Fermeture de l'usine Solvay à Salindres (Gard)
Question de :
M. Pierre Meurin
Gard (4e circonscription) - Rassemblement National
M. Pierre Meurin attire l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie sur la fermeture programmée en 2025 de l'usine Solvay, à Salindres dans le Gard. Alors que l'usine de chimie gardoise existe à Salindres depuis 1855, le groupe Solvay qui l'avait reprise en 2011 annonce vouloir fermer le site entre janvier et octobre 2025. Sur les quatre-vingt-seize emplois de ce site, soixante-huit seront supprimés. Des générations s'étant succédées dans cet établissement qui fait la fierté du territoire gardois, la violence de cette décision n'en n'est que décuplée. Il faut ajouter que le 31 juillet 2024, le journal Les Échos affirmait que « le chimiste Solvay a relevé [ce jour-là] l'ensemble de ses objectifs financiers pour 2024 [et] que ses résultats sont ressortis légèrement supérieurs aux prévisions des analystes au deuxième trimestre ». Sur l'ensemble du premier semestre de 2024, Solvay a généré un chiffre d'affaires de 2,4 milliards d'euros. Si le flux de trésorerie disponible du groupe a reculé de 36,2 % par rapport à la période correspondante de 2023, la situation n'en reste pas moins révoltante pour les salariés. Cette fermeture signe aussi la fin de la production de molécules chimiques à destination du secteur pharmaceutique. L'usine de Salindres est la seule unité productrice d'acide trifluoroacétique (TFA) en Europe. Cette molécule est pourtant un composant essentiel des traitements antiviraux et des traitements contre le cancer. La fermeture de cette usine aura pour conséquence l'importation intégrale de cette molécule en provenance de l'Asie. Cette fermeture va donc à l'encontre du Plan France 2030 qui prévoit la relocalisation et l'augmentation des capacités de production de médicaments en France et en Europe. Les conséquences économiques de cette fermeture seraient dramatiques pour le Gard, considéré par l'INSEE comme le sixième département le plus pauvre de France. M. le député demande donc à M. le ministre de qu'il compte faire pour convaincre le groupe Solvay de maintenir l'activité existante au nom de la souveraineté médicale et la pérennité de l'industrie française. Subsidiairement et à défaut, il souhaite l'interroger sur la volonté ferme du Gouvernement en faveur de solutions acceptables pour les soixante-huit employés et leurs familles.
Réponse publiée le 3 juin 2025
L'attention du Ministre est appelée sur le projet d'arrêt, pour mi-2025, de la production d'acide trifluoroacétique (TFA) pour la fabrication de pesticides et de médicaments de l'usine SOLVAY de Salindres spécialisée dans la chimie du fluor. L'acide trifluoroacétique est une substance perfluoroalkyles (PFAS), classe de molécules très persistantes qui peuvent présenter des effets néfastes pour la santé (cf. loi n° 2025-188 du 27 février 2025 visant à protéger la population des risques liés aux substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées). Le Gouvernement regrette cette décision, annoncée brutalement, qui touche les communes de l'agglomération d'Alès et tout particulièrement celle de Salindres et qui pourrait entraîner la suppression de 68 postes de travail sur les 96 salariés actuellement employés par l'entreprise. Les 28 autres salariés seront conservés dans le GIE gérant la plateforme avec AXENS. Les services du ministère et notamment le Commissaire aux restructurations et à la prévention des difficultés des entreprises sont mobilisés en lien avec les acteurs locaux afin d'accompagner l'entreprise dans sa recherche de repreneur, réalisée dans le cadre de l'obligation légale « Loi Florange ». Cette recherche de repreneur présente un intérêt majeur pour le territoire. À ce titre, il a été rappelé à l'entreprise qu'elle devait s'inscrire dans une démarche très active associant tous les acteurs territoriaux afin de rechercher un repreneur permettant de conserver une empreinte industrielle forte, les compétences des salariés de SOLVAY mais aussi la vingtaine d'emploi des entreprises sous-traitantes présentes sur le site. Un suivi est assuré par la préfecture du Gard avec des points réguliers réalisés avec l'entreprise et le cabinet ONEIDA, mandaté par l'entreprise pour l'assister dans cette recherche. Près de 100 entreprises spécialisées dans la chimie du fluor ont été ciblées, dont certaines avec l'appui de Business France, 6 marques d'intérêt ont ainsi été révélées dont 4 encore actives provenant d'acteurs asiatiques et européens. Ces actions seront poursuivies et pourront être étendues à d'autres acteurs, un changement d'activité étant possible. Parallèlement à ces actions menées pour la recherche de repreneur, le Gouvernement veillera à ce que ce projet de fermeture et de Plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) soit mené conformément au cadre légal et avec un dialogue social solide et constructif avec les organisations syndicales dans le but d'aboutir à la signature d'un accord majoritaire de PSE.
Auteur : M. Pierre Meurin
Type de question : Question écrite
Rubrique : Industrie
Ministère interrogé : Économie, finances et industrie
Ministère répondant : Économie, finances, souveraineté industrielle et numérique
Dates :
Question publiée le 8 octobre 2024
Réponse publiée le 3 juin 2025