Violences commises à Paris par un groupe d’extrême droite
Question de :
M. Pouria Amirshahi
Paris (5e circonscription) - Écologiste et Social
Question posée en séance, et publiée le 19 février 2025
VIOLENCES COMMISES À PARIS PAR UN GROUPE D’EXTRÊME DROITE
Mme la présidente . La parole est à M. Pouria Amirshahi.
M. Pouria Amirshahi . Dimanche dernier, dans le 10e arrondissement de Paris, une vingtaine de nervis d’extrême droite, cagoulés, armés, a attaqué des personnes assistant à une projection du film Z de Costa-Gavras, dans l’intention de faire mal, voire de tuer.
Avant de fuir, l’un d’eux a crié : « Paris est nazi ! ». Six personnes sont en garde à vue et une enquête a été ouverte. Si notre démocratie fonctionne encore, comment expliquer – et comment accepter – que des groupes récemment dissous s’autorisent, en plein Paris, de telles démonstrations terroristes ?
M. Damien Girard . Exactement !
M. Pouria Amirshahi . Quelles protections sont prévues en amont des réunions de ces associations pourtant souvent désignées comme des cibles ? Deux jours ont passé et toujours aucun mot de votre bouche, monsieur le ministre de l’intérieur, alors que deux personnes ont été violemment frappées, poignardées et envoyées à l’hôpital. (Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS, LFI-NFP, SOC, GDR et sur quelques bancs du groupe LIOT.)
Un député du groupe LFI-NFP . C’est une honte !
M. Pouria Amirshahi . C’est une extrême droite décomplexée, enivrée par le salut nazi d’Elon Musk à la face du monde (« Oh ! » sur les bancs du groupe RN) qui parcourt aujourd’hui les rues de nos villes. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes EcoS et LFI-NFP.) À Angers, à Lyon, à Saint-Brévin-les-Pins, à Tours et à Paris, elle s’exhibe, menace et agresse impunément.
La bride est lâchée depuis trop longtemps : vous épousez des postures martiales qui désignent à la vindicte les Français aux mémoires immigrées ou au sang mêlé, faisant ainsi de la gauche – ou des démocrates – l’ennemi numéro un. (Mêmes mouvements.)
Nous appelons tous les républicains à se montrer à la hauteur du danger qui nous guette : en êtes-vous seulement capable, vous qui déclarez, comme Laurent Wauquiez que, questions économiques mises à part, vous avez les mêmes idées que l’extrême droite ? (Mêmes mouvements.)
Ce n’est pas tant à vous, au fond, que je m’adresse, mais à tous les démocrates sincères qui, sur ces bancs, n’oublient pas que 70 % des électeurs ont dit qu’ils ne voulaient pas, eux, de ces idées-là.
Il nous faut avant tout bien comprendre le moment grave que nous vivons. Ces milices sont le symptôme d’une internationale néofasciste (« Oh là là ! » sur les bancs du groupe RN) qui se met en mouvement dans toute l’Europe, avec la complicité des États-Unis et de la Russie. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes EcoS et LFI-NFP. – M. Olivier Faure applaudit aussi.)
Nous avons célébré, hier encore, les 80 ans de la Libération et du combat antifasciste.
Plutôt que de dénoncer les militants antifascistes d’aujourd’hui, prenez l’engagement de faire barrage à ces nouvelles ligues antirépublicaines qui sont dans notre pays, après le terrorisme islamiste, la deuxième menace terroriste ! (Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS, LFI-NFP, SOC et GDR, dont plusieurs députés se lèvent. - Mme Hanane Mansouri s’exclame.)
Mme la présidente . La parole est à M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur.
M. Bruno Retailleau, ministre d'État, ministre de l'intérieur. S’il y a un combat qui devrait nous réunir, c’est celui contre la violence : le combat contre le fascisme, contre le nazisme, contre l’extrême droite – et aussi contre l’ultragauche. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes RN, HOR et DR. – Vives protestations et huées sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme Claire Lejeune. Quelle honte !
M. Bruno Retailleau, ministre d'État . Nous ne tolérerons aucune violence. Il y avait, il y a encore, une gauche républicaine – le Raid fut ainsi une création de Pierre Joxe. (Applaudissements sur les bancs du groupe HOR. – M. Jean-François Coulomme et Mme Marie Mesmeur s’exclament. – M. Inaki Echaniz proteste vivement.) Cette gauche républicaine faisait honneur à notre démocratie et à notre nation.
Je peux vous assurer que mon bras ne faiblira pas lorsqu’il faudra dissoudre des groupes qui pratiquent la violence, d’où qu’ils viennent, de l’extrême droite comme de l’ultragauche. (Plusieurs députés du groupe RN pointent du doigt les bancs du groupe LFI-NFP.)
M. Hervé de Lépinau . C’est lui, là !
M. Bruno Retailleau, ministre d'État . Croyez-moi : quand on aime la France, on rejette toute violence. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes RN, DR, HOR et UDR.)
M. Éric Coquerel. C'est lamentable !
Auteur : M. Pouria Amirshahi
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Sécurité des biens et des personnes
Ministère interrogé : Intérieur
Ministère répondant : Intérieur
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 19 février 2025