Montée des violences et de l'insécurité dans l'Oise
Question de :
M. Alexandre Sabatou
Oise (3e circonscription) - Rassemblement National
M. Alexandre Sabatou alerte M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur sur la recrudescence des violences et des atteintes à l'ordre public constatées dans le département de l'Oise ces dernières mois. Plusieurs incidents alarmants témoignent d'une montée inquiétante de l'insécurité : le 15 décembre 2024, à Chambly, trois pompiers en intervention ont été victimes de violences physiques et verbales, ainsi que de menaces à l'arme blanche. Le 28 décembre 2024, à Boran-sur-Oise, une perquisition effectuée par les gendarmes de Saint-Leu-d'Esserent a révélé la présence dans un appartement de 90 g de cannabis, d'armes, d'argent liquide, ainsi que de matériel de conditionnement de stupéfiants. Le 17 décembre 2024, un lycéen a été blessé lors d'une tentative d'extorsion, à Montataire. Le 10 février 2025, les sapeurs-pompiers de Méru ont été la cible de projectiles alors qu'ils étaient en pleine intervention pour éteindre des feux de poubelles sur la voie publique. Ces évènements, de plus en plus fréquents, traduisent une dégradation préoccupante de la sécurité publique dans des territoires ruraux et périurbains, qui ne sont pourtant pas considérés comme des territoires sensibles. Cela révèle la nécessité de renforcer la présence et les moyens des forces de l'ordre, d'améliorer les dispositifs de prévention et de lutter efficacement contre la criminalité. Il lui demande quelles mesures concrètes le Gouvernement envisage de mettre en œuvre pour rétablir l'autorité de l'État et garantir la sécurité des citoyens, en particulier dans les communes rurales et périurbaines souvent délaissées dans les politiques publiques.
Réponse publiée le 15 juillet 2025
Le Gouvernement œuvre activement pour lutter contre l'hyperviolence et la délinquance en général. Dans l'Oise. Il convient de souligner que la plupart des indicateurs de la délinquance sont en baisse en 2024 en zone gendarmerie (source SSMSI) : les violences physiques non crapuleuses ont diminué de 8,73 %, les violences physiques crapuleuses de 2,99 %, les violences sexuelles de 25,09 % et les vols avec violences de 3,55 %. Dans la zone police, les atteintes volontaires à l'intégrité physique ont également baissé en 2024 (- 3,4%), notamment les violences physiques crapuleuses (- 11,3%) et non crapuleuses (- 9,8%), de même que les vols violents sans armes (- 14,3%). Pour l'ensemble du département (zones police et gendarmerie), les données du service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) font apparaître en 2024 et par comparaison avec 2023, une baisse des tentatives d'homicide (- 7 %), une baisse des coups et blessures volontaires (- 4,2 %), une baisse des cambriolages de logement (- 7,1 %) et une stabilisation des violences sexuelles (- 0,3 %) et une baisse des vols violents sans arme (- 5,4 %). Face à ces enjeux, le Gouvernement a engagé des actions concrètes et ambitieuses matérialisées tout d'abord par une présence accrue sur le terrain : entre août 2023 et juillet 2024, la gendarmerie nationale a augmenté sa présence de voie publique de 9,2 % par rapport à la période précédente. L'objectif est de doubler cette présence d'ici 2030, car l'approche de proximité permet une meilleure connaissance de la population, de ses besoins et problématiques, de façon à dissuader ainsi les comportements agressifs ou nuisibles. La gendarmerie comme la police développent un partenariat renforcé avec les collectivités territoriales : le dispositif de « participation citoyenne », déployé depuis 2011, permet d'associer la population à la prévention de la délinquance. La gendarmerie et la police s'impliquent activement dans les conseils locaux de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD) et encourage le développement des polices municipales ainsi que de la vidéoprotection. Dans le cadre de la mise en œuvre du plan d'action départemental de restauration de la sécurité du quotidien, la police nationale va en outre augmenter le nombre de ses « groupes de partenariat opérationnel » (GPO). Enfin, l'adaptation de l'arsenal juridique, grâce