Question écrite n° 7569 :
ANRU : quand la rénovation urbaine aggrave la crise du logement

17e Législature

Question de : Mme Marianne Maximi
Puy-de-Dôme (1re circonscription) - La France insoumise - Nouveau Front Populaire

Mme Marianne Maximi attire l'attention de Mme la ministre auprès du ministre de l'aménagement du territoire et de la décentralisation, chargée du logement, sur les effets délétères des opérations de rénovation urbaine menées par l'agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU). Alors que la pauvreté gagne du terrain, 15 millions de personnes sont impactées par la crise du logement en France. Lors de son dernier Congrès HLM en septembre 2024, la présidente de l'Union sociale pour l'habitat a alerté de nouveau sur le manque de logements sociaux en France et sur une politique d'austérité qui fragilise les organismes HLM dans leurs projets de construction et de réhabilitation. En 2025, rien que dans le Puy-de-Dôme, ce sont plus de 17 000 personnes en attente d'un logement social, soit 19 % d'augmentation depuis 2019. Pourtant, les projets actuels menés par l'ANRU continuent à entraîner la destruction de logements sociaux amortis et bon marché, sans qu'aucun arrêté de péril ne le justifie. Ces démolitions imposées, souvent sans véritable concertation, représentent un non-sens écologique, économique et social. Mais au-delà de la disparition progressive d'un parc HLM accessible et nécessaire, ces opérations ont des effets de chaîne préoccupants sur l'ensemble des services publics de proximité. Dans plusieurs quartiers populaires de Clermont-Ferrand, notamment aux Vergnes et à la Gauthière, les projets portés par l'ANRU ont provoqué une baisse rapide du nombre d'habitants, souvent relogés en dehors des quartiers. Pour les services de l'éducation nationale, cette baisse a servi de justification à des fermetures de classes. Ces choix, directement liés à l'impact de la rénovation urbaine sur la démographie scolaire, accélèrent les inégalités scolaires, le déclin de ces quartiers et nuisent à leur attractivité. Elle demande donc si le Gouvernement compte enfin tirer les leçons de ces effets pervers documentés et décréter un moratoire immédiat sur les démolitions en cours afin de réorienter les politiques de la ville vers la réhabilitation du bâti, le renforcement des services publics et la préservation des solidarités qu'entretiennent les habitants et le monde associatif.

Réponse publiée le 9 septembre 2025

L'Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine est un opérateur de l'Etat créé en 2004 qui finance et accompagne la rénovation urbaine des quartiers urbains les plus en difficulté. Dans le cadre des projets en cours 448 quartiers dans l'ensemble du territoires français (outres mers compris) bénéficient d'un total de 45 milliards d'euros d'investissement, pour améliorer le cadre de vie de 3 millions d'habitants, d'ici 2032. Les projets de rénovation urbaine accompagnés par l'Anru sont portés par les élus, en concertation avec les habitants et les acteurs locaux, et non par l'Anru elle-même. Cette dernière intervient en tant qu'opérateur et financeur, sur la base de projets de renouvellement urbain définis proposés par les maires en lien avec leurs intercommunalités, ainsi que c'est le cas des quartiers des Vergnes et de la Gauthière à Clermont-Ferrand, retenus parmi les quartiers bénéficiaires des financements de l'Anru dans le cadre du nouveau programme national de rénovation urbaine. La rénovation urbaine permet de produire massivement du logement abordable dans les quartiers, avec un nombre de logements neufs programmés largement supérieur au nombre de logements sociaux et privés obsolètes supprimés. La moitié de ces logements neufs sont des logements sociaux, à l'échelle nationale. Le taux de reconstitution de l'offre en logement social est regardé au cas par cas, territoire par territoire, en fonction des besoins locaux. A Clermont Ferrand, la reconstitution de l'offre se fait au « 1 pour 1 » (un logement social reconstruit pour un logement social démoli), et hors QPV pour soutenir la mixité sociale. La rénovation urbaine permet également de rénover massivement un parc social peu attractif, avec après travaux une étiquette A ou B pour 8 logements rénovés sur 10 (contre D en moyenne avant travaux), permettant d'adapter nos quartiers au confort d'été et de lutter contre la précarité énergétique. La rénovation urbaine apporte enfin une mixité fonctionnelle dans les quartiers au travers d'une nouvelle offre d'équipements et de services et d'opérations d'immobilier économiques destinées à accueillir des activités. En matière de transformation du cadre de vie les projets permettent d'intégrer des dimensions essentielles telles que la mixité scolaire, la mobilité et la prise en compte des questions de sûreté. Engagée depuis 2004, la politique publique de rénovation et de renouvellement urbain n'a pas cessé de se parfaire à travers des principes de mise œuvre affinés au fil du temps par la démarche concertée initiée par l'Anru avec les élus, les acteurs du renouvellement urbain, notamment les bailleurs sociaux, et les habitants des quartiers. Ces principes continueront à guider l'action publique pour garantir une rénovation urbaine équilibrée, respectueuse des besoins locaux et des parcours de vie.

Données clés

Auteur : Mme Marianne Maximi

Type de question : Question écrite

Rubrique : Logement

Ministère interrogé : Logement

Ministère répondant : Logement

Dates :
Question publiée le 17 juin 2025
Réponse publiée le 9 septembre 2025

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