Coup mortel à la culture dans le département de l'Hérault
Publication de la réponse au Journal Officiel du 27 mai 2025, page 3896
Question de :
Mme Nathalie Oziol
Hérault (2e circonscription) - La France insoumise - Nouveau Front Populaire
Mme Nathalie Oziol appelle l'attention de Mme la ministre de la culture sur la suppression dans le département de l'Hérault de 100 % des subventions à la culture non-obligatoires pour l'année 2025, à l'initiative du président du Département de l'Hérault, M. Kléber Mesquida. Annoncée le 27 janvier 2025 lors d'une réunion avec les vice-présidences, sans concertation des partenaires, cette décision a été confirmée par M. Mesquida, qui précise par communiqué qu'il s'agit d'une réduction couperet de 48 % des subventions accordées à la culture. Cette réduction budgétaire sans précédent vient directement attaquer les salariés du spectacle ainsi que tous les acteurs et actrices de la culture. Les professionnels alertent sur les conséquences dramatiques de cette décision et estiment que dans l'Hérault, en 2025, plus d'un intermittent sur trois va perdre son statut. Le monde du théâtre s'inquiète des répercussions directes sur les programmations, comme à Sète, où Mme Sandrine Mini, directrice du théâtre Molière, dresse un tableau morose de l'avenir professionnel des salariés du spectacle. Le conseil départemental de l'Hérault porte un coup mortel et sans précédent aux structures culturelles et ses acteurs et actrices. M. Mesquida est le seul président de département qui choisit de consacrer zéro euro aux dépenses non obligatoires. Il se met dans les pas de Mme Christelle Morançais, présidente de la région Pays de la Loire qui, elle, assume totalement des coupes budgétaires drastiques et une austérité sans précédent dans le budget 2025 de la région. Mme Morançais a fait voter en décembre 2024 une suppression de 82 millions d'euros de subventions incluant celles dédiées à la culture, avec la suppression totale ou partielle des subventions à des festivals emblématiques et une baisse de 3 millions d'euros rien que pour le monde culturel nantais. Mais il faut dire que ces élus locaux ont de quoi s'inspirer et des arguments tout trouvés : en effet le Gouvernement lui-même, dans un amendement présenté au Sénat, a fait adopter 130 millions de coupes pour la culture et 2,2 milliards en moins sur les collectivités territoriales avant d'imposer son budget par 49.3 faute de majorité. Cette baisse drastique des moyens alloués à la culture est une atteinte grave aux valeurs fondamentales de la République, puisqu'elle crée une inégalité d'accès de fait. C'est l'inverse de la nécessaire démocratisation de l'accès à la culture et, pour cause, avec les coupes budgétaires annoncées, les structures annoncent devoir augmenter leurs tarifs pour l'année 2025. C'est, encore une fois les plus précaires, les plus pauvres qui seront donc exclus. Lorsque l'on sait que chaque euro investi dans la culture et le patrimoine rapporte jusqu'à 21 euros de retombées économiques, cette décision est à contre-courant de l'intérêt économique. Ces associations culturelles font vivre le territoire, elles animent la vie des villages, elles sont parfois la dernière source d'animation locale. Les supprimer reviendrait à tuer dans l'œuf la vie locale. Enfin, la culture joue un rôle crucial dans l'émancipation, le développement de l'esprit critique et de la citoyenneté : la mettre à mort, c'est livrer la société aux idéologies consuméristes et réactionnaires et au repli sur soi. Par conséquent, elle lui demande si elle va renoncer à toutes les coupes effectuées dans le budget de la culture, de s'opposer à celles faites dans le budget des collectivités territoriales, prendre des mesures pour garantir des budgets suffisants dans toutes les collectivités de France et agir pour qu'aucun département ne soit amené à baisser le budget culture.
Réponse publiée le 27 mai 2025
Le ministère de la culture a pris acte du vote du budget de la culture du département de l'Hérault à hauteur de 9,1 millions d'euros en 2025. Pour mémoire, le budget a été voté à hauteur de 12,4 millions d'euros en 2024, soit une baisse effective de 26 %. Par ailleurs, convaincu du rôle que joue la culture en faveur de l'émancipation, de l'esprit critique et de la citoyenneté, le ministère de la culture a signé avec l'association Départements de France, le 11 mars dernier, un engagement commun en faveur de la culture. Cette signature témoigne d'une ambition partagée : faire de la culture un levier d'attractivité et de cohésion dans chaque territoire, au plus près des habitants. Elle marque une étape clé dans le renouvellement et le renforcement de la coopération entre l'État et les départements. Les priorités posées par cet engagement au niveau national mobilisent pleinement les directions régionales des affaires culturelles (DRAC/DAC) et les conseils départementaux. Forts de cet engagement, le ministère de la culture et l'association Départements de France réaffirment leur volonté de travailler étroitement pour développer des politiques culturelles inclusives, innovantes et adaptées à chaque territoire. En ce qui concerne le budget du ministère de la culture relatif à la création, il faut rappeler que, malgré le contexte très contraint pour les finances publiques, les crédits qui ont été notifiées aux DRAC en 2025 sont à l'euro près les mêmes que ceux qui ont été exécutés en 2024. Ils seront alimentés en cours d'année par des crédits complémentaires, afin de mettre en œuvre une deuxième vague de soutien dans le cadre du plan « Mieux produire, mieux diffuser ». Ainsi, plus que jamais, le ministère de la culture se tient aux côtés des territoires et des artistes qui les font vivre.
Auteur : Mme Nathalie Oziol
Type de question : Question écrite
Rubrique : Culture
Ministère interrogé : Culture
Ministère répondant : Culture
Signalement : Question signalée au Gouvernement le 5 mai 2025
Dates :
Question publiée le 4 mars 2025
Réponse publiée le 27 mai 2025