à la loi du 20 novembre 2023 d'orientation et de programmation du ministère de la justice, permet désormais d'améliorer les règles encadrant les enquêtes judiciaires. Le développement de l'amende forfaitaire délictuelle (AFD) permet également de lutter concrètement contre l'impunité. Ces mesures, tant au niveau local dans le groupement de l'Oise qu'au niveau national, par leur ampleur et leur caractère structurel, répondent aux attentes légitimes de nos concitoyens en matière de sécurité. Signe de l'importance grandissante accordée par les élus et les administrés à la sécurité et à la tranquillité publique, la montée en puissance des moyens humains et matériels de la gendarmerie, de la police nationale et des polices municipales alliée à une proximité toujours plus forte dans les territoires, demeure une préoccupation quotidienne du ministère de l'Intérieur. Alors que le ministère de l'Intérieur a engagé une réflexion collective sur la sécurité du quotidien dans le cadre du Beauvau des polices municipales, il convient de rappeler que la radicalisation des comportements violents en France impose de renforcer le continuum de sécurité. Les travaux portent à la fois sur le corpus législatif et réglementaire, mais également sur les moyens techniques dont bénéficient les forces de sécurité étatiques et les polices municipales en France. Cette politique de sécurité du quotidien au plus près des besoins et attentes de la population et de ses élus, a été réaffirmée à travers la récente mise en place des plans d'action départementaux de restauration de la sécurité du quotidien (PADRSQ). Dans l'Oise, les forces de sécurité intérieure de l'État sont pleinement mobilisées en ce sens. Depuis mi-janvier 2025, le groupement de gendarmerie départementale de l'Oise (GGD 60) s'est engagé dans la lutte pour la sécurité dans le cadre du PADRSQ 60 et d'un plan départemental et régional de lutte contre les stupéfiants. Dans cette optique, les villes de Méru et Noyon sont traitées prioritairement par la concentration des moyens et des actions sur ces secteurs ciblés. En zone police, la priorité est donnée aux circonscriptions de police nationale (CPN) de Creil et de Beauvais. En zone gendarmerie, deux groupes de circonstance chargés de lutter contre les phénomènes récurrents ou sériels impactant le GGD 60 ont également été créés : le premier dédié à l'économie souterraine à Méru et un second spécialisé dans la lutte contre les stupéfiants à Noyon. Les premiers résultats sont encourageants. En 2024, le GGD 60 a recensé 10 158 faits de délinquance de voie publique, soit une diminution de 3,62% par rapport à 2023. Cette tendance à la baisse se poursuit sur les premiers mois de 2025, comparés à la même période de 2024. À Noyon, la baisse est significative (-24% en 2024 par rapport à 2023). Pour Méru, les chiffres sont en légère hausse pour 2024 (+3,7%), toutefois les premiers chiffres de 2025 affichent une baisse (-19% par rapport à 2024). Dans l'ensemble du département, de nombreuses opérations de polices judiciaire et administrative ont par ailleurs déjà été réalisées et sont programmées pour lutter contre la délinquance du quotidien, en parallèle à de nouvelles actions partenariales. Ainsi, des groupes spécialisés ont été mis en place pour lutter contre les problématiques spécifiques, le groupe de lutte contre l'économie souterraine (GLES) à Méru, le groupe de lutte contre les stupéfiants à Noyon et le groupe de lutte contre les infractions liées à l'automobile à Senlis. Le GGD 60 renforce donc ses partenariats et ses contacts, consolide son empreinte au sol et construit une riposte judiciaire adaptée, en lien avec le parquet. Le groupe interministériel de recherche (GIR) et la section de recherches d'Amiens sont très impliqués dans ces dossiers. En zone police, les forces sont également mobilisées dans le cadre de la mise en œuvre du plan d'action départemental de restauration de la sécurité du quotidien (PADRSQ), et plus précisément au titre des trois objectifs prioritaires fixés : être présent sur tous les « points de haute visibilité », en renforçant la visibilité des forces de police (ex. : gare routière et gare SNCF à Beauvais), notamment