Question de : M. Christian Baptiste
Guadeloupe (2e circonscription) - Socialistes et apparentés

M. Christian Baptiste alerte M. le ministre d'État, ministre des outre-mer, sur la persistance de la crise de l'eau en Guadeloupe, en particulier dans la commune du Gosier. Alors que M. le ministre a récemment déclaré poser un ultimatum au 30 juin 2025 pour le rétablissement de l'eau sur l'ensemble du territoire, il convient de rappeler que la situation sur le terrain reste critique. Au Gosier, commune de la deuxième circonscription, des habitants sont privés d'eau depuis plus d'un mois. Cette situation intolérable a de graves répercussions sanitaires, sociales et économiques. Il est important de souligner que la crise actuelle s'inscrit dans une histoire longue de désengagement, mais aussi d'interventions structurelles de l'État. En effet, la création du syndicat mixte de gestion de l'eau et de l'assainissement de Guadeloupe (SMGEAG), structure aujourd'hui chargée de la gestion de l'eau et de l'assainissement en Guadeloupe, a été impulsée et soutenue par l'État lui-même. Il ne peut donc être uniquement demandé à cette structure de « se débrouiller » sans que soient précisés les leviers mobilisés par l'État pour l'aider à relever un défi aussi complexe. Il lui demande donc quelles sont les aides financières, techniques et humaines effectivement débloquées par l'État pour atteindre l'objectif de retour à une distribution normale d'ici le 30 juin ; quels moyens d'accompagnement structurel sont prévus pour garantir la durabilité de la gouvernance de l'eau dans l'archipel et comment l'État entend assumer sa part de responsabilité dans la crise actuelle, compte tenu de son rôle dans la structuration du SMGEAG.

Réponse publiée le 12 août 2025

Face aux difficultés que le syndicat mixte de gestion de l'eau et de l'assainissement de Guadeloupe (SMGEAG) rencontre, l'Etat accompagne étroitement ce dernier par des financements en investissement, en fonctionnement et un soutien en ingénierie. Ainsi, depuis 2023, le SMGEAG bénéficie d'un contrat d'accompagnement renforcé de trois ans (2023-2025), signé avec l'État et les partenaires institutionnels. Ce contrat vise à l'appuyer dans la mise en œuvre de son plan de retour à l'équilibre et à lui permettre de rattraper le retard considérable accumulé sur les réseaux. Il prévoit notamment la mise à disposition de 11 assistants techniques financés par l'État, dont 8 ont été effectivement recrutés. Ces agents, présents à temps plein sur le territoire, travaillent étroitement avec les équipes du syndicat. L'État a également nommé un sous-préfet spécifiquement dédié à la politique de l'eau en Guadeloupe. Les deux premières années du contrat ont donné lieu au versement de 47 M€ au bénéfice du SMGEAG. Un avenant signé le 16 mars 2025 a prévu, pour l'année en cours, une subvention exceptionnelle d'exploitation pouvant atteindre 18 M€. Ce soutien reste conditionné à la réalisation effective des réformes structurelles indispensables et attendues, mesurées à travers des livrables remis périodiquement. Au-delà de ce contrat, l'État a mobilisé 173,2 M€ depuis 2016 au titre du plan Eau DOM pour la Guadeloupe répartis en 95,8 M€ de subventions, 72,9 M€ de prêts bonifiés, et 4,45 M€ d'appui technique. L'Etat a donc soutenu le syndicat en apportant une ingénierie renforcée et en contribuant massivement à son financement. Cependant, la réussite du redressement repose aussi sur une gestion efficace des moyens publics alloués. Or, force est de constater que le syndicat n'engage pas les réformes préconisées notamment par la Chambre régionale des Comptes, dont le rapport publié début juillet 2025 est sans appel puisqu'il souligne un écart manifeste entre les besoins réels de la structure et les décisions prises par ses instances délibérantes. Le SMGEAG compte près de deux fois plus d'agents que nécessaire, selon les standards du secteur, et applique une politique de rémunération particulièrement avantageuse, sans justification ni contrepartie sur la qualité de service. Or, dans le même temps, l'entretien du réseau reste lacunaire, et les performances globales du service ne progressent pas à la hauteur des enjeux. Il importe dès lors que ces réformes, dont la nécessité fait consensus, soient désormais effectivement mises en oeuvre. 

Données clés

Auteur : M. Christian Baptiste

Type de question : Question écrite

Rubrique : Outre-mer

Ministère interrogé : Outre-mer

Ministère répondant : Outre-mer

Dates :
Question publiée le 20 mai 2025
Réponse publiée le 12 août 2025

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