Hausse du nombre de cas de cancers chez les jeunes
Question de :
Mme Florence Goulet
Meuse (2e circonscription) - Rassemblement National
Mme Florence Goulet interroge Mme la ministre du travail, de la santé, des solidarités et des familles sur l'augmentation du nombre de cancers chez les jeunes. En effet, selon une récente étude de Santé publique France, l'incidence de six cancers a augmenté chez les 15-39 ans entre 2000 et 2020. Cette étude révèle un rajeunissement sans précédent des patients. Par ailleurs, les cas de cancers augmentent de manière générale dans l'ensemble de la population notamment ceux affectant le cerveau, les seins et le système digestif. Le rapport souligne également que les stratégies de prévention mises en place au cours des vingt dernières années ont permis d'endiguer l'apparition de certains types de cancers, démontrant ainsi l'importance des politiques de prévention et de sensibilisation. Dans le même temps, les facteurs de risque deviennent de plus en plus diffus, multiples et difficiles à identifier, en raison de l'évolution des modes de vie et de consommation ancrés et normalisés par la société. Cette complexité rend plus difficile la prévention et la détection précoce de ces maladies. Aussi, elle lui demande si elle envisage de renforcer et adapter les stratégies nationales de prévention des cancers, en tenant compte de ces nouvelles réalités notamment chez les jeunes générations.
Réponse publiée le 24 juin 2025
La prévention des cancers est une thématique majeure du ministère en charge de la santé. L'étude EPI-AJA « Incidence des cancers chez les adolescents et jeunes adultes, âgés de 15 à 39 ans et évolutions entre 2000 et 2020 dans les départements de France hexagonale couverts par un registre général » a été réalisée dans le cadre du partenariat associant Santé publique France, l'Institut national du cancer (INCa), le réseau des registres des cancers FRANCIM et les hospices civils de Lyon, avec le soutien financier de la Ligue contre le cancer. Elle relève que si l'incidence de certains cancers est en diminution, tels que les mélanomes et les cancers de la tête et du cou, une hausse moyenne annuelle de l'incidence a été constatée sur cette même période pour six cancers : lymphomes de Hodgkin (+1,86 %), glioblastomes (+6,11 %), liposarcomes (+3,68 %), carcinomes colorectaux (+1,43 %), carcinomes du sein (+1,60 %), carcinomes du rein (+4,51 %). Ces pathologies sont multifactorielles. La discussion au sein de l'étude EPI-AJA mentionne des facteurs de risque potentiels tels que l'obésité, les variations dans les comportements liés à la procréation et à la moindre pratique de l'allaitement, les habitudes de consommation d'alcool et de tabac, des prédispositions génétiques, l'exposition à des rayonnements, à des pesticides… Les bilans prévention, mis en place en 2024, à des âges clés de la vie, entre 18 et 25 ans ; 45 et 50 ans ; 60 et 65 ans ; 70 et 75 ans, ont notamment pour objectif de donner des conseils personnalisés et adaptés pour prévenir le risque de développer des maladies chroniques, notamment le risque de cancers. La détection des facteurs de risque liés au comportement et l'aide au changement de comportement, en lien avec les rendez-vous prévention sont une priorité du ministère chargé de la santé. Depuis plusieurs années, l'INCa finance une campagne de prévention primaire des cancers, reconduite de nouveau en 2025. Concernant l'obésité, un ensemble de mesures concrètes et ancrées dans le quotidien sont rassemblées dans le Programme national nutrition santé (PNNS) et la Stratégie nationale sport-sante (SNSS). En particulier, l'utilisation du Nutri-Score ; la réduction de l'exposition des enfants au marketing alimentaire ; l'actualisation des recommandations alimentaires réalisées par Santé publique France et disponibles sur le site ressource mangerbouger.fr et des campagnes de promotion de l'activité physique pour le grand public ou encore le déploiement des maisons sports santé et la facilitation de l'accès au sport sur ordonnance. La promotion de l'allaitement maternel est également un des objectifs du PNNS depuis 2001. Une nouvelle dynamique est en cours avec la préparation en 2025 du futur PNNS 5 et de la future SNSS. La dernière édition du PNNS, le PNNS 4, prévoit d'accompagner les femmes avant, pendant, après leur grossesse et durant l'allaitement maternel. Un nouveau Programme national de lutte contre le tabac 2023-2027 (PNLT) a été lancé. Il est structuré sur 5 axes : - préserver l'entrée dans le tabagisme en particulier chez les jeunes ; - accompagner les fumeurs, en particulier les plus vulnérables, vers l'arrêt du tabac ; - préserver notre environnement de la pollution liée au tabac ; - transformer les métiers du tabac et lutter contre les trafics ; - améliorer la connaissance sur les dangers liés au tabac et les interventions pertinentes. Le PNLT comporte 26 mesures dont l'augmentation du prix, l'élargissement des espaces sans tabac, l'instauration du paquet neutre pour tous les produits du tabac et du vapotage, l'interdiction des produits de vapotage jetables dits « puffs », etc. Le renforcement de la lutte contre le tabac doit rester une priorité particulièrement pour les jeunes afin qu'ils n'entrent pas dans le tabagisme. Concernant la consommation d'alcool, la stratégie de prévention est notamment basée sur la réduction des risques et des dommages et sur la base des « repères de consommation à moindre risque », établis scientifiquement en 2017 (2 verres par jour / pas tous les jours). Dans un objectif de prévention, des campagnes de marketing social, ont été développées. A titre d'exemple, on peut citer les dispositifs « Amis aussi la nuit » puis « C'est la base » ciblant les jeunes de 17 à 25 ans dans le but de réduire la consommation de substances psychoactives, dont l'alcool, et de renforcer la solidarité et la vigilance entre pairs, ou bien encore la campagne « Pendant la grossesse, c'est zéro alcool » à destination des femmes et de leur entourage. Le Gouvernement porte, à travers la Stratégie Ecophyto2030, l'objectif de réduire de 50 % l'usage des pesticides à l'horizon 2030 par rapport à la période 2011-2013, une meilleure connaissance des risques pour la santé des pesticides, une meilleure information sur ces risques (notamment avec le déploiement d'une plateforme de réponse aux questions que se posent les citoyens sur les expositions aux pesticides), et le soutien des études afin d'améliorer la connaissance sur le lien entre pesticides et santé. La Stratégie Ecophyto 2030 est dotée de moyens financiers inédits. La prévention des cancers constitue le premier axe de la stratégie décennale de lutte contre le cancer 2021-2030 et elle occupera une place centrale de la feuille de route 2026-2030 de cette stratégie. La recherche sur les facteurs de risque fait également pleinement partie de la stratégie décennale de lutte contre le cancer.
Auteur : Mme Florence Goulet
Type de question : Question écrite
Rubrique : Maladies
Ministère interrogé : Travail, santé, solidarités et familles
Ministère répondant : Santé et accès aux soins
Dates :
Question publiée le 11 mars 2025
Réponse publiée le 24 juin 2025