Question au Gouvernement n° 579 :
Guerre commerciale

17e Législature

Question de : M. Frédéric Weber
Meurthe-et-Moselle (3e circonscription) - Rassemblement National

Question posée en séance, et publiée le 9 avril 2025


GUERRE COMMERCIALE

Mme la présidente . La parole est à M. Frédéric Weber.

M. Frédéric Weber . Ma question s'adresse à M. le premier ministre. Les annonces brutales de Donald Trump confirment un mouvement historique de démondialisation.

M. Charles Sitzenstuhl . Vous l'avez soutenu, Trump !

M. Frédéric Weber . Marine Le Pen avait eu la clairvoyance de l’anticiper, mais vous le subissez car vous n’avez rien vu, et surtout rien compris.

Mme Mathilde Panot. C'est vous qui êtes soumis à Trump !

M. Charles Sitzenstuhl . C'est la courroie de transmission de Trump !

M. Frédéric Weber . Quatre ans après le premier mandat de Donald Trump, quatre mois après le début de son second mandat, vous n’avez rien préparé alors que la France n’a plus le luxe de l’inaction, soumise à une Commission européenne dirigée par les intérêts allemands. Les États-Unis subventionnent et protègent leur production, comme la Chine et tant d’autres. La France, elle, sacrifie ses richesses.

Cette réalité, je ne l’ai pas apprise dans un rapport parlementaire, mais je l’ai vécue. Je travaillais à l’usine ArcelorMittal de Florange. J’ai vu les hauts-fourneaux s’éteindre malgré les promesses d’un ancien président qui siège à présent tranquillement sur ces bancs. (Exclamations sur les bancs du groupe RN.) J'ai vu les ouvriers partir ; j'ai entendu la parole politique trahir.

Un député du groupe RN . Quelle honte !

M. Frédéric Weber . C’est cette trahison, monsieur le premier ministre, qui m’a conduit à rejoindre le Rassemblement national. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

Un député du groupe LFI-NFP . Rendez l'argent !

M. Frédéric Weber . Dès 2012, Marine Le Pen défendait avec une constance que peu d’hommes et de femmes politiques peuvent revendiquer la nécessité d’un protectionnisme intelligent et une politique économique en faveur du travail, pour protéger nos industries et nos emplois. (« Bravo ! » et applaudissements sur les bancs du groupe RN.) Elle défend un protectionnisme fondé non sur le repli, mais sur la justice économique et sur la loyauté des échanges, y compris au sein du marché européen, une politique fondée sur une énergie abondante et bon marché, la fin des normes abusives et un véritable patriotisme économique. La nouvelle vague de désindustrialisation a commencé bien avant les décisions de Donald Trump. L’aciérie, la chimie et tant d’autres secteurs étaient au bord de l’effondrement à cause de votre politique absurde et de la bureaucratie de Bruxelles. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.) Combien d’ouvriers et d’agriculteurs français devront encore disparaître pour satisfaire votre soumission au règne de l’argent contre le travail ? Quand mettrez-vous fin à votre impuissance économique et commerciale ? (« Bravo ! » et applaudissements sur les bancs du groupe RN. – Applaudissements sur les bancs du groupe UDR.)

Mme la présidente . La parole est à M. le ministre chargé de l’industrie et de l’énergie.

Un député du groupe RN . Et de la désindustrialisation !

M. Marc Ferracci, ministre chargé de l'industrie et de l'énergie . Vous nous parlez de protectionnisme intelligent. Je ne pense pas qu'il y ait quelque chose d'intelligent dans le choc majeur qui vient d'être annoncé par l'administration américaine, qui remet en question l'ordre commercial qui a prévalu depuis la deuxième guerre mondiale. (Exclamations sur les bancs du groupe RN.)

M. Théo Bernhardt . Ce n'est pas la question !

M. Marc Ferracci, ministre . Ce choc touchera d'abord nos entreprises.

Mme Julie Lechanteux . Parce que vous êtes incapables de les protéger !

M. Gérault Verny. Ce qui touche les entreprises, ce sont les impôts !

M. Marc Ferracci, ministre . Il aura des effets directs sur les 28 000 entreprises qui exportent aux États-Unis et qui, pour une large partie d'entre elles, ont un carnet de commandes qui dépend à plus de 50 % des États-Unis. Vous irez expliquer aux salariés de ces entreprises que le protectionnisme est intelligent.

Plusieurs députés du groupe RN . Vous ne répondez pas à la question !

M. Marc Ferracci, ministre . Ce choc aura également des effets indirects, car nous pouvons malheureusement nous attendre à voir la Chine et de l'Inde, par exemple, tenter d'écouler en Europe leurs productions, du fait de surcapacités qui pénalisent certaines de nos filières – vous avez parlé de l'acier, or la sidérurgie souffre des surcapacités chinoises.

M. Philippe Ballard . Bloquez-les alors !

M. Marc Ferracci, ministre . Nous luttons et nous avons obtenu des résultats ces dernières semaines. Nous devons en effet nous prémunir contre ces effets indirects.

M. Julien Rancoule . Que faites-vous ?

M. Marc Ferracci, ministre . Face à ce choc, la réponse sera européenne. (Exclamations sur les bancs des groupes RN et UDR.) Elle tient en trois mots : unité, fermeté – car on ne s'engage pas dans une négociation avec les États-Unis d'Amérique sans avoir au préalable posé un rapport de force –, proportionnalité. En effet, nous ne souhaitons nullement l'escalade car elle ne fera que des perdants.

M. Laurent Jacobelli . Vous n'avez rien compris !

M. Marc Ferracci, ministre . Notre priorité est d'éviter la guerre commerciale. C'est la raison pour laquelle l'État sera présent aux côtés des entreprises. Je réunirai cet après-midi le Conseil national de l'industrie pour établir… (Exclamations sur les bancs du groupe RN)

M. Alexandre Dufosset . Un numéro vert ?

M. Marc Ferracci, ministre . …un diagnostic avec les filières et construire une réponse avec les acteurs économiques, ce que vous ne souhaitez pas faire.

Éric Lombard, le ministre de l'économie, fera de même demain avec l'ensemble des acteurs économiques, notamment ceux qui représentent les services financiers et numériques. Cette guerre commerciale, nous ne l'avons pas voulue. Nous nous battrons, comme nous le faisons déjà depuis des mois, pour éviter le pire et pour protéger les emplois, les territoires, et les entreprises. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EPR.)

Mme Anne-Laure Blin . Il faut donner les moyens à nos entrepreneurs !

Données clés

Auteur : M. Frédéric Weber

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Commerce extérieur

Ministère interrogé : Industrie et énergie

Ministère répondant : Industrie et énergie

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 9 avril 2025

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