Recherche médicale chez les femmes
Question de :
M. Gérard Leseul
Seine-Maritime (5e circonscription) - Socialistes et apparentés
M. Gérard Leseul attire l'attention de M. le ministre auprès de la ministre d'État, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, chargé de l'enseignement supérieur et de la recherche, au sujet de l'indifférenciation faite entre les hommes et les femmes dans la recherche médicale. Plusieurs études mettent en avant le fait que dans de nombreux cas, la recherche médicale sur les produits de santé n'a pas fait de différence entre le sujet masculin et féminin au motif que les caractéristiques biologiques sont identiques. Contrairement à cette théorie, des études plus récentes pointent des différences notables dans l'efficience et les effets secondaires de certains traitements entre les hommes et les femmes. Par exemple, les études scientifiques ont constaté une meilleure efficacité de l'immunothérapie chez les hommes et un risque accru qu'une femme contracte des effets secondaires. De fait, la connaissance actuelle sur l'impact des médicaments sur le corps des femmes et sur leurs grossesses est presque nul. En effet, sur 172 traitements validés entre 2000 et 2010, aucune information concernant leurs conséquences sur le fœtus n'est connue pour 168 d'entre eux. S'il est possible de constater une amélioration de la prise en compte du sexe biologique dans la recherche médicale, la crise de la covid-19 a montré que cet impensé reste encore prégnant, avec seulement 10 % des recherches qui ont pris en compte ce facteur. Il l'interroge pour avoir connaissance des mesures que le Gouvernement envisage de mettre en œuvre afin de prendre en compte l'impact et les conséquences du sexe biologique dans la recherche biomédicale et in fine sur les traitements afin d'assurer l'efficacité et la sécurité des produits de santé tant pour les hommes que pour les femmes.
Réponse publiée le 27 mai 2025
La prise en compte des biais de sexe et de genre est récente et la prise de conscience dans les pratiques courantes du fait qu'ils influencent les avancées scientifiques prendra encore quelques années. Le ministère chargé de l'enseignement supérieur et de la recherche met tout en œuvre pour palier ces biais et accélérer leur prise en compte, et a investi dans de nombreux projets en ce sens. Peuvent par exemple être citées la cohorte d'étude épidémiologique auprès des femmes de la mutuelle générale de l'éducation nationale (E3N), mise en place en 1990 et qui s'appuie sur une cohorte d'environ 100 000 femmes françaises, nées entre 1925 et 1950. Elle suit aujourd'hui 3 générations de femmes sur l'exposome, les modes de vie et l'état de santé ; la cohorte Constance avec ses 200 000 sujets représentatifs de la population françaises, qui, bien que généraliste, porte un intérêt particulier à la santé des femmes ; le récent institut hospitalo-universitaire « cancer des femmes » porté par l'institut Curie ; le programme prioritaire « santé des femmes, santé des couples » ; le volet recherche de la stratégie nationale de lutte contre l'endométriose, etc. La question de l'impact du médicament sur les fœtus reste difficile à évaluer, les essais cliniques sur femmes enceintes étant interdits, et reste une voix de recherche a posteriori rendue possible par les nouvelles technologies et données en vie réelle.
Auteur : M. Gérard Leseul
Type de question : Question écrite
Rubrique : Santé
Ministère interrogé : Enseignement supérieur et recherche (MD)
Ministère répondant : Enseignement supérieur et recherche (MD)
Dates :
Question publiée le 11 mars 2025
Réponse publiée le 27 mai 2025