Question au Gouvernement n° 753 :
Prévention des cancers

17e Législature

Question de : M. Aurélien Rousseau
Yvelines (7e circonscription) - Socialistes et apparentés

Question posée en séance, et publiée le 4 juin 2025


PRÉVENTION DES CANCERS

Mme la présidente . La parole est à M. Aurélien Rousseau.

M. Aurélien Rousseau . Nous sommes dans une période paradoxale en matière de cancers. Chaque jour, des traitements nouveaux sont présentés dans le monde entier, offrant des perspectives très encourageantes. Dans le même temps, nous sommes nombreux à vivre ou à avoir vécu avec le cancer, parfois en l'affichant publiquement, comme vous l'avez fait, madame la présidente, avec beaucoup de force, ou comme je le fais à présent – pas seulement pour excuser de longues semaines d'absence sur ces bancs, mais pour dire aux Françaises et aux Français que ces sujets intimes sont aussi des sujets de politique publique. (Applaudissements sur les bancs des groupes SOC, EPR, EcoS, Dem et GDR ainsi que sur plusieurs bancs des groupes LFI-NFP et DR.)

Nous percevons autour de nous l'augmentation des cas, notamment chez les plus jeunes. Combien d'entre eux sont dépistés avec des cancers à des stades avancés ? Certains, comme le remarquable professeur Fabrice Barlesi, qui dirige l'Institut Gustave-Roussy, affirment que nous devons nous préparer à un tsunami. Les facteurs sont connus – alcool, tabac, surpoids, régime alimentaire – mais des questions demeurent : quelle est la responsabilité des pollutions environnementales, des aliments ultratransformés, des perturbateurs endocriniens, des contraceptifs hormonaux ? Tout cela est difficile à quantifier.

Pouvez-vous vous engager à ce que la recherche en matière de cancer ne soit victime d'aucune réduction budgétaire dans les mois à venir ? (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC et sur quelques bancs du groupe EcoS. – Mme Stéphanie Rist et M. Olivier Becht applaudissent également.) Nous devons redonner souffle et visibilité à la politique de lutte contre le cancer. Pouvez-vous confirmer l'engagement du gouvernement dans une voie que j'avais mise en avant, celle de la recherche en prévention ? Actionner ce levier sera décisif pour lutter contre les cancers et les récidives, et pour mesurer les inégalités sociales. Pouvez-vous vous engager à faire toute la transparence sur l'état des connaissances, sur ce que nous savons comme sur ce que nous ne savons pas, bref à mener à terme le projet de registre des cancers ? Nous devons en effet avancer à la lumière de la science et non à celle, blafarde, du faisceau tendu par les complotistes et les relativistes. (Les députés du groupe SOC se lèvent et applaudissent. – Applaudissements sur les bancs des groupes LFI-NFP, EcoS et GDR ainsi que sur plusieurs bancs du groupe DR. – Mme la présidente et Mme la ministre du travail, de la santé, des solidarités et des familles applaudissent également.)

Mme la présidente . La parole est à M. le ministre chargé de la santé et de l’accès aux soins.

M. Yannick Neuder, ministre chargé de la santé et de l’accès aux soins . Je salue votre courage et, à travers vous, l'ensemble des près de 4 millions de Français qui vivent avec un cancer. Vous avez cité un grand nom de la cancérologie française, celui du professeur Barlesi. Je pense aussi à Jean-Yves Blay. Tous deux ont d'ailleurs cosigné une tribune appelant à se doter d'un registre national des cancers. Pardonnez-moi, madame la présidente, je ne cherche pas à alimenter une polémique stérile entre le Parlement et le gouvernement, mais il me semble que l'ensemble des groupes est favorable à l'inscription à l'ordre du jour de la proposition de loi visant à créer un tel registre… (Applaudissements sur les bancs du groupe DR et sur plusieurs bancs des groupes EPR et SOC.)

Mme Émilie Bonnivard . Très bien !

M. Yannick Neuder, ministre . Ce registre fournira davantage de données,…

Plusieurs députés du groupe EcoS . Créez-le !

M. Yannick Neuder, ministre . …sur le déterminisme génétique, les facteurs liés aux nouvelles hygiènes de vie ou à l'environnement – qualité de l'air, qualité de l'eau, pesticides, PFAS –, sans oublier les aliments ultratransformés, qui sont l'une des pistes sérieuses d'explication des cancers. (M. Cyrille Isaac-Sibille applaudit.)

Il est important que les équipes françaises de recherche, issues notamment du Paris Saclay Cancer Cluster, qui reviennent du congrès annuel de la Société américaine d’oncologie clinique, fassent part des dernières avancées en ce domaine. J'en profite pour saluer l'ensemble de la communauté française de recherche en oncologie.

Sans présager des décisions du Parlement sur le prochain budget, le gouvernement n'a aucune intention de limiter les crédits alloués à la recherche sur le cancer. Deuxièmement, il compte bien favoriser la prévention – le meilleur traitement étant celui que l'on n'administre pas, surtout si l'on pense à toutes les séquelles possibles. Nous avons intérêt à agir au plus précoce ; le diagnostic en dépend.

Enfin, le Sénat souhaite un registre national des cancers, la proposition de loi sur le sujet, déposée par les sénatrices Sonia de La Provôté et Marie-Pierre de La Gontrie, ayant été votée à l'unanimité.

Mme Dominique Voynet . Il y a déjà deux ans !

M. Yannick Neuder, ministre . Nous pourrons donc l'inscrire à l'ordre du jour transpartisan de cette assemblée, le plus rapidement possible, dès que nous en aurons l'occasion. Je vous remercie encore une fois pour votre courage et pour votre question. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR. - Mme Danielle Brulebois applaudit également.)

Mme la présidente . Concernant votre souhait d'inscrire ce texte le plus rapidement possible à l'ordre du jour, monsieur le ministre, sachez que la prochaine semaine de l'Assemblée – lors de laquelle cette dernière fixera son ordre du jour – est prévue en décembre 2025 ! Si vous voulez aller vite, c'est bien au gouvernement de mettre ce texte à l'ordre du jour ! (Applaudissements sur les bancs des groupes LFI-NFP, SOC, EcoS, GDR et sur plusieurs bancs du groupe EPR. – Protestations sur plusieurs bancs du groupe DR.)

Mme Émilie Bonnivard . Un peu de respect, tout de même, madame la présidente ! C'est honteux, on ne parle pas comme cela à un ministre !

M. Fabien Di Filippo . Agissez ainsi avec tous, y compris avec le premier ministre !

Mme Émilie Bonnivard . Je regrette d'avoir voté pour cette présidente, j'aurais dû voter pour Chassaigne !

Données clés

Auteur : M. Aurélien Rousseau

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Maladies

Ministère interrogé : Santé et accès aux soins

Ministère répondant : Santé et accès aux soins

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 4 juin 2025

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