Question écrite n° 5112 :
Alerte sur la situation du CRA des Pyrénées-Orientales

17e Législature

Question de : Mme Michèle Martinez
Pyrénées-Orientales (4e circonscription) - Rassemblement National

Mme Michèle Martinez alerte M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur, sur la situation critique au centre de rétention administrative (CRA) des Pyrénées-Orientales, qui est confronté à un taux d'éloignement extrêmement faible (1 %) pour un taux de remplissage maximal (100 %), obligeant les autorités à assigner à résidence certains retenus faute de place. Cette saturation engendre de graves problèmes sécuritaires, d'autant plus que certains retenus, conscients de la faiblesse des mesures d'éloignement, exploitent le système pour rester sur le territoire, parfois en se mettant en cause judiciairement, sachant qu'ils ne risquent rien. Les agents constatent que certains retenus sont mieux traités en CRA qu'en prison et profitent des failles du système pour prolonger leur séjour sans réelle menace d'éloignement. De plus, la forte présence de ressortissants algériens constitue un problème majeur, notamment en raison du non-respect par l'Algérie des laissez-passer consulaires, rendant leur expulsion quasi impossible. Beaucoup de ces individus ont des profils « TOP », posant des risques importants pour le pays. Les forces de l'ordre sur place préconisent une sectorisation du centre en trois groupes de 20 retenus au lieu de 60 afin d'améliorer leur sécurité. Enfin, le rallongement de la durée de rétention ne constitue pas une solution, car il alimente un cercle vicieux faute de places, certains retenus sont libérés et se retrouvent libres de faire tout et n'importe quoi, aggravant encore la situation. Dans ce contexte, elle souhaite savoir quelle pression diplomatique réelle sur l'Algérie le Gouvernement compte exercer pour que ce pays respecte ses obligations en matière de laissez-passer consulaires. L'illusion d'une solution par le simple rallongement de la rétention, alors que le véritable problème réside dans le manque de places et l'absence de moyens concrets d'éloignement, ne peut plus durer. Elle lui demande ce qu'il compte faire à ce sujet.

Réponse publiée le 17 juin 2025

Le ministère de l'intérieur est pleinement engagé pour l'efficacité de la politique migratoire. Le placement en rétention administrative, qui constitue le moyen le plus efficace d'éloigner un étranger en situation irrégulière, est privilégié pour les étrangers au profil évocateur d'un risque de trouble à l'ordre public. Dans l'hypothèse où l'étranger ne peut être éloigné durant son maintien en rétention, il fait l'objet d'une mesure d'assignation à résidence qui l'oblige à résider dans un périmètre géographique limité, à pointer auprès d'un service de police ou de gendarmerie et à rester présent à son domicile durant une plage horaire déterminée. La loi n° 2024-42 du 26 janvier 2024 renforce les outils juridiques dont dispose l'administration, en particulier par la prise en compte de la menace pour l'ordre public, tant pour le placement que pour la prolongation de la rétention administrative, l'allongement de la durée des assignations à résidence et des interdictions de retour, ou encore l'appel suspensif systématique en cas de mainlevée de la rétention par le magistrat du tribunal judiciaire pour un retenu, dont le dossier fait état de faits de terrorisme. L'allongement de la durée de rétention à 210 jours pour les étrangers en situation irrégulière présentant une menace particulière pour l'ordre public ou condamnées pour certains crimes graves et l'appel du préfet systématiquement suspensif en cas de libération par le juge des libertés et de la détention renforceraient ces mesures pour assurer la sécurité des Français. Sur le plan budgétaire, un programme immobilier, destiné à porter à 3 000 le nombre de places de rétention administrative, est actuellement mis en œuvre. Il convient de préciser que, s'agissant du CRA de Perpignan, le nombre de places a été porté de 48 à 60 en novembre 2023. Par ailleurs, des études sont actuellement en cours pour augmenter les capacités de rétention de certains CRA par des installations modulaires adaptées pour des profils moins risqués. Des efforts intenses sont déployés en permanence pour infléchir la position des Etats, dont la coopération est jugée insuffisante au regard des objectifs de la politique migratoire de la France. Dans le cas de l'Algérie, le comité interministériel de contrôle de l'immigration présidé par le Premier ministre le 26 février 2025 a décidé la mise en oeuvre de mesures graduelles pour répondre à la non mise en oeuvre des accords bilatéraux. S'agissant du centre de rétention administrative de Perpignan, à fin mai 2025, le taux d'éloignement était de 40 % pour les profils menaçant l'ordre public.

Données clés

Auteur : Mme Michèle Martinez

Type de question : Question écrite

Rubrique : Étrangers

Ministère interrogé : Intérieur

Ministère répondant : Intérieur

Dates :
Question publiée le 18 mars 2025
Réponse publiée le 17 juin 2025

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