Situation au Proche-Orient
Question de :
Mme Nadège Abomangoli
Seine-Saint-Denis (10e circonscription) - La France insoumise - Nouveau Front Populaire
Question posée en séance, et publiée le 16 octobre 2024
SITUATION AU PROCHE-ORIENT
Mme la présidente . La parole est à Mme Nadège Abomangoli.
Mme Nadège Abomangoli . « Retirez vos casques bleus immédiatement » : telle est la menace adressée ce dimanche par le Premier ministre israélien Netanyahou à la Force intérimaire des Nations unies au Liban, garante de la paix et de la protection des civils.
Un député du groupe RN . Il n'y a que cela qui vous intéresse !
Mme Nadège Abomangoli . Depuis jeudi dernier, en effet, plusieurs bases ont été attaquées et cinq casques bleus ont été blessés par des tirs délibérés de l'armée israélienne. L'ONU a refusé le chantage de Netanyahou. Les casques bleus ne bougeront pas. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Nous saluons cette décision, et rendons hommage aux forces onusiennes – qui comptent 700 soldats français –, en première ligne pour assurer le maintien de la paix. (Mêmes mouvements.)
Votre ministère a affirmé, jeudi, que le Liban ne pourrait être un nouveau Gaza. Vous conviendrez donc que la dévastation de Gaza est révoltante. Hôpitaux, camps de réfugiés, écoles : à Gaza et jusqu'au Nord du Liban, nul n'est à l'abri. Les scènes d'horreur de personnes brûlées vives dans la cour de l'hôpital Al-Aqsa glacent le sang. (Mêmes mouvements.) Voilà où conduit la rhétorique de la guerre des civilisations : à la déshumanisation totale de l'autre. Non, il ne s'agit pas d'une guerre contre le Hezbollah et le Hamas. Netanyahou déploie une guerre suprémaciste contre les peuples palestiniens et libanais. (« Oh ! » sur les bancs du RN. – Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
De quelles atrocités supplémentaires devons nous être les témoins pour espérer un réveil des consciences et un sursaut moral des puissances occidentales alliées à Israël ? Son ambassadeur a été convoqué vendredi, mais pour quelles suites ? Vos timides initiatives sont bien vaines face au génocide en cours. En Europe, l'Espagne ouvre la voie, tandis que la France est à la traîne. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Quand allez-vous proposer une résolution pour sanctionner Israël, faire cesser les ventes d'armes, soutenir le Liban et reconnaître l'État palestinien ? Dans l'histoire des mouvements de libération des peuples, ce n'est pas la victoire militaire qui fait la différence, mais, bien souvent, la défaite morale de l'oppresseur.
M. Nicolas Meizonnet . C'est redondant !
Mme Nadège Abomangoli . Nous en sommes là : agissez donc pour la paix et pour la dignité ! (Mêmes mouvements.)
Mme la présidente . La parole est à M. le ministre de l’Europe et des affaires étrangères.
M. Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des affaires étrangères . Vos questions sur Gaza sont légitimes. Je vous propose, si vous en êtes d'accord, qu'à chaque fois que ces questions sont abordées nous ayons une pensée pour nos deux compatriotes toujours retenus dans l'enfer noir de la captivité : Ofer, 52 ans, père de famille, Ohad, 50 ans, père de famille. (Applaudissements sur les bancs des groupes Dem, RN, EPR, DR, HOR, LIOT et UDR ainsi que sur quelques bancs des groupes LFI-NFP, SOC, EcoS et GDR.)
Mme Mathilde Panot et M. Louis Boyard . Et les deux enfants morts à Gaza ? (Brouhaha.)
Mme la présidente . Un peu de silence, s'il vous plaît !
M. Jean-Noël Barrot, ministre . La France ne détourne le regard d'aucune victime civile et d'aucune victime parmi nos compatriotes. Il est vrai qu'au Liban, deux de nos compatriotes comptent parmi les milliers des victimes civiles des opérations militaires israéliennes.
Mme Mathilde Panot . Et les enfants de Gaza ?
M. Jean-Noël Barrot, ministre . Je vous remercie d'avoir mentionné le courage des 700 Français engagés dans le contingent de casques bleus de la Finul.
M. Ugo Bernalicis . Mais quelle action ? Répondez à la question !
M. Jean-Noël Barrot, ministre . Soyez assurés qu'avec le ministre des armées, nous suivons la situation d'heure en heure, afin de veiller à ce que leur sécurité soit préservée. Notre position est la suivante : la force de l'ONU doit rester en place pour pouvoir jouer tout son rôle quand le cessez-le-feu interviendra, et quand il sera nécessaire de préserver la stabilité du Sud-Liban, dans l'intérêt de l'unité et de la souveraineté du Liban, ainsi que dans celui de la sécurité d'Israël.
Quant à ce qui se joue au Liban, et qui touche les populations civiles que vous avez évoquées, c'est la France, encore une fois, qui accueillera, le 24 octobre prochain, la première conférence internationale de soutien au Liban, laquelle sera à la fois l'occasion de mobiliser tous nos partenaires sur le soutien humanitaire que nous devons au Liban,…
M. Ugo Bernalicis . Ça ne marche pas dans ces moments-là !
M. Jean-Noël Barrot, ministre . …de soutenir les forces armées libanaises, de soutenir la Finul et d'échanger avec nos partenaires sur l'avenir institutionnel de ce pays cher à la France.
Mme Nathalie Oziol . Ce sont des actes que nous demandons, pas des mots ! Des solutions concrètes !
Auteur : Mme Nadège Abomangoli
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Politique extérieure
Ministère interrogé : Europe et affaires étrangères
Ministère répondant : Europe et affaires étrangères
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 16 octobre 2024