Enjeux liés à la maladie rénale chronique
Question de :
M. Xavier Breton
Ain (1re circonscription) - Droite Républicaine
M. Xavier Breton attire l'attention de M. le ministre auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de la santé et de l'accès aux soins, sur les enjeux liés à la maladie rénale chronique, à son dépistage et à sa prévention. En France, la maladie rénale chronique (MRC) concerne 5,9 millions de personnes. Alors que certaines maladies bénéficient d'une politique de dépistage et de prévention plus avancée et systématisée, ce n'est malheureusement pas le cas pour la maladie rénale chronique. Du fait d'un manque de dépistage, la plupart des patients atteints d'une maladie rénale chronique l'ignorent. De ce fait, les symptômes n'apparaissent qu'à un stade très avancé, lorsque les reins ne fonctionnent plus. À ce stade, deux traitements peuvent être proposés : la dialyse et la greffe rénale. La dialyse évite le décès immédiat du patient, mais la survie en dialyse à 5 ans est inférieure à celle de la plupart des cancers. C'est par ailleurs extrêmement contraignant pour les patients et ne leur permet que très difficilement de mener une vie normale. Le coût moyen annuel d'une dialyse est de 63 000 euros. C'est la prise en charge la plus coûteuse par patient pour l'assurance maladie. Une greffe rénale améliore la qualité et l'espérance de vie par rapport à la dialyse en réduisant drastiquement les dépenses de santé. Sur cinq ans, un patient transplanté coûte 190 000 euros de moins qu'un patient dialysé. Le coût de la prise en charge des 100 000 patients dialysés ou greffés s'élève à 4,4 milliards d'euros par an. Alors que le système de santé est en crise et qu'il connaît un déficit record, il y a urgence à promouvoir la mise en place d'un programme national complet et systématique de dépistage et de prévention de la maladie rénale chronique. Il est indispensable aussi de relancer la dynamique du plan greffe car il y a encore plus de 20 000 patients inscrits sur liste d'attente pour une greffe de rein. Aussi, il lui demande ce qu'il envisage pour mettre en place à court terme des outils de dépistage permettant de sauver de nombreuses vies.
Réponse publiée le 16 septembre 2025
Les maladies rénales ont la particularité d'être le plus souvent asymptomatiques, d'évoluer souvent lentement et de ne se révéler qu'au stade avancé de l'insuffisance rénale chronique, lorsqu'apparaissent des complications dues à la perte des diverses fonctions assurées par les reins. Les causes de maladies rénales sont très nombreuses. En France le plus souvent, les Maladies rénales chroniques (MRC) qui conduisent à l'insuffisance rénale chronique sont la conséquence d'un diabète ou d'une Hypertension artérielle (HTA). Les autres causes sont multiples, relevant notamment des maladies auto-immunes, de causes génétiques, des maladies rares ou encore d'exposition à des substances toxiques pour le rein, professionnelle ou médicamenteuse. De nombreuses maladies rénales restent aujourd'hui encore de cause inconnue. Selon Santé publique France, la prévalence de la MRC stade 3-5, était de 1,5 % chez les adultes de 18-74 ans, soit 1,6 millions de personnes. Il n'y a actuellement pas de preuves scientifiques du bénéfice d'un dépistage généralisé de la maladie rénale chronique chez des personnes asymptomatiques, notamment pour les formes les plus légères. Ainsi, en France, les recommandations de bonne pratique de la Haute autorité de santé préconisent un dépistage ciblé chez les personnes avec des facteurs de risque de maladie rénale chronique, tout particulièrement le diabète, l'HTA, une maladie cardiovasculaire athéromateuse, l'obésité (IMC > 30 kg/m2), et d'autres maladies rénales, inflammatoires, familiales… Les stratégies en place pour prévenir l'insuffisance rénale et son évolution vers des formes graves portent sur deux volets : d'une part la prévention, le repérage et la prise en charge de l'hypertension du diabète, et du risque cardiovasculaire, d'autre part le dépistage ciblé de l'insuffisance rénale chez les personnes à risque. Pour l'hypertension et le diabète, les pratiques cliniques préventives des médecins traitants sont essentielles. Près de 15 millions de personnes sont traitées. Des ressources sont mobilisées pour renforcer le repérage. Le dispositif « Mon bilan prévention », déployé par le ministère chargé de la santé et par l'Assurance maladie vise agir sur les déterminants des maladies chroniques. Pris en charge à 100 % sans avance de frais, ouvert aux assurés sociaux qui ont entre 18 et 25 ans, 45 et 50 ans, 60 et 65 ans et 70 et 75 ans, il ambitionne un virage préventif du système de santé en aidant chaque citoyen à devenir acteur de sa santé, il vise à agir sur les habitudes de vie et plus particulièrement, il vise à repérer l'HTA et le risque de diabète de type 2. Pour ce qui est du dépistage de maladies rénales chroniques chez les personnes à risque, l'Assurance maladie a renforcé le dépistage de la maladie rénale chronique chez les patients à risque via la convention médicale. En complément, deux orientations prioritaires du développement professionnel continu pour 2023-2025 sont dédiées à l‘HTA (« prise en charge du patient hypertendu et de son risque cardiovasculaire » pour les médecins spécialisés en médecine cardiovasculaire et « prise en charge de l'hypertension artérielle associée à la maladie rénale chronique » pour les médecins spécialisés en néphrologie) et une orientation prioritaire de politique nationale, à destination de plusieurs professions de santé, est consacrée au repérage et à la prise en charge du risque cardio-vasculaire.
Auteur : M. Xavier Breton
Type de question : Question écrite
Rubrique : Maladies
Ministère interrogé : Santé et accès aux soins
Ministère répondant : Santé et accès aux soins
Dates :
Question publiée le 1er avril 2025
Réponse publiée le 16 septembre 2025