Question au Gouvernement n° 421 :
Place de l’Europe dans les négociations sur l’Ukraine

17e Législature

Question de : Mme Béatrice Piron
Yvelines (3e circonscription) - Horizons & Indépendants

Question posée en séance, et publiée le 20 février 2025


PLACE DE L'EUROPE DANS LES NÉGOCIATIONS SUR L'UKRAINE

Mme la présidente . La parole est à Mme Béatrice Piron.

Mme Béatrice Piron . « L’Europe se fera dans les crises et elle sera la somme des solutions apportées à ces crises. » Ces mots de Jean Monnet résonnent avec une intensité particulière. Lundi prochain, cela fera trois ans que l’Ukraine lutte avec une détermination inébranlable pour sa liberté et son intégrité territoriale. Face à l’agression russe, l’Europe s’est mobilisée, mais aujourd’hui, alors que des pourparlers ont lieu entre les États-Unis et la Russie, une question fondamentale se pose : où est-elle ?

Nous ne pouvons être de simples spectateurs. Notre souveraineté, notre sécurité et notre avenir sont directement en jeu. La paix ne peut être négociée sans les Européens, car c’est notre stabilité et nos valeurs qui sont remises en cause. La France a une responsabilité historique : nous devons exiger que l’Europe ait un siège à la table des négociations. Nous devons affirmer haut et fort que la paix ne se construira pas sur un compromis dicté par d’autres, mais sur des garanties de sécurité durable, protégeant l’intégrité de l’Ukraine et de ses frontières.

Enfin, l’Europe doit aller plus loin. Nous avons besoin d’une autonomie stratégique forte, ce qui passe par une défense européenne crédible. C’est une question de réalisme, de responsabilité, et surtout de souveraineté.

Par conséquent, quelles démarches concrètes la France entreprend-elle afin d’assurer une pleine participation de l’Union européenne aux pourparlers de paix ? Et quelle initiative comptez-vous promouvoir auprès de nos partenaires pour que l’Europe se dote des moyens de garantir la sécurité de l’Ukraine sur le long terme ?

L’histoire jugera ceux qui auront choisi de peser et de faire preuve de fermeté, et ceux qui auront regardé. Soyons du bon côté de l’histoire. (Applaudissements sur les bancs du groupe HOR et sur quelques bancs des groupes EPR et Dem.)

Mme la présidente . La parole est à M. le ministre de l’Europe et des affaires étrangères.

M. Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des affaires étrangères . Je vous remercie d'avoir cité Jean Monnet. L'Europe traverse un moment charnière de son histoire. M. le premier ministre l'a rappelé hier : elle fait face à une menace existentielle. La Russie d'aujourd'hui n'est pas celle qu'a connue le président Chirac ou même le président Hollande ni celle d'il y a cinq ou dix ans. Elle consacre 10 % de sa richesse nationale et 40 % de son budget à son industrie de défense. Elle produit autant d'équipements militaires que toute l'Europe réunie.

Trois ans après le début de sa guerre d'agression, la Russie continue de pilonner l'Ukraine parce qu'il y a onze ans, le peuple ukrainien a voulu suivre son aspiration européenne et qu'elle a décidé de l'en empêcher. Si nous nous mobilisons depuis trois ans aux côtés des Ukrainiennes et des Ukrainiens, c'est aussi parce que la Russie agresse la France ainsi que plusieurs de ses alliés européens.

Elle l'a fait en Roumanie en perturbant les élections présidentielles, ce qui a conduit à leur annulation ; en Pologne, en instrumentalisant les migrations pour perturber la vie politique nationale ; en mer Baltique, en sectionnant ou en faisant sectionner des câbles sous-marins (« Non ! » sur quelques bancs du groupe RN) ; en France, en menant des attaques cyber et informationnelles – nous avons tous entendu parlé des étoiles de David, des mains rouges, des cercueils, et cetera, et cetera.

C'est pourquoi, dans ce moment, nous avons besoin que l'Europe se réveille et se tienne aux côtés des Ukrainiennes et des Ukrainiens pour obtenir une paix durable, et non un simple cessez-le-feu que la Russie violerait comme elle l'a fait ces dernières années. (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR et sur quelques bancs des groupes Dem et SOC. – M. Damien Girard applaudit aussi.)

Données clés

Auteur : Mme Béatrice Piron

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Politique extérieure

Ministère interrogé : Europe et affaires étrangères

Ministère répondant : Europe et affaires étrangères

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 20 février 2025

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