Question de : M. Philippe Lottiaux
Var (4e circonscription) - Rassemblement National

M. Philippe Lottiaux attire l'attention de M. le ministre auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de la santé et de l'accès aux soins, sur l'accès des majeurs aux traitements Circadin et Slenyto, permettant de soulager les personnes atteintes du syndrome de Smith Magenis. Cette maladie génétique rare se manifeste par un déficit intellectuel, des troubles du comportement et des troubles du sommeil, ces derniers étant dus à une inversion de l'horloge biologique. Les patients dorment la journée et sont éveillés la nuit, ce qui amplifie les difficultés sociales et les troubles du comportement. Le traitement Circadin a été autorisé temporairement en dehors de l'autorisation de mise sur le marché (AMM) entre 2015 et 2021 via une RTU (recommandation temporaire d'utilisation) pour des patients âgés de 6 à 18 ans. Le traitement ayant prouvé son efficacité sur la qualité du sommeil, l'autorisation de mise sur le marché a ensuite été accordée au Slenyto, la version pédiatrique du Circadin, en 2021, pour les patients de 2 à 18 ans. Afin d'assurer la continuité du soin au-delà de 18 ans, il serait opportun que le Circadin soit autorisé par l'ANSM, sous tutelle du ministère, via une CPC (cadre de prescription compassionnelle, qui a remplacé les RTU en 2021) pour une durée de trois ans renouvelables. Cette CPC permettrait de recueillir des données sur l'efficacité des traitements pour les majeurs et ainsi d'obtenir une extension de l'AMM sur le Slenyto et une AMM pour les plus de 18 ans pour le Circadin. Il lui demande s'il peut avancer sur cette question en incitant l'ANSM à établir une CPC.

Réponse publiée le 1er juillet 2025

Préalablement à sa commercialisation en France, toute spécialité pharmaceutique doit faire l'objet d'une Autorisation de mise sur le marché (AMM) délivrée soit par l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), soit par la Commission européenne en application de la procédure centralisée prévue par le règlement (CE) n° 726/2004 du 31 mars 2004. Quelle que soit la procédure suivie, la demande d'AMM est évaluée selon des exigences d'efficacité, de qualité et de sécurité harmonisées issues de la législation européenne, ayant comme objectif essentiel la sauvegarde de la santé publique. En particulier, l'AMM n'est délivrée que si la balance bénéfice/risque du médicament concerné est positive, c'est-à-dire s'il est démontré que la balance entre les effets thérapeutiques positifs du médicament, au regard des risques pour la santé du patient ou la santé publique liés à sa qualité, à sa sécurité ou à son efficacité, est favorable. Cette appréciation de la balance bénéfice/risque est effectuée au vu des éléments du dossier déposé par l'industriel auprès des autorités sanitaires, compte tenu des connaissances scientifiques disponibles tant sur le produit concerné que sur sa substance active ou encore sur la pathologie pour laquelle son indication est revendiquée. Les spécialités CIRCADIN 2 mg, comprimé à libération prolongée et SLENYTO 1 mg et 5 mg, comprimé à libération prolongée, composées de mélatonine, bénéficient d'une AMM délivrée par la Commission européenne respectivement le 29 juin 2007 et le 20 septembre 2018, pour les indications suivantes : « Circadin est indiqué, en monothérapie, pour le traitement à court terme de l'insomnie primaire caractérisée par un sommeil de mauvaise qualité chez des patients de 55 ans ou plus. » ; « Slenyto est indiqué pour : le traitement de l'insomnie chez les enfants et les adolescents de 2 à 18 ans, présentant un trouble du spectre de l'autisme (TSA) et/ou des troubles neurogénétiques avec une sécrétion diurne atypique de mélatonine et/ou des réveils nocturnes, lorsque les mesures d'hygiène du sommeil ont été insuffisantes ; le traitement de l'insomnie chez les enfants et les adolescents de 6 à 17 ans, présentant un trouble déficit de l'attention avec hyperactivité lorsque les mesures d'hygiène du sommeil ont été insuffisantes. ». Dans ce contexte, il peut être indiqué que les autorités sanitaires ne sauraient contraindre les titulaires d'AMM à déposer un dossier en vue de l'autorisation des spécialités concernées dans d'autres indications. En revanche, l'article L. 5121-12-1 III du Code de la santé publique permet à l'ANSM, lorsqu'une balance bénéfice/risque positive d'un médicament donné peut être présumée au vu des éléments scientifiques disponibles, d'envisager l'élaboration d'un Cadre de prescription compassionnelle (CPC) en vue de sécuriser l'utilisation dudit médicament en dehors de l'indication thérapeutique validée dans son AMM. Ainsi, en l'espèce, des échanges intervenus entre l'ANSM et notamment la filière de santé maladies rares DéfiScience, qui rassemble et coordonne des réseaux de centres experts dans les maladies rares du neurodéveloppement et leur prise en charge, ont permis d'identifier un besoin médical chez les patients adultes atteints de troubles du neurodéveloppement et de maladies neurogénétiques, dont le syndrome de Smith Magenis, pouvant être traité par de la mélatonine. Par conséquent, une instruction est en cours à l'ANSM, en vue de l'établissement d'un CPC visant à sécuriser l'utilisation des traitements à base de mélatonine chez ces patients ; elle devrait aboutir d'ici la fin de l'année 2025.

Données clés

Auteur : M. Philippe Lottiaux

Type de question : Question écrite

Rubrique : Maladies

Ministère interrogé : Santé et accès aux soins

Ministère répondant : Santé et accès aux soins

Dates :
Question publiée le 8 avril 2025
Réponse publiée le 1er juillet 2025

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