Souveraineté énergétique
Question de :
M. Maxime Amblard
Meuse (1re circonscription) - Rassemblement National
Question posée en séance, et publiée le 19 février 2025
SOUVERAINETÉ ÉNERGÉTIQUE
Mme la présidente . La parole est à M. Maxime Amblard.
M. Maxime Amblard . C’est avec fierté que je m’adresse à vous, monsieur le premier ministre, en tant que député du sud meusien, mais c’est en tant qu’ingénieur en physique nucléaire que je souhaite vous interpeller.
Des rapports de l’autorité de sûreté nucléaire et de l’inspecteur général pour la sûreté d’EDF viennent de confirmer que la complémentarité entre les énergies renouvelables intermittentes et le nucléaire est un mirage – mirage coûteux, dangereux, absurde. Je connais nos réacteurs nucléaires, leur conception, leurs caractéristiques, leur fonctionnement. S’ils sont aujourd’hui contraints, ce n’est pas par la physique ni par la technologie : ce qui les entrave, ce qui les use, ce qui les fragilise, c’est votre idéologie. Idéologie qui vous a conduit, depuis des années, à imposer la priorité des énergies renouvelables intermittentes sur le réseau électrique, au mépris de toute logique énergétique ou économique.
M. Maxime Laisney . Il n’y connaît rien !
M. Maxime Amblard . Vous avez, pour satisfaire vos dogmes, fait du nucléaire une variable d’ajustement. En donnant la priorité à une énergie intermittente beaucoup plus chère que le nucléaire ou l’hydraulique pilotable, vous avez délibérément contribué à faire augmenter la facture d’électricité des Français. En faisant passer le vent avant l’atome, vous bridez notre production nucléaire, tout en faisant grimper les coûts. En faisant passer vos lubies avant la raison, vous sacrifiez notre souveraineté énergétique - souveraineté dont nous sommes, au Rassemblement national, les véritables défenseurs. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)
Sans étude d’impact sérieuse, sans précaution, au détriment de la sûreté et de la raison, vous obligez nos réacteurs à freiner puis à accélérer, à réduire puis à augmenter, à chauffer puis à refroidir, ce qui les fragilise, ce qui les use, ce qui les abîme.
M. Erwan Balanant . Marine Le Pen était contre le nucléaire en 2012 !
M. Maxime Amblard . On vous avait pourtant prévenus : Marine Le Pen et Jean-Philippe Tanguy vous l’avaient dit, mais vous les avez fait taire, tout comme vous avez fait taire ceux qui vous disaient que fermer Fessenheim était contraire à toute raison.
Quelles sommes vont encore s’ajouter aux milliards déjà dilapidés pour satisfaire à votre idéologie ? (M. Loïc Prud’homme s’exclame.) Quand allez-vous, enfin, faire preuve de pragmatisme et de raison, quand c’est de l’avenir de notre souveraineté énergétique qu’il s’agit ? (Applaudissements sur les bancs du groupe RN et sur quelques bancs du groupe UDR.)
Mme la présidente . La parole est à M. le ministre chargé de l’industrie et de l’énergie.
M. Marc Ferracci, ministre chargé de l'industrie et de l'énergie . Vous nous interrogez sur notre stratégie énergétique et sur la place qu’il convient de donner, respectivement, aux énergies renouvelables et à l’énergie nucléaire. Je tiens à le répéter ici : le choix que le président de la République a fait connaître lors de son discours de Belfort, au début de l’année 2022, est un choix d’équilibre.
M. Jean-Philippe Tanguy . Ce n’est pas la question !
M. Marc Ferracci, ministre . Nous sommes convaincus que le nucléaire est une énergie d’avenir. Je défendais ce matin, en compagnie de mes homologues ministres de l’industrie et de l’énergie européens au sein de l’Alliance du nucléaire, créée par ma collègue Agnès Pannier-Runacher, l’idée que le nucléaire doit faire l’objet d’un traitement prioritaire à l’échelle européenne.
Mais opposer les énergies renouvelables et les énergies nucléaires, ce n’est pas la solution.
M. Hervé de Lépinau . C’est une question de science !
M. Marc Ferracci, ministre . Car, avant que de nous doter d’une capacité de production nucléaire qui pourra s’appuyer sur les six réacteurs annoncés lors du discours de Belfort, et dont nous discutons du financement, nous aurons besoin – nous avons déjà besoin – des énergies renouvelables.
M. Jean-Philippe Tanguy . Mais ce n’est pas la question !
M. Marc Ferracci, ministre . Si, en 2022, nous sommes parvenus à faire face, collectivement, aux difficultés que notre parc nucléaire a rencontrées, c’est grâce aux énergies renouvelables – grâce au solaire, grâce à l’éolien.
M. Jean-Philippe Tanguy . C’est faux !
M. Marc Ferracci, ministre . La logique binaire consistant à opposer, dans une stratégie monomaniaque,…
M. Jean-Philippe Tanguy . Ce n’est pas une logique, ce sont des rapports !
M. Marc Ferracci, ministre . …le renouvelable au nucléaire, est une stratégie perdante.
M. Hervé de Lépinau . Le ministre ne se remet jamais en question !
M. Marc Ferracci, ministre . Le nucléaire, comme le renouvelable, crée des emplois dans nos territoires. Nous sommes attachés à cette stratégie d’équilibre, et nous le resterons.
M. Emeric Salmon . Il faut changer de stratège, alors !
M. Marc Ferracci, ministre . Nous soutenons ainsi une véritable stratégie de souveraineté énergétique et industrielle.
Mme la présidente . La parole est à M. Maxime Amblard.
M. Maxime Amblard . À force d’ignorer les rapports scientifiques, c’est la France, je le crains, qui finira par tomber en panne. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN et sur quelques bancs du groupe UDR.)
Auteur : M. Maxime Amblard
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Énergie et carburants
Ministère interrogé : Industrie et énergie
Ministère répondant : Industrie et énergie
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 19 février 2025