.

M. François Cormier-Bouligeon . C'était mieux quand vous étiez au pouvoir ?

M. Emmanuel Maurel . Le discours du président sur l'intelligence artificielle est l'arbre qui cache la forêt. L'industrie française va mal : elle figure à l'avant-dernier rang européen quand on considère la part du secteur industriel dans le PIB. Nous sommes au même niveau que la Grèce ! (MM. François Cormier-Bouligeon et Éric Bothorel s'exclament.)

Pendant que le président parade, les défaillances d'entreprise se multiplient, tout comme les plans sociaux dans les secteurs de l'automobile, de la métallurgie ou de la chimie, par exemple à Lubrizol – ce sont les conséquences de votre politique ! (Exclamations sur les bancs du groupe Dem. – Applaudissements sur les bancs des groupes GDR, SOC et EcoS.) Monsieur le ministre de l'économie, que comptez-vous faire pour restaurer l'industrie française, alors que vous sacrifiez la recherche et… (Le temps de parole étant écoulé, Mme la présidente coupe le micro de l'orateur. – Les députés du groupe GDR applaudissent ce dernier.)

M. Philippe Vigier . Les fossoyeurs, c'est vous !

Mme la présidente . La parole est à M. le ministre de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique.

M. Éric Lombard, ministre de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique . Je partage votre préoccupation, mais pas votre pessimisme. La politique que nous menons vise à protéger notre industrie en suivant exactement la méthode que vous préconisez. Cette méthode consiste d'abord à sanctuariser le budget des universités et de la recherche – je me tourne vers mon collègue Philippe Baptiste –, qui a été augmenté de 300 millions d'euros. (Exclamations sur les bancs du groupe GDR.)

Mme Marie Mesmeur . C'est faux !

M. Éric Lombard, ministre . Nous avons aussi maintenu le crédit d'impôt recherche. L'enveloppe dévolue au plan France 2030 reste inchangée – les évolutions que vous avez évoquées sont dues à un lissage. Nous nous inscrivons dans les pas du rapport de Mario Draghi : l'économie de la connaissance doit se fonder sur la recherche, qui nous permettra de gagner en compétitivité. La compétitivité crée de l'emploi…

M. Ugo Bernalicis . C'est cette logique, le problème !

M. Éric Lombard, ministre . …et permet de construire les usines de demain.

Le Sommet sur l'intelligence artificielle démontre la réussite de cette politique. Pourquoi ce sommet est-il un succès, et que sont venus chercher les investisseurs internationaux que vous avez évoqués et que le président de la République a réunis en début de semaine ? Ce sont les chercheurs français.

M. Emmanuel Maurel . Donnez-leur des moyens !

M. Éric Lombard, ministre . Qui se cache derrière le succès de Mistral AI ? Les créateurs de cette société sont des étudiants formés dans nos universités.

Mme Ségolène Amiot . Alors ne réduisez pas les moyens qui leur sont alloués !

M. Éric Lombard, ministre . Il y a tant d'autres exemples. Hier, j'étais à Station F, qui accueille des dizaines de sociétés en train de naître. Elles créeront des emplois de qualité dans notre pays et stimuleront le développement de l'économie.

Enfin, vous l'avez dit, tout cela est rendu possible par une énergie bon marché et décarbonée. Avec le ministre Marc Ferracci, nous aurons l'occasion de présenter dans les semaines qui viennent un plan pour développer encore davantage notre projet énergétique, qui représente un avantage compétitif pour l'industrie française.

Mme Ségolène Amiot . Bla bla bla !

Données clés

Auteur : M. Emmanuel Maurel

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Numérique

Ministère interrogé : Économie, finances, souveraineté industrielle et numérique

Ministère répondant : Économie, finances, souveraineté industrielle et numérique

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 13 février 2025

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