Question au Gouvernement n° 60 :
Budget de la transition écologique

17e Législature

Question de : Mme Julie Laernoes
Loire-Atlantique (4e circonscription) - Écologiste et Social

Question posée en séance, et publiée le 17 octobre 2024


BUDGET DE LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE

Mme la présidente . La parole est à Mme Julie Laernoes.

Mme Julie Laernoes . Ma question s'adresse à M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.

La semaine dernière, l'Assemblée nationale était inondée, conséquence directe du changement climatique et de la tempête Kirk. (Exclamations prolongées sur les bancs des groupes RN et DR.)

M. Pierre Cordier . Une canalisation a cédé !

Mme Julie Laernoes . Ironie du sort, le même jour, le Gouvernement dévoilait son budget, lequel présente des coupes sans précédent dans tout ce qui ressemble de près ou de loin à la transition écologique.

M. Thibault Bazin . Vous ne manquez pas d'air !

Mme Julie Laernoes . Vous sacrifiez l’écologie sur l’autel de l’austérité en rognant sur toutes les aides pour la rénovation énergétique, la chaleur renouvelable ou l’achat de véhicules électriques. Vous faites de petites économies faciles avec des répercussions coûteuses immédiates et durables sur le climat, sur le pouvoir d’achat, sur la santé, sur l’industrie et sur l’emploi.

Savez-vous combien coûtent à l’État les logements qui ne sont plus chauffés, faute de moyens, qu'il s'agisse des comptes de la sécurité sociale ou des chèques énergie ? Savez-vous combien votre politique coûtera à l’État en matière d’emplois, de savoir-faire français, de perte de compétences ? (Mme Marie-Christine Dalloz s'exclame.) Rien que dans mon département, en quelques mois, c’est tout un écosystème industriel qui a été décimé : Systovi, General Electric, Saunier Duval, la centrale de Cordemais. En dépit de tout bon sens, vous vous permettez même de faire les poches des Françaises et des Français en augmentant les taxes sur l’électricité. (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS, ainsi que sur plusieurs bancs des groupes SOC et GDR.)

M. Alexis Corbière . Exactement !

Mme Julie Laernoes . Cela vous semble-t-il cohérent avec notre effort pour nous sevrer des énergies fossiles ? Quand vous débarrasserez-vous de la tutelle de l'extrême droite profondément climatosceptique ? Quand vous battrez-vous pour la transition énergétique en vous tournant vers la gauche de l’hémicycle et engagerez-vous enfin la planification écologique dont nous avons toutes et tous besoin ? (Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS, SOC et GDR.)

Mme la présidente . La parole est à M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.

M. Antoine Armand, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie . Il y a quelques mois encore, je siégeais sur ces bancs et nous avons travaillé ensemble sur les énergies renouvelables et sur l'énergie nucléaire – votre groupe a fait des pas importants sur le sujet. Je sais donc que, face à la transition écologique, nous sommes capables de dépasser les clivages et de regarder la réalité telle quelle est.

Vous auriez pu parler de dette écologique, mais vous auriez dû aussi parler de dette financière. En effet, si nous ne sommes plus capables de financer notre train de vie, comment financerons-nous nos investissements, notamment ceux, dont je reconnais comme vous l'importance, en faveur de nouvelles infrastructures énergétiques pour atténuer le changement climatique, mais aussi nous y adapter ? Le plan d'adaptation au changement climatique lancé il y a quelques mois par Christophe Béchu, le prédécesseur d'Agnès Pannier-Runacher au ministère de la transition écologique, est de ce point de vue important.

Si nous ne sommes pas capables de financer notre État, comment financerons-nous les dépenses que nous aurons besoin de faire demain ? C'est pour cela que, dans sa déclaration de politique générale, le Premier ministre a mis sur le même plan les dettes financière et écologique.

Nous ne nous montrerons pas responsables en matière écologique si nous ne sommes pas d'abord responsables financièrement et si nous ne dégageons pas des marges de manœuvre pour financer et investir dans l'avenir de nos compatriotes et de l'écologie, que ce soit en France ou sur toute la planète.

Dernier point, madame la députée : à l'Assemblée, il s'agissait d'une fuite de canalisation. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR et DR.)

M. Alexandre Dufosset. Ça prend l'eau !

M. Sylvain Maillard . Voilà ! C'est la faute de la mairie de Paris ! (Sourires.)

Mme la présidente . La parole est à Mme Julie Laernoes.

Mme Julie Laernoes . Vous creusez aussi bien la dette financière que la dette écologique et en creusant la seconde, vous aggravez fortement la première ! (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS et sur quelques bancs des groupes LFI-NFP et GDR.)

Données clés

Auteur : Mme Julie Laernoes

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Finances publiques

Ministère interrogé : Économie, finances et industrie

Ministère répondant : Économie, finances et industrie

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 17 octobre 2024

partager