Épidémie de chikungunya
Question de :
M. Jean-Hugues Ratenon
Réunion (5e circonscription) - La France insoumise - Nouveau Front Populaire
Question posée en séance, et publiée le 1er mai 2025
ÉPIDÉMIE DE CHIKUNGUNYA
Mme la présidente . La parole est à M. Jean-Hugues Ratenon.
M. Jean-Hugues Ratenon . J'accuse. J'accuse, donc ma question s'adresse à qui veut bien répondre, car vous êtes tous responsables. Le chikungunya frappe durement car vous avez laissé faire. Nous l'avons subi en 2006, nous connaissons la bête, qui a fait plus de 250 morts et meurtri des milliers de personnes, porteuses de séquelles vingt ans après. Nous connaissons la bête et nous savons comment l'éliminer. Vous devriez le savoir plus que nous. La bête a repointé son nez en 2024 à Saint-Gilles. Elle était dans la ligne de mire et pouvait être éliminée, mais vous avez laissé l'épidémie se développer.
Il y a donc un vaccin, mais vous saviez qu'il n'avait pas prouvé son efficacité. Dans son avis du 27 février 2025, la Haute Autorité de santé a indiqué qu'il n'y avait pas eu d'évaluation de l'efficacité vaccinale du produit (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP), « déduite à partir d'un seuil prédictif de protection […] déterminé chez le primate non humain ». On apprend aussi que « le laboratoire Valneva s'est engagé à mettre en place deux études d'efficacité en vie réelle » : après les singes, ce sont donc les Réunionnais les cobayes…
Conséquence du manque de moyens : des morts, des dizaines de milliers de malades, l'hôpital à bout, des déprogrammations de soins, un climat anxiogène, une grande défiance de l'opinion publique et une économie en difficulté. Oui, je vous accuse de favoriser l'affaiblissement des populations d'outre-mer et du service public au détriment de la vie humaine ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.) N'est-ce pas criminel et malsain ?
Acceptez-vous de rencontrer rapidement l'ensemble des députés et des sénateurs de La Réunion ? Répondez-moi, soyez honnêtes ! (Les députés du groupe LFI-NFP se lèvent et applaudissent. – Applaudissements sur quelques bancs du groupe EcoS.)
Mme la présidente . La parole est à M. le ministre chargé de la santé et de l’accès aux soins.
M. Yannick Neuder, ministre chargé de la santé et de l’accès aux soins . Je ne peux pas vous laisser dire que la population de La Réunion sert de cobaye. L'épidémie de chikungunya est l'affaire de tous et nous devons la combattre par des mesures à la fois antivectorielles et vaccinales. Je suis resté trois jours à La Réunion et je vous ai proposé de participer à chacune des séquences de ma visite, pour que nous partagions tous ensemble le désarroi du peuple réunionnais. (Mme Sophia Chikirou s'exclame.)
Madame Lebon, alors que nous expliquons que nous voulons lutter contre l'obscurantisme et que nous prenons des décisions médicales basées sur les avis de la Haute Autorité de santé, vous ne pouvez pas m'accuser de manquer d'empathie parce que je parle de bénéfices-risques.
Quand je me suis rendu à La Réunion, j'ai rencontré les parents du jeune bébé décédé, j'ai visité le service de réanimation où étaient hospitalisés quarante-sept enfants. Tous les jours, je reçois les nouvelles de patients atteints d'encéphalite. Il faut être juste : les gens souffrent et nous devons les accompagner – c'est une obligation de moyens –,…
Mme Sophia Chikirou . Qu'avez-vous fait concrètement ?
M. Yannick Neuder, ministre . …mais ce n'est pas en proposant aux familles endeuillées par le décès d'un enfant de venir chez elles, avec des caméras, pour les montrer sur les réseaux sociaux qu'on va les soulager.
Mme Sophia Chikirou . Ce que vous dites est honteux !
M. Yannick Neuder, ministre . Il faut être juste et empathique. Nous sommes le pays de Pasteur, nos méthodes de soins sont basées sur des preuves.
Mme Ségolène Amiot . Il faut être dans l'action ! Agissez !
M. Yannick Neuder, ministre . Lutter contre l'obscurantisme, c'est aussi, en un sens, lutter contre le populisme. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes DR et HOR. – Protestations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente . La parole est à M. Jean-Hugues Ratenon.
M. Jean-Hugues Ratenon . Monsieur le ministre, soyez digne et regardez en face tous ces nourrissons en urgence absolue ! (« La honte ! » et applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme Émilie Bonnivard . Lui, il sauve des vies ! Pas vous !
Auteur : M. Jean-Hugues Ratenon
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Santé
Ministère interrogé : Santé et accès aux soins
Ministère répondant : Santé et accès aux soins
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 1er mai 2025