Question au Gouvernement n° 423 :
Rôle de la France dans le soutien à l’Ukraine

17e Législature

Question de : M. Vincent Trébuchet
Ardèche (2e circonscription) - UDR

Question posée en séance, et publiée le 20 février 2025


RÔLE DE LA FRANCE DANS LE SOUTIEN À L'UKRAINE

Mme la présidente . La parole est à M. Vincent Trébuchet.

M. Vincent Trébuchet . « Guerre en Ukraine : l’Union européenne se met en ordre de bataille pour résister à Donald Trump et son accord de paix. » Voilà le titre orwellien de Libération au sujet du sommet organisé lundi à Paris par Emmanuel Macron, un sommet de façade, venu consacrer la division et l’impuissance de l’Europe.

Prenons un instant la mesure de la situation : hier, sur le sol saoudien, s’est décidé, sans les Européens, l’avenir de la plus grande guerre du continent depuis 1945. La France du général de Gaulle était à Yalta, l'Europe d'Emmanuel Macron n'est pas à la table des négociations, elle est au menu ! Avec Emmanuel Macron, la France ne s’est pas seulement effacée, elle s’est effondrée diplomatiquement.

Le groupe UDR réaffirme son soutien à l’Ukraine à la suite de l’agression inacceptable de la Russie. Il appelle à une résolution politique du conflit qui protège durablement le peuple ukrainien. Les Français sont solidaires mais ils ont trois inquiétudes majeures quant à l’action que vous menez.

Alors que, selon un sondage de l'institut Elabe, 83 % des Français sont opposés à l’envoi de troupes en Ukraine, comment pouvez-vous leur garantir que votre stratégie d’escalade ne conduira pas à cette issue dramatique ? Alors que va s’ouvrir le Salon de l’agriculture, comment expliquez-vous à nos agriculteurs votre projet de résolution visant à accélérer l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne, qui capterait toutes les aides de la politique agricole commune ? Alors que nos finances sont exsangues, comment justifiez-vous de continuer à envoyer des milliards sans aucune garantie de la bonne utilisation de cet argent et sans en faire un levier stratégique pour financer notre industrie ?

Monsieur le ministre des affaires étrangères, les Français ont droit à des réponses : ils veulent connaître votre plan pour les associer à vos décisions et pour faire de notre soutien à l’Ukraine un investissement stratégique au service de nos intérêts communs. (Applaudissements sur les bancs du groupe UDR et sur plusieurs bancs du groupe RN.)

M. Jean-Paul Lecoq . Et au service de la paix, non ?

Mme la présidente . La parole est à M. le ministre de l’Europe et des affaires étrangères.

M. Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des affaires étrangères . Rien qui concerne l'avenir de l'Ukraine et de l'Europe ne s'est décidé hier à Riyad, pour une bonne raison : seuls les Ukrainiens peuvent décider d'arrêter le combat. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR et Dem ainsi que sur quelques bancs du groupe SOC.) Croyez-vous vraiment et sincèrement qu'après trois ans durant lesquels ils ont tout donné pour défendre l'intégrité de leur territoire, ils déposeraient les armes parce qu'une discussion a eu lieu en Arabie Saoudite ? Évidemment non ! (Mêmes mouvements.)

Vous affirmez soutenir le peuple ukrainien et je vous remercie de le faire…

M. Pieyre-Alexandre Anglade . C'est un mensonge, ils soutiennent la Russie !

M. Jean-Noël Barrot, ministre . …mais c'est un soutien du bout des lèvres. Or si nous voulons une paix durable, si nous refusons un cessez-le-feu fragile, une pause transitoire qui permette à la Russie de se réarmer pour reprendre les hostilités quelques semaines ou quelques mois plus tard – comme elle l'a déjà fait dans le passé –, alors il nous faudra lui opposer de la résistance et de la force.

M. Julien Odoul . Face à l'Algérie aussi !

M. Jean-Noël Barrot, ministre . Je veux vous rassurer : personne n'a parlé, ni en France ni nulle part ailleurs dans le monde, d'envoyer aujourd'hui des troupes en Ukraine. (« Si ! » sur quelques bancs des groupes RN et UDR.) Lorsque le premier ministre britannique évoque l'envoi de troupes, il ne l'envisage que lorsque la paix aura été trouvée, de manière à la garantir et à la consolider. Nous ne sommes pas en guerre contre la Russie ; c'est la Russie qui agresse l'Ukraine depuis trois ans et qui nous agresse. Pour que cela cesse, il faut faire preuve de force et non pas de faiblesse. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes EPR et Dem. – Mme Fanny Dombre Coste applaudit également.)

Mme la présidente . La parole est à M. Vincent Trébuchet.

M. Vincent Trébuchet . Nos agriculteurs n'ont pas obtenu de réponse de votre part. J'espère que vous les leur donnerez dans trois jours au Salon de l'agriculture. (Applaudissements sur les bancs du groupe UDR et sur plusieurs bancs du groupe RN.)

Données clés

Auteur : M. Vincent Trébuchet

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Politique extérieure

Ministère interrogé : Europe et affaires étrangères

Ministère répondant : Europe et affaires étrangères

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 20 février 2025

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