en multipliant les patrouilles pédestres, en lien avec les polices municipales ; lutter contre la délinquance de voie publique, en renforçant le continuum de sécurité ; lutter contre le trafic de stupéfiants, notamment en déstabilisant les réseaux délinquants à travers des opérations judiciaires de fond. Depuis le début de l'année, les services de police multiplient les opérations de voie publique et les dispositifs de lutte contre le trafic. Dans la circonscription de police nationale de Creil par exemple, plus de 70 opérations visant le démantèlement de points de deal ont été menées de janvier à avril 2025, aboutissant à près de 50 gardes à vue et d'importantes saisies (7,6 kg de résine de cannabis, 2,5 kg d'herbe, 12 000 € d'avoirs criminels, etc.). Le harcèlement des points de deal et l'occupation de la voie publique vont se poursuivre, de même que les opérations de contrôle dans les transports en commun et de sécurisation des établissements scolaires. S'agissant plus spécifiquement de la lutte contre le trafic de stupéfiants, les infractions liées à la consommation et au trafic de stupéfiants sont en hausse dans le département, ce qui traduit notamment l'action volontariste des unités de gendarmerie dans la constatation, d'initiative, de ces délits. Cet indicateur démontre en particulier leur implication quotidienne dans cette lutte. En effet, l'augmentation du démantèlement des trafics locaux est l'un des objectifs du plan de lutte contre les stupéfiants. Par conséquent, dans le cadre des découvertes de stupéfiants lors de contrôles routiers, il est procédé, à chaque fois que les conditions et les moyens le permettent, à des perquisitions domiciliaires menant souvent à des saisies. Du 15 au 19 avril 2024, une « opération place nette » a mobilisé 1 000 militaires qui ont contrôlé 18 sites et plus de 3 000 personnes et véhicules. Ils ont sécurisé 8 gares, interpellé 54 personnes dont 24 placées en garde à vue et 10 incarcérées, et ont saisi des produits stupéfiants (plus de 19 000 euros d'avoirs numéraires ainsi que 6 armes). En zone police, comme en zone gendarmerie, la lutte contre le trafic de stupéfiants implique également une occupation forte du terrain sur les lieux de consommation et les points de deal, et une systématisation de la verbalisation des consommateurs. En zone police, ce sont 589 amendes forfaitaires délictuelles en matière de stupéfiants qui ont été dressées au cours des seuls 4 premiers mois de 2025. Les efforts dans l'Oise portent également sur un déploiement d'effectifs à haut niveau. En 2024, les effectifs réalisés du GGD 60 sont revenus au niveau de ceux de 2022, notamment grâce à la politique volontariste d'affectation, en nombre, d'élèves gendarmes au printemps et à l'été 2024. La direction interdépartementale de la police nationale (DIPN) de l'Oise s'appuie, elle, sur 693 agents (données à fin décembre 2024), alors que cet effectif était de 675 fin 2023 à périmètre identique. Dans le cadre de la mise en œuvre du plan national de création des 239 brigades entre 2024 et 2027, la brigade territoriale mobile de la Vallée de l'Oise, composée de 10 militaires dont 4 provenant du groupe local de contrôle des flux de Senlis, a été créée. En parallèle, plusieurs dispositifs de sécurité et prévention existent dans le GGD 60, notamment une maison de protection des familles (MPF) armée par 6 personnels et 60 référents violences intra-familiales (VIF) répartis au sein des unités territoriales. Dans l'Oise, 192 communes sont équipées de la vidéoprotection pour 2 493 caméras sur la voie publique et un déport des images existe pour 115 communes vers le CORG (centre d'opérations et de renseignements de la gendarmerie). Par ailleurs, 316 communes ont mis en œuvre un protocole participation citoyenne, et on dénombre 63 polices municipales en zone gendarmerie et 3 dispositifs spécifiques d'alerte : alerte commerces, alerte Agri-60 et alerte entreprises.
Auteur : M. Alexandre Sabatou
Type de question : Question écrite
Rubrique : Sécurité des biens et des personnes
Ministère interrogé : Intérieur
Ministère répondant : Intérieur
Dates :
Question publiée le 25 février 2025
Réponse publiée le 15 juillet 2025