Quart d’heure lecture
Question de :
Mme Géraldine Bannier
Mayenne (2e circonscription) - Les Démocrates
Question posée en séance, et publiée le 13 mars 2025
QUART D'HEURE LECTURE
Mme la présidente . La parole est à Mme Géraldine Bannier.
Mme Géraldine Bannier . C'était hier le jour du « quart d'heure lecture » national, dont la quatrième édition a été marquée en soirée, pour la première fois, par une lecture au Panthéon. J'invite chacun, ici et partout en France, à multiplier ces bons quarts d'heure, ces minutes de temps suspendu, le nez plongé dans un bouquin, uniquement captivé par l'intrigue désopilante ou haletante, par l'atmosphère oppressante ou détendue, habilement tramées et imaginées par l'auteur.
Je me souviens des paroles qui fusaient ici ou là l'an passé, lorsque je vous ai posé la même question : « Quinze minutes, ce n'est rien ! » Ce n'est rien, mais c'est beaucoup, quand on a l'habitude de passer sa vie scotché au smartphone, l'attention captée par mille et une préoccupations du quotidien, sursollicité, surmené. Ces minutes de lâcher-prise, de prise de recul, sont si nécessaires quand le monde nous inquiète.
Un constat fait mal au cœur : la pratique de la lecture décroît, notamment chez les plus jeunes. L'enquête d'avril 2024 du Centre national du livre indique qu'un jeune de 16 à 19 ans sur trois ne lit pas du tout dans le cadre de ses loisirs. C'est pourtant un levier si puissant pour ouvrir la voie de tous les possibles…
M. Pierre Cordier . Il y a plein de gens qui ne savent pas lire !
Mme Géraldine Bannier . Multiplions donc les quarts d'heure lecture dans les écoles, dans les institutions ou encore dans les entreprises. Soyons-en tous les ambassadeurs. Je vois fleurir avec joie dans mon territoire des boîtes à livres et des bibliothèques, comme un antidote à la décérébration ambiante, à la réflexion nulle, plate ou sans nuance. Comment pouvons-nous amplifier le phénomène, soutenir encore davantage les bénévoles de la lecture et porter plus loin l'ambition, qui n'a jamais été si urgente, d'être un peuple de lecteurs ? (Applaudissements sur les bancs des groupes Dem et GDR.)
Mme la présidente . La parole est à Mme la ministre de la culture.
Mme Rachida Dati, ministre de la culture . Vous avez raison, la lecture est essentielle pour la construction citoyenne et humaine de chacun. Le quart d'heure lecture n'est pas un gadget ; c'est une initiative très utile. La quatrième édition a été lancée au Panthéon par des lectures publiques. C'est un moyen d'encourager à la lecture, d'accéder à la lecture, y compris, monsieur Cordier, pour ceux qui ne savent pas lire : pour certains, écouter une telle lecture publique constitue le premier accès à la lecture.
L'opération vise à encourager les Français à lire de plus en plus, et partout. La lecture peut évidemment avoir lieu à l'école – Élisabeth Borne et moi y travaillons –, au musée, au centre de loisirs, dans une bibliothèque, mais aussi à l'hôpital. Catherine Vautrin, Yannick Neuder et moi-même nous employons à développer la lecture à l'hôpital. En 2024, en lien avec l'AP-HP, j'ai souhaité lancer le programme dit Mots parleurs, qui propose de la lecture voix haute pour les enfants dans les hôpitaux psychiatriques. Cette opération a rencontré un vif succès ; en 2025, dix-huit hôpitaux y participeront dans toute la France.
Vous avez raison de souligner que l'action publique présente encore quelques faiblesses en matière de lecture partagée, c'est pourquoi je souhaite l'amplifier dans deux domaines. Le premier concerne la petite enfance ; toutes les études scientifiques démontrent l'influence positive de la lecture sur le neurodéveloppement des enfants, même sur celui des tout-petits qui ne savent pas encore lire par eux-mêmes. Le second concerne les jeunes de 12 à 14 ans : 75 % d'entre eux déclarent adorer qu'on leur fasse la lecture, mais à peine 11 % bénéficient de lectures partagées. C'est tout le sens de la politique que nous souhaitons continuer à mener. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes EPR, DR, Dem et HOR.)
Mme la présidente . La parole est à Mme Géraldine Bannier.
Mme Géraldine Bannier . Faisons en sorte que la lecture ne devienne jamais un combat d'arrière-garde ; elle rend lucide et agrandit l'âme. Je compte sur les députés présents, moins nombreux qu'hier, pour porter cette bonne parole. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe Dem et sur quelques bancs des groupes EPR et HOR. – Mme Stella Dupont applaudit également.)
Auteur : Mme Géraldine Bannier
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Culture
Ministère interrogé : Culture
Ministère répondant : Culture
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 13 mars 2025