Attentat terroriste à Puget-sur-Argens
Question de :
M. Steevy Gustave
Essonne (3e circonscription) - Écologiste et Social
Question posée en séance, et publiée le 4 juin 2025
ATTENTAT TERRORISTE À PUGET-SUR-ARGENS
Mme la présidente . La parole est à M. Steevy Gustave.
M. Steevy Gustave . Samedi soir, à Puget-sur-Argens, Hichem a été assassiné. Assassiné par son voisin, en raison de ses origines ; assassiné parce qu'il était perçu comme un étranger, parce qu'il était musulman, parce qu'il était tunisien. Ce n'est pas un fait divers ; c'est un attentat. Un attentat raciste, revendiqué sur les réseaux sociaux. (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS et sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.) Un acte nourri de haine et prémédité, comme en témoigne l'arsenal retrouvé dans sa voiture. Un acte terroriste, qui visait à faire peur, à diviser, à insinuer la haine.
Ce drame n'est pas isolé. Il y a quelques semaines, Aboubakar Cissé était tué dans une mosquée du Gard. Quelques mois plus tôt, Djamel Bendjaballah était écrasé par un militant néonazi à Dunkerque, sous les yeux de sa fille. Ces crimes s'accumulent et le silence persiste. Certes, personne ici n'a tenu l'arme ; mais à force d'agiter la peur, de stigmatiser les musulmans, de faire de l'immigration une obsession, certains préparent le terrain quand d'autres passent à l'acte. Derrière les mots, il y a des morts. Derrière les postures, il y a des familles. Derrière le buzz, il y a des mères qui pleurent leurs fils. Ça suffit ; assez joué avec le feu ! Assez de ceux qui bâtissent leur carrière politique sur la peur et sur le dos de nos compatriotes !
Mme Farida Amrani . Racistes !
M. Steevy Gustave . La République n'est pas un champ de bataille identitaire ; elle est un refuge, un rempart, un idéal. (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS et sur plusieurs bancs des groupes LFI-NFP et SOC.) Il est plus que temps qu'elle protège tous ses enfants, sans hiérarchie, sans exception, sans condition. Aujourd'hui, ce ne sont plus des alertes, ce sont des morts.
Monsieur Retailleau, vous qui parlez de « barbares » et d'identité nationale, dites-nous jusqu'à quand vous ferez de la peur un projet politique, alors que des citoyens meurent simplement pour ce qu'ils sont. (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS et sur plusieurs bancs des groupes LFI-NFP et SOC.)
Mme la présidente . La parole est à M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur.
M. Bruno Retailleau, ministre d'État, ministre de l'intérieur . Nous avons un point d'accord et un point de désaccord. Je suis d'accord pour affirmer tout haut que ce crime est beaucoup plus qu'un fait divers. Il est désormais prouvé qu'il s'agit d'un crime raciste, sans doute antimusulman, donc terroriste – l'enquête du parquet national antiterroriste le confirmera vraisemblablement.
Si le Pnat s'est saisi, c'est parce que cette affaire est grave. Vous l'avez très bien dit : ce meurtre dépasse l'acte lui-même ; le meurtrier a voulu s'en prendre à Hichem parce qu'il était étranger, il s'agit donc d'un acte antiraciste. (Exclamations et rires sur divers bancs.) Raciste ! Je le dis et le répète : un acte raciste est un acte antifrançais.
M. Sébastien Delogu . Alors protégez les Français !
Mme Danielle Simonnet . Et n'utilisez pas le mot « barbare » !
M. Bruno Retailleau, ministre d'État . Nous partageons la même définition de la France et de la République : celle-ci ne reconnaît aucune différence selon l'origine, la croyance ou la religion. (Mme Mathilde Panot s'exclame.) En cela, nous sommes parfaitement d'accord et je fais confiance à l'autorité judiciaire pour punir gravement celui qui a commis cet acte odieux et abominable. Il s'agit d'un acte barbare.
Cependant, nous sommes en désaccord sur un point : on ne peut se servir de ce meurtre intolérable pour faire de la politique politicienne. (Exclamations sur les bancs des groupes LFI-NFP et EcoS. – M. Alexis Corbière rit.) Je le dis de façon très claire : la France n'est pas raciste mais, malheureusement, il y a des racistes en France.
M. Aly Diouara. L'extrême droite vous applaudit !
M. Raphaël Arnault . Ils siègent juste à côté de vous !
Mme Caroline Parmentier . Vous nous traitez de racistes ? Fiché S ! (M. Raphaël Arnault et Mme Caroline Parmentier s'apostrophent de banc à banc.)
M. Bruno Retailleau, ministre d'État . Ces racistes doivent être punis sévèrement, parce qu'ils bafouent le projet républicain, le projet de notre beau pays, que nous aimons tous…
Mme Sandra Regol . Quand on aime son pays, on ne ferme pas les yeux !
M. Bruno Retailleau, ministre d'État . …d'où que nous venions, quelles que soient nos croyances. Croyez-moi, quand je combats l'islamisme, je ne combats pas les musulmans. (Mme Mathilde Panot s'exclame.) Ceux qui font l'amalgame entre l'islamisme et les musulmans se trompent ; ce sont les pays musulmans qui ont, les premiers, interdit les Frères musulmans. (Exclamations sur plusieurs bancs des groupes LFI-NFP et EcoS.