Délinquance et criminalité dans les communes péri-urbaines et rurales
Question de :
M. Romain Baubry
Bouches-du-Rhône (15e circonscription) - Rassemblement National
M. Romain Baubry attire l'attention de M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur, sur la progression de la criminalité et de la délinquance dans les communes péri-urbaines et rurales. Ce phénomène, autrefois principalement observé dans les grandes agglomérations, touche désormais de plein fouet les petites villes et les villages de France, accentuant le sentiment d'abandon des habitants. Dans la circonscription de M. le député et plus particulièrement à Sénas, l'escalade préoccupante de la violence et la recrudescence des trafics de drogues s'illustrent aujourd'hui par l'usage d'armes à feu. Les habitants se sentent de plus en plus vulnérables face à la multiplication des vols, des cambriolages, des dégradations et des agressions, qui génèrent un climat d'insécurité récurrent. Beaucoup constatent que l'État détourne le regard et ne prend pas la mesure de la situation sécuritaire. Aussi, il lui demande quelles mesures concrètes il entend prendre pour enrayer cette insécurité croissante dans les petites villes et les villages du pays, notamment en matière de lutte contre les trafics, de contrôle de la circulation des armes et de renforcement des moyens alloués aux forces de l'ordre, qu'elles soient étatiques ou municipales.
Réponse publiée le 24 juin 2025
La prise en compte des vulnérabilités des territoires ruraux et périurbains est un enjeu stratégique au cœur des préoccupations gouvernementales, dans lequel la gendarmerie, notamment, joue un rôle déterminant en tant que force armée de couverture de l'ensemble du territoire. Le premier échelon de la lutte contre l'insécurité repose sur le maillage des unités, qui assurent au quotidien l'ordre et la sécurité par une présence visible et rassurante, ainsi que par une capacité d'intervention et de police judiciaire. Ce maillage doit ainsi être renforcé dans le cadre de la loi du 24 janvier 2023 d'orientation et de programmation du ministère de l'intérieur, qui devrait permettre le recrutement de 7 400 gendarmes et policiers supplémentaires à horizon 2027, notamment dans le cadre de la création de 239 nouvelles brigades territoriales de gendarmerie. Par ailleurs, les réserves opérationnelles de la gendarmerie et de la police seront respectivement portées à 50 000 militaires et 30 000 agents. Ce renforcement vise notamment à permettre de poursuivre l'augmentation de la présence sur la voie publique (PVP). Dans le département des Bouches-du-Rhône, cette demande qui se traduit déjà par 968 483 heures gendarmes réalisées sur le terrain, dont 13 526 heures consacrées spécifiquement par la brigade de Mallemort à la commune de Sénas pour l'année 2024. Aussi, de nouveaux modes d'action dans la lutte contre la délinquance et les trafics de stupéfiants ont été instaurés par la gendarmerie : outre la création d'une capacité de réaction rapide de la gendarmerie mobile, projetable sous un délai de quatre heures sur tout le territoire national, des opérations d'envergure ont été menées pour lutter contre les trafics et sécuriser les quartiers sensibles. En 2024, l'action de la gendarmerie contre les trafics de stupéfiants a ainsi connu une hausse de 20,73%. De même, la répression du consommateur par la voie de l'amende forfaitaire délictuelle (AFD) dont le nombre a augmenté, il en va pour 32,2%. Il convient également de souligner la progression constante des saisies d'avoirs criminels par la gendarmerie représentant 563 M€ en 2024. Le renforcement du maillage s'accompagne d'une restructuration de la chaîne d'investigation, marquée par la création de l'unité nationale de police judiciaire (UNPJ) de la gendarmerie, afin de mieux prendre en compte les formes les plus complexes de la criminalité. UNPJ, qui sera opérationnelle fin 2025 et dotée de plus de 1 000 enquêteurs, constitue un atout majeur pour lutter contre la criminalité organisée, qui n'épargne pas les zones péri-urbaines et rurales. Dans cette dynamique, la sécurité est une responsabilité collective. Le partenariat avec les collectivités territoriales est indispensable. Aussi, la gendarmerie s'implique activement dans les conseils locaux de sécurité et encourage le développement des polices municipales et de la vidéoprotection. Elle agit en proximité et tisse des liens avec les élus locaux, notamment par le biais des référents élus désignés dans chaque brigade de gendarmerie, par la diffusion du guide des élus ou par la création d'applications numériques telles que « Gend'élus » ou « Ma Sécurité ». Ces applications permettent de diffuser des informations utiles, dont des messages de prévention. Elles favorisent également le contact numérique avec l'institution et fournissent une offre sur mesure pour répondre aux besoins de l'usager. Enfin, la gendarmerie met en œuvre des dispositifs de prévention et de partenariats tels que : les protocoles de participation citoyenne, visant à promouvoir la coproduction de la sécurité au niveau local et qui renforcent les liens entre la population, les autorités et les forces de l'ordre ; l'opération "Tranquillité vacances" (OTV), qui permet de patrouiller à proximité des domiciles des habitants en période d'absence prolongée ; les référents sûreté, gendarmes ou policiers, qui offrent des conseils pratiques sur la prévention de la délinquance, aussi bien pour les particuliers que pour les professionnels ; des dispositifs d'alertes SMS, destinés aux commerçants et agriculteurs, qui ont été mis en place pour signaler des faits délictueux susceptibles de se produire sur leurs lieux de travail. Les plans départementaux de restauration de la sécurité au quotidien annoncés par le ministre de l'intérieur s'inscrivent également dans ce cadre. Ces plans doivent utilement guider les échelons de commandement dans l'emploi de leurs unités et des ressources complémentaires mobilisées à l'appui des opérations réalisées (réserve opérationnelle, forces mobiles). Ainsi, sur la base d'un diagnostic territorial de sécurité et sous le pilotage des préfets, ils visent à concentrer les efforts dans la lutte contre les trafics de stupéfiants, la prévention des violences intrafamiliales, la lutte contre les cambriolages et les vols liés aux véhicules et la réduction de la délinquance routière. Le combat contre la délinquance dans les zones périurbaines et rurales s'inscrit ainsi dans une approche globale, qui combine prévention, renforcement des capacités opérationnelles et interventions judiciaires ciblées. L'engagement des forces de sécurité intérieure reste total, et leurs actions se poursuivront avec rigueur et détermination pour obtenir des résultats durables et inverser la tendance actuelle.
Auteur : M. Romain Baubry
Type de question : Question écrite
Rubrique : Sécurité des biens et des personnes
Ministère interrogé : Intérieur
Ministère répondant : Intérieur
Dates :
Question publiée le 11 mars 2025
Réponse publiée le 24 juin 2025