Question au Gouvernement n° 459 :
Financement des dépenses de défense

17e Législature

Question de : Mme Aurélie Trouvé
Seine-Saint-Denis (9e circonscription) - La France insoumise - Nouveau Front Populaire

Question posée en séance, et publiée le 12 mars 2025


FINANCEMENT DES DÉPENSES DE DÉFENSE

Mme la présidente . La parole est à Mme Aurélie Trouvé.

Mme Sarah Legrain . La présidente Aurélie Trouvé !

Mme Aurélie Trouvé . Le monde bascule ; notre pays doit faire des choix hautement stratégiques.

Monsieur le premier ministre, Jaurès disait que le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte en elle l’orage. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. – «Ah ! » sur plusieurs bancs du groupe RN.) Vos ministres appellent à une économie de guerre, mais ils n'ont aucune idée de ce qu'elle désigne.

Jaurès avait raison, puisque vous passez complètement à côté de l’enjeu historique : plutôt qu’une économie de guerre, il faut construire une économie de paix. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

En quoi consisterait-elle ? D'abord, à accroître l'indépendance de notre défense. Oui, il faut augmenter les commandes publiques passées aux entreprises françaises et donc relocaliser notre industrie. Cela suppose un plan, en commençant par maintenir ce qu'il reste de production stratégique, telle que l'usine chimique Vencorex. (Mêmes mouvements.) Mais vous ne le faites pas ! Vous préférez inféoder notre défense au marché !

Alors que l'économie de paix consisterait à soutenir un effort massif de formation et de recherche publique, car nos capacités de défense dépendent de nos technologies, de nos ingénieurs et d'une intelligence artificielle autonome, vous empêchez tout cela par vos coupes budgétaires monstrueuses. (Mêmes mouvements.)

Mme Mathilde Panot . Excellent !

Mme Aurélie Trouvé . Alors qu'elle consisterait, au nom de notre indépendance, à planifier notre souveraineté en matière alimentaire ou numérique, vous continuez à signer des accords de libre-échange et vous abandonnez Alstom ou Atos à des capitaux étrangers. (Mêmes mouvements.)

Elle consisterait aussi à faire bifurquer la production pour nous adapter au réchauffement climatique et l'endiguer, car il menace tous nos territoires, à commencer par les outre-mer.

Alors qu'elle consisterait à en finir avec les hydrocarbures, qu'ils soient russes, américains ou que sais-je, vous remettez en cause la décarbonation de notre économie ! (Mêmes mouvements.)

Alors qu'elle consisterait à renforcer la coopération économique avec la francophonie et le Sud global, vous préférez affaiblir l’aide au développement et briser des relations historiques. (Mêmes mouvements.)

Alors qu'une économie de paix consisterait, enfin, à fortifier l’unité du peuple par la démocratie et le partage des richesses, vous annoncez 50 milliards d'euros de plus pour l'armement, sans demander un seul effort aux plus riches et aux grands groupes ! (Mêmes mouvements – «Ah ! » sur plusieurs bancs des groupes RN et UDR.)

M. Laurent Jacobelli . Nous y voilà !

Mme Aurélie Trouvé . Qui financera votre politique absurde ? En l’état, votre seule option revient à détruire la protection sociale et les services publics, donc à provoquer la guerre sociale. (Les députés du groupe LFI-NFP se lèvent et applaudissent.)

Mme la présidente . La parole est à M. le ministre chargé de l’industrie et de l’énergie.

M. Marc Ferracci, ministre chargé de l'industrie et de l'énergie . Parler d'économie de guerre n'a pas de sens puisque nous ne sommes pas en guerre ;…

Mme Nathalie Oziol . C'est à Emmanuel Macron qu'il faut le dire !

M. Marc Ferracci, ministre . …mais nous devons, compte tenu des nouvelles menaces, en particulier celles que fait planer la Russie et qui se concrétisent chaque jour, amorcer un effort en matière de défense et de dissuasion. Non pas pour faire la guerre, mais pour garantir la paix.

C'est en tant qu'Européens que nous devons assumer cet effort (« Ah ! » sur plusieurs bancs du groupe RN),…

M. Laurent Jacobelli . Et en responsabilité !

M. Marc Ferracci, ministre . …en nous appuyant sur ce qui a déjà été réalisé en matière de réindustrialisation.

Notre base industrielle et technologique de défense (BITD) se fonde sur 4 000 entreprises et 200 000 salariés qui œuvrent pour que notre industrie soit capable de produire ce qui est nécessaire sur les champs de bataille.

M. Bastien Lachaud . Et Vencorex ?

M. Marc Ferracci, ministre . Nous continuerons à soutenir notre BITD, qui a accompli des progrès très significatifs ces dernières années. Depuis 2022, les capacités de production de canons ont triplé et les capacités de production de missiles ont quadruplé. C'est la preuve que nous pouvons monter en charge et faire face aux nouvelles menaces.

Madame Trouvé, nous sommes déterminés à réindustrialiser le pays, à renforcer nos chaînes de valeur et à participer à cet effort pour notre sécurité et celle des Européens.

M. Thibault Bazin . Il reste encore beaucoup à faire !

M. Marc Ferracci, ministre . Nous identifierons prochainement les moyens pour financer cet effort, qui ne vise pas la guerre mais bien la paix. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EPR.)

Données clés

Auteur : Mme Aurélie Trouvé

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Défense

Ministère interrogé : Industrie et énergie

Ministère répondant : Industrie et énergie

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 12 mars 2025

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