L'État doit dire STOP à la casse du service public postal !
Question de :
Mme Mathilde Hignet
Ille-et-Vilaine (4e circonscription) - La France insoumise - Nouveau Front Populaire
Mme Mathilde Hignet alerte M. le ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique sur la dégradation du service public postal. La loi du 9 février 2010 a confirmé La Poste dans son rôle de prestataire du service universel postal jusqu'au 31 décembre 2025. La Poste assure sa mission de service public sur l'ensemble du territoire grâce au financement apporté par l'État dans le cadre du contrat de présence postale territoriale, signé par La Poste, l'Association des maires de France (AMF) et l'État pour la période 2023-2025. Début 2025, les usagers assistent à une dégradation sans précédent du service de distribution du courrier. Plus d'un million de lettres seraient bloquées dans les centres de tri. Dans certaines régions, les usagers constatent des délais de distribution allant jusqu'à deux mois. La direction de La Poste justifie ces retards par la saisonnalité et des difficultés d'adaptation à des réorganisations. Les réorganisations sont justement la cause de cette dégradation. La Poste a supprimé 20 000 emplois en quatre ans au service courrier et plusieurs centres de tri ont fermé. Fin 2024, tous les contrats d'intérimaires ont été brutalement supprimés. Des tournées ont été supprimées ou reconfigurées. Des plates-formes industrielles ont fermé comme à Caen, Poitiers, Brest, éloignant les centres de traitement du courrier des centres de distribution. Les conditions de travail des postiers se détériorent. En témoigne la forte augmentation des licenciements pour inaptitude. En 2023, 785 salariés et salariées de La Poste ont été licenciés et licenciées pour inaptitude physique. En 2016, leur nombre était de 153. La dégradation des conditions de travail des postiers et la dégradation de la qualité de service rendu aux usagers sont les deux faces d'une même pièce : une stratégie basée sur la rentabilité au détriment du service public. Dans le même temps, les résultats financiers de La Poste n'ont jamais été aussi bons et les dividendes versés n'ont de cesse d'augmenter. Pour un bénéfice de 514 millions d'euros en 2023, leurs dividendes s'élevaient à 421 millions d'euros. Le 21 mars 2025, la direction présentera au conseil d'administration la répartition du bénéfice pour l'année 2024. Encore une fois, la primauté sera donnée au versement des dividendes plutôt qu'à l'augmentation des salaires. Aussi, elle lui demande que l'État, en tant qu'actionnaire de La Poste, pèse de tout son poids au sein du conseil d'administration pour réorienter la stratégie de l'entreprise au bénéfice des salariés et des usagers ; elle souhaite connaître sa position sur le sujet.
Réponse publiée le 5 août 2025
La députée interroge le ministre de l'économie sur le service public postal. La Poste et ses équipes, engagées et présentes sur tout le territoire, travaillent chaque jour pour assurer le meilleur service possible. Plus de 60 000 facteurs et livreurs sont ainsi mobilisés six jours sur sept pour garantir la proximité et la continuité du service auprès de tous les Français. Après une période de fin d'année 2024 très dense et réussie avec notamment 102 millions de Colissimo distribués, La Poste a rencontré en début d'année 2025 des difficultés locales et ponctuelles dans la distribution du courrier, en particulier du fait des intempéries et des épidémies de grippe. Cela a été le cas en Normandie, dans le Nord et l'Est de la France où les conditions météo (tempête, neige et verglas) ont perturbé les acheminements et la distribution, ainsi qu'en Gironde avec de nombreux personnels touchés par l'épidémie de grippe et des soucis dans le recrutement. Les difficultés qu'a pu rencontrer en début d'année la plateforme de Bordeaux-Cestas, qui n'ont toutefois jamais atteint le niveau mentionné dans la question, sont aujourd'hui résolues. Cette plateforme a recruté 50 personnes en CDI en 2024 et va poursuivre le renforcement de ses équipes en recrutant 70 personnes en 2025. Grâce à la mobilisation des postiers, au premier trimestre 2025, la promesse d'une distribution d'au moins 95% des lettres vertes et lettres recommandées dans le délai de J+3 a été tenue, comme elle l'a été en 2024. La satisfaction des clients destinataires des courriers confiés à La Poste poursuit également son amélioration, avec un « net promoter score » (NPS) passé de 24 en 2021 à 48 en 2024 et 49 au premier trimestre 2025. La Poste reste pleinement engagée à améliorer constamment ses services et à répondre aux attentes de ses clients avec fiabilité et efficacité. Les retours de ses clients sont importants et permettent à l'entreprise de progresser en permanence. Avec 226 800 collaborateurs et plus de 12 600 recrutements en France en 2024, le groupe La Poste est l'un des premiers acteurs du marché de l'emploi du pays. S'agissant plus particulièrement des facteurs, La Poste renforce ses équipes en CDI et continue à embaucher activement, avec environ 4 500 nouvelles recrues par an ces deux dernières années, soit un total de 9 000 facteurs recrutés. La transformation de La Poste s'effectue avec les partenaires sociaux et les postiers sur la base des engagements suivants : aucun plan de licenciement, aucune mobilité imposée au-delà de 30 km et aucune transformation ou nouvelle organisation ne se déploie sans consultation individuelle des agents concernés et des organisations syndicales en présence, et sans la réalisation d'une étude d'impact. Les organisations syndicales disposent d'un droit d'alerte national si un projet est mené sans que ces principes soient respectés. La Poste dispose également d'une politique de prévention des risques liés au travail, qu'il s'agisse de risques physiques (manutention, port de charge, postures de travail) ou psycho-sociaux (y compris incivilités et agressions). Ses équipes de spécialistes de la santé au travail (500 médecins du travail, infirmiers en santé au travail, assistants de service santé au travail et assistants sociaux) sont présentes sur tout le territoire. Enfin, les actionnaires de La Poste, la Caisse des dépôts et l'Etat, appliquent une politique de distribution de dividendes cohérente avec la capacité contributive de l'entreprise et dans des niveaux qui lui permettent de financer les investissements indispensables à son développement. Ainsi, en 2024, ils ont renoncé à tout versement de dividende au regard du niveau des résultats financiers de 2023 et du contexte général de l'entreprise. En 2025, La Poste proposera à ses actionnaires de s'acquitter de ses dividendes sous forme d'actions c'est-à-dire sans aucun versement en numéraire ce qui permet à l'entreprise de disposer des liquidités suffisantes pour continuer à investir.
Auteur : Mme Mathilde Hignet
Type de question : Question écrite
Rubrique : Postes
Ministère interrogé : Économie, finances, souveraineté industrielle et numérique
Ministère répondant : Premier ministre
Dates :
Question publiée le 8 avril 2025
Réponse publiée le 5 août 2025