Relations diplomatiques avec la Syrie
Question de :
M. Marc Chavent
Ain (5e circonscription) - UDR
Question posée en séance, et publiée le 8 mai 2025
RELATIONS DIPLOMATIQUES AVEC LA SYRIE
Mme la présidente . La parole est à M. Marc Chavent.
M. Marc Chavent . Emmanuel Macron reçoit Ahmed al-Charaa à l’Élysée. Cet homme est le fondateur du Front Al-Nosra. Sous son règne, des centaines de milliers de Syriens ont été massacrés, persécutés, et des communautés entières ont été écrasées sous la terreur et la charia. Les chrétiens, les druzes, les Kurdes, les yézidis, tous ont payé le prix de sa soif de pouvoir.
Comment justifier qu’un tel individu soit reçu en France, au cœur de la République, alors qu’il incarne tout ce que nous combattons ? Comment concilier cette rencontre avec nos engagements en faveur des droits de l’homme, de la liberté et de la dignité humaine ?
Comment expliquer aux victimes du terrorisme, en Syrie ou chez nous, que la France tend la main à celui qui a orchestré leur souffrance ? Et comment justifier cette rencontre auprès de nos concitoyens musulmans, attachés à la République, alors que leur pays accueille celui qui a trahi leur foi ?
Quel message envoyons-nous aux peuples persécutés, aux victimes du terrorisme et à la France elle-même ? Quelles garanties avons-nous reçues pour la protection des minorités en Syrie, pour une – vraie – transition démocratique, pour l’avenir de la liberté et de la justice dans cette région ? (Applaudissements sur les bancs des groupes UDR et RN.)
Mme la présidente . La parole est à M. le ministre délégué chargé de l'Europe.
M. Sylvain Maillard . Très bien !
M. Thibault Bazin . Il n'a pas encore parlé ! (Sourires.)
M. Benjamin Haddad, ministre délégué chargé de l'Europe . Nous n’avons pas de leçon de diplomatie ou de droits de l’homme à recevoir de ceux qui ont voulu se soumettre à Vladimir Poutine et s’allier avec le régime criminel de Bachar al-Assad en Syrie. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe EPR et sur quelques bancs du groupe SOC.)
La diplomatie, ce n’est pas accorder un blanc-seing, c’est défendre nos intérêts et assurer la sécurité des Français. C’est dans cette logique que nous avons engagé un dialogue avec les autorités de transition en Syrie il y a plusieurs mois…
M. Julien Odoul . Avec les terroristes islamistes !
M. Benjamin Haddad, ministre délégué . …notamment lors de la visite du ministre des affaires étrangères à Damas.
Un député du groupe RN . On a vu le résultat !
M. Benjamin Haddad, ministre délégué . Ce dialogue nous a permis de formuler des exigences claires, notamment sur la lutte contre la dissémination des armes chimiques, partiellement menée à bien. Nous avons également plaidé – et obtenu des résultats – en faveur d'un dialogue politique avec nos alliés indéfectibles dans la lutte contre le terrorisme, les Kurdes.
M. Julien Odoul . Vous faites quoi du massacre des alaouites et des druzes ?
M. Benjamin Haddad, ministre délégué . Nous souhaitons un dialogue représentatif au sein du gouvernement avec les différentes forces politiques et groupes qui composent la Syrie. Là aussi, nous avons obtenu gain de cause.
Si le président de la République a choisi d’inviter le président de l’autorité de transition, Ahmed al-Charaa, c’est précisément pour aller plus loin. Il s’agit d’exiger que les responsables des massacres inacceptables commis sur la côte occidentale de la Syrie, notamment contre les communautés alaouites et druzes, soient traduits devant la justice.
M. Sylvain Maillard . Eh oui !
Mme Danielle Brulebois . Très bien !
M. Benjamin Haddad, ministre délégué . Il s’agit aussi de poursuivre la lutte et la coopération contre les terroristes de Daech, un combat que nous menons depuis plus de dix ans.
En effet, l’effondrement de la Syrie ouvrirait un boulevard au retour de Daech. Sur tous ces sujets, nous n’avons qu’une seule boussole : les intérêts et la sécurité de la France. (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR et sur quelques bancs du groupe Dem.)
M. Alexandre Dufosset . On ne le voit pas !
Mme la présidente . La parole est à M. Marc Chavent.
M. Marc Chavent . Vous vous adressez à nous avec mépris, comme d’habitude – je ne suis pas surpris. Mais avant de me qualifier d’ami de MM. Assad ou Poutine, vous feriez bien de vous renseigner : j’ai de la famille dans cette région, j’y vais régulièrement et, je le répète, vous soutenez un terroriste. Al-Nosra, Al-Qaïda, Daech, cela ne vous dit rien ? (« C'est une honte ! » et applaudissements sur quelques bancs des groupes UDR et RN.)
C’est une honte absolue ! Un terroriste en cravate reste un terroriste et quand on serre une main ensanglantée, on reste couvert de sang. (Applaudissements sur les bancs des groupes UDR et RN.)
Auteur : M. Marc Chavent
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Politique extérieure
Ministère interrogé : Europe
Ministère répondant : Europe
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 8 mai 2025