Question écrite n° 4508 :
Difficultés d'accession au crédit immobilier pour les alternants

17e Législature

Question de : M. Jean-Luc Bourgeaux
Ille-et-Vilaine (7e circonscription) - Droite Républicaine

M. Jean-Luc Bourgeaux attire l'attention de Mme la ministre du travail, de la santé, des solidarités et des familles sur les difficultés d'accès au crédit immobilier pour les alternants. Les étudiants en alternance bénéficient d'une source de revenu stable grâce à leur contrat d'alternance, ce qui les place dans une position plus favorable pour obtenir un prêt étudiant immobilier par rapport aux étudiants à temps plein. De plus, l'alternance débouche souvent sur la signature d'un CDI. Cette stabilité financière devrait rassurer les banques quant à la capacité de remboursement des emprunteurs. Certains alternants bénéficient également d'un apport personnel et /ou de cautions. Malgré la qualité de leur dossier, souvent même reconnue par les banques elles-mêmes, ces dernières refusent d'accorder un prêt et faire jouer la concurrence bancaire n'est souvent pas suffisant. C'est pourquoi il lui demande, alors que les politiques publiques œuvrent en faveur de l'accession sociale à la propriété, quelles pourraient être les actions du Gouvernement en faveur de l'accessibilité des alternants au crédit immobilier.

Réponse publiée le 24 juin 2025

Le Gouvernement est conscient des difficultés que peuvent rencontrer les étudiants en alternance pour accéder au crédit immobilier. Il convient de rappeler qu'en matière de crédit immobilier, l'article L. 313-16 du code de la consommation dispose que « (…) le prêteur procède à une évaluation rigoureuse de la solvabilité de l'emprunteur. Cette évaluation prend en compte de manière appropriée les facteurs pertinents permettant d'apprécier la capacité de l'emprunteur à remplir ses obligations définies par le contrat de crédit. Le prêteur s'appuie dans ce cadre sur les informations nécessaires, suffisantes et proportionnées relatives aux revenus et dépenses de l'emprunteur ainsi que sur d'autres critères économiques et financiers (…) ». L'article R. 313-14 du même code vient préciser que l'évaluation de la solvabilité de l'emprunteur repose notamment sur « (…) les revenus de l'emprunteur (…) son épargne, (…) ses actifs ». Il résulte de ces textes que le prêteur a l'obligation de vérifier que l'emprunteur sera en mesure de rembourser son crédit, puisque son obligation principale découlant du contrat de crédit est le paiement de ses échéances. L'obligation du prêteur est donc de rechercher si l'emprunteur pourra, au regard de ses revenus notamment, faire face à ses échéances. Dans ce cadre, toute somme perçue de manière régulière et durable peut constituer un facteur pertinent qui peut être pris en compte dans les revenus de l'emprunteur. En effet, il n'existe pas de liste réglementaire exhaustive des sources de revenus devant être nécessairement prises en compte dans l'évaluation de la solvabilité. Les banques prennent en compte les revenus et les aides matérielles régulières en fonction notamment des renseignements de revenus et charges fournis par l'emprunteur, mais gardent la possibilité de ne pas les intégrer si leur perception est aléatoire. Les banques étant responsables des risques qu'elles acceptent de supporter sont de ce fait, seules décisionnaires en matière d'octroi de prêts, en fonction de l'appréciation qu'elles portent sur la situation financière de leurs clients et des garanties offertes. L'obtention d'un crédit immobilier pour un étudiant en alternance est donc soumise aux conditions générales pour obtenir un crédit immobilier notamment celle susmentionnée concernant l'évaluation de la solvabilité d'un emprunteur. Les banques pourront cependant être plus exigeantes notamment concernant la stabilité de l'alternance, la capacité de remboursement du crédit à la fin de l'alternance, la régularité des revenus dans le cadre de l'alternance. Par ailleurs, afin de favoriser l'accession à la propriété des ménages, il convient toutefois de signaler que, sous certaines conditions, les ménages peuvent également bénéficier du prêt à taux zéro (PTZ). Dispositif de soutien d'accession à la propriété, le PTZ est un prêt sans intérêt destiné aux ménages primo-accédants (qui n'ont pas été propriétaires de leur résidence principale au cours des deux années précédentes et qui l'occupent au moins huit mois par an). Ce prêt est accordé sous conditions de ressources à des ménages aux revenus modestes ou intermédiaires. En tant que prêt complémentaire, il ne peut financer la totalité de l'opération immobilière et ne peut excéder le montant du ou des autres prêts : il doit donc nécessairement être adossé à un ou plusieurs autres prêts tel qu'un prêt immobilier bancaire classique par exemple. Le prêt à taux zéro est un produit intéressant puisque l'emprunteur ne supporte aucun intérêt et peut bénéficier, selon ses revenus et la localisation du bien, d'un prêt d'une durée maximale fixée entre 10 et 25 ans et combinant une période de différé d'amortissement. Depuis le 1er avril 2025, le PTZ a été étendu à l'ensemble des logements neufs, individuels et collectifs, sur tout le territoire et vise à favoriser son accès à un plus grand nombre de ménages. En complément, plusieurs autres dispositifs sont également mis en œuvre dans le but de faciliter l'accession à un logement stable pour les jeunes alternants à proximité de leur lieu de travail, tels que les aides à la mobilité proposées par Action Logement. À titre d'illustration, l'aide Mobili-jeune vise ainsi à prendre en charge une partie du loyer des jeunes de moins de 30 ans, alternant d'une entreprise du secteur privé, et peut être sollicitée sur deux années de formation. Le Gouvernement ne peut qu'encourager les futurs emprunteurs à se rapprocher de leur conseiller bancaire et de leur établissement de crédit afin d'étudier finement les montages financiers susceptibles de permettre la concrétisation de projet immobilier.

Données clés

Auteur : M. Jean-Luc Bourgeaux

Type de question : Question écrite

Rubrique : Logement : aides et prêts

Ministère interrogé : Travail, santé, solidarités et familles

Ministère répondant : Économie, finances, souveraineté industrielle et numérique

Dates :
Question publiée le 25 février 2025
Réponse publiée le 24 juin 2025

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