Question écrite n° 6293 :
Plan de licenciements concernant le site Domo Chemicals à Saint-Fons

17e Législature
Question signalée le 30 juin 2025

Question de : M. Idir Boumertit
Rhône (14e circonscription) - La France insoumise - Nouveau Front Populaire

M. Idir Boumertit interroge M. le ministre auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé de l'industrie et de l'énergie, sur la menace qui pèse sur les salariés du site Domo Chemicals de Saint-Fons, dans sa circonscription. En effet, ces derniers vivent depuis plusieurs semaines dans l'angoisse et l'incompréhension ; le groupe belge a annoncé un plan de « sauvegarde de l'emploi » qui prévoit en réalité la suppression de 155 postes. Sur les 506 que compte actuellement le site, cela représente près de 30 % des effectifs. Sachant que ce territoire est déjà fortement éprouvé, notamment par des vagues de restructurations industrielles, comme celles ayant touché Arkema ou Kem One, il est essentiel de le protéger d'une nouvelle vague de licenciements. La direction du groupe se cache derrière une faible demande sur le marché et des coûts de l'énergie élevés à l'échelle européenne, mais les salariés comme les syndicats y voient surtout une logique de rentabilité court termiste qui se fait au dépend de familles entières, de compétences, de savoir-faire et de territoires entiers. Ce site industriel n'est pourtant pas un site en fin de vie, bien au contraire : il est au cœur de projets de transition énergétique majeurs. Le projet HYDOM, en partenariat avec Hynamics, filiale d'EDF, prévoit la mise en place d'une unité de production d'hydrogène vert de 85 MW, avec une mise en service prévue pour 2027. Le projet Val'Energy, quant à lui, porté par Suez, prévoit la création d'une chaufferie fonctionnant à partir de combustibles solides de récupération, participant ainsi à la décarbonation de l'industrie locale. Dans un contexte marqué par le double impératif de bifurcation écologique et de réindustrialisation, ce site devrait être un exemple à suivre et non un projet abandonné faute de vision à long terme. Comment justifier, dans ces conditions, une telle restructuration ? Comment croire à une politique industrielle durable et écologique ? Les salariés, qui ont tenu bon pendant les crises sanitaires et économiques, sont aujourd'hui trahis. Ils ne demandent pas la charité : ils demandent du respect, de la clarté et des engagements. Les syndicats, notamment la CGT, dénoncent à juste titre une logique financière opaque et brutale, un « jeu de Monopoly » entre grands groupes, au mépris des réalités humaines et territoriales. La direction parle de « pérennité », mais c'est un avenir amputé, fragilisé, voire hypothéqué, qui s'annonce pour Saint-Fons et la Vallée de la Chimie si rien n'est fait. Il souhaite donc savoir quand le Gouvernement mettra fin à cette politique de laisser-faire industriel qui abandonne les territoires aux logiques du marché, au détriment du climat, de l'emploi et de la souveraineté industrielle du pays.

Réponse publiée le 8 juillet 2025

Le parlementaire a attiré l'attention du ministre chargé de l'industrie et de l'énergie sur la situation de la société Polytechnyl située à Saint-Fons, appartenant au groupe belge DOMO Chemicals, dont l'activité est dédiée à la production et au traitement de plastiques techniques à base de nylon à destination des secteurs de l'automobile, du bâtiment ou encore des équipements électriques et électroniques. L'usine de Belle-Étoile a, ainsi, des activités dites « amont » de fabrication de produits chimiques intermédiaires (HMD, sel de nylon polyamide 6.6) vendus à ses différents clients ou utilisés pour ses activités dites « aval » pour la fabrication de plastiques techniques appelés « PA 6.6 compound ». Polytechnyl subit comme l'ensemble de la filière chimie un environnement économique défavorable couplé à des difficultés qui lui sont propres. En effet, de nombreux chocs exogènes affectent l'activité de cette entreprise depuis plusieurs années tels que le ralentissement du secteur automobile représentant une part significative du chiffre d'affaires de la société, la pandémie de Covid accompagnée de difficultés d'approvisionnement lors de la reprise, la crise énergétique en lien avec la situation ukrainienne ou encore la concurrence internationale. À cela, s'ajoutent des difficultés particulières liées notamment au marché sur lequel opère la société avec une faible demande et une surcapacité de production. Dans ce contexte, et après avoir recherché des solutions alternatives, le groupe DOMO Chemicals a pris la décision, que le Gouvernement regrette, d'arrêter totalement les activités « amont » situées dans la partie nord du site de Belle-Étoile, la production de l'usine étant désormais trop faible eu égard à ses capacités nominales et générant ainsi des coûts d'utilisation trop importants. La production sera désormais recentrée sur les seules activités « aval ». Le projet de plan de sauvegarde de l'emploi présenté aux représentants du personnel le 10 mars 2025 et prévoyant la suppression de 155 emplois (dont 22 vacants) sur un effectif de 506 salariés relève de la stratégie de l'entreprise visant à assurer la pérennité de celle-ci en arrêtant les activités « amont » correspondant à la fabrication de produits chimiques intermédiaires pour se recentrer sur des activités dites « aval ». Les services de l'État sont mobilisés afin de s'assurer que la procédure en cours se réalise en conformité avec la réglementation afférente. Plus particulièrement, les services de la direction départementale de l'emploi, du travail et des solidarités (DDETS) accompagnent le processus social qui vise à garantir aux salariés impactés par le plan de sauvegarde de l'emploi les meilleures chances de retour à l'emploi avec des mesures de reclassement et de reconversion de qualité et adaptées. Par ailleurs, la direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL) veille à ce que la fermeture des unités de production inhérentes à la fin de l'activité de polymérisation respectent les règles environnementales notamment en termes de dépollution. Les services de l'État veilleront enfin à ce que tous les efforts soient déployés pour, d'une part, pérenniser les activités « aval », faciliter les projets d'implantation et de développement de nouvelles productions identifiés à ce jour (projets HYDOM et Val Energy notamment) et, d'autre part, à ce que le groupe DOMO Chemicals remplisse ses obligations en matière de revitalisation du territoire.

Données clés

Auteur : M. Idir Boumertit

Type de question : Question écrite

Rubrique : Industrie

Ministère interrogé : Industrie et énergie

Ministère répondant : Industrie et énergie

Signalement : Question signalée au Gouvernement le 30 juin 2025

Dates :
Question publiée le 29 avril 2025
Réponse publiée le 8 juillet 2025

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