Santé mentale des internes de médecine
Question de :
M. Matthieu Bloch
Doubs (3e circonscription) - UDR
M. Matthieu Bloch attire l'attention de M. le ministre auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de la santé et de l'accès aux soins, au sujet de la détérioration constante de la santé mentale des internes en médecine. Selon une étude réalisée par l'Intersyndicale nationale des internes (ISNI) et publiée en 2021, la situation apparaît particulièrement préoccupante : 67 % des étudiants en médecine déclarent avoir été confrontés à un syndrome de burn-out, 75 % présentent des symptômes anxieux, 39 % souffrent d'un état dépressif et 19 % rapportent des pensées suicidaires. La fréquence et la banalisation de ces troubles psychiques devraient figurer parmi les priorités du ministère, d'autant plus que le nombre de cas de dépression et de suicides ne cesse de croître d'année en année. Il est essentiel de rappeler que l'internat en médecine constitue un cadre particulièrement propice à l'émergence de ces troubles psychosociaux. Les internes sont soumis à une charge de travail excessive, avec une durée moyenne hebdomadaire de 58 heures, selon l'ISNI. À cela s'ajoutent des horaires irréguliers, des gardes fréquentes, notamment nocturnes et une pression constante, autant de facteurs aggravant leur vulnérabilité psychologique. Par ailleurs, le taux de suicide chez les internes en médecine est trois fois supérieur à celui de la population générale, ce qui illustre avec une acuité dramatique la gravité de la situation. Dans la mesure où ces jeunes médecins constituent les futurs praticiens du pays et alors que la France est confrontée à une désertification médicale croissante, il apparaît impératif de s'attaquer aux causes profondes de ce mal-être persistant. De surcroît, il est nécessaire de repenser les modalités de formation des internes, d'améliorer leurs conditions de travail et de lutter fermement contre les formes de violence psychologique et de maltraitance institutionnelle qui traversent leur parcours. Aussi, il souhaite savoir quelles mesures concrètes et ambitieuses le Gouvernement entend mettre en place afin de prévenir et limiter les risques psychosociaux en internat, notamment en renforçant les dispositifs de prévention et d'accompagnement destinés aux internes en médecine.
Réponse publiée le 24 juin 2025
La santé mentale est la "grande cause nationale"de l'année 2025 et la question du"prendre soin" de ceux qui soignent est une priorité. Plusieurs propositions ont déjà été mises en place à la suite des accords issus du Ségur de la santé, en lien avec les associations étudiantes : - revalorisation des émoluments de stage des étudiants de 2ème et 3ème cycle ; - augmentation du montant des gardes ; - publication à l'été 2024 d'une instruction ministérielle sur le contrôle du temps de travail des internes ; - augmentation soutenue du nombre de postes d'internes. Les ministères de l'enseignement supérieur et de la santé ont mis en place un comité national d'accompagnement pour renforcer la qualité de vie et de formation des étudiants en santé, qui associe l'ensemble des associations étudiantes et des enseignants. A ce titre, une plateforme d'écoute, d'accompagnement et de signalement est ouverte pour tous les étudiants en santé (https://xn--cnae-sant-j4a.fr/). Le comité de suivi sur la santé des professionnels de santé lancé mi-juin 2025 permettra aussi de prendre en compte les besoins des étudiants, ils y sont d'ailleurs associés. Enfin, un plan de lutte et de prévention contre les violences sexistes et sexuelles doit permettre de mettre fin à l'omerta dans le secteur de la santé et d'accompagner au mieux les soignants, des groupes de travail auxquels les étudiants sont associés permettent d'enrichir les 9 axes ministériel. Ces mesures permettront de mettre en place des solutions issues du terrain et nécessaires pour le bien être en formation.
Auteur : M. Matthieu Bloch
Type de question : Question écrite
Rubrique : Médecine
Ministère interrogé : Santé et accès aux soins
Ministère répondant : Santé et accès aux soins
Dates :
Question publiée le 11 février 2025
Réponse publiée le 24 juin 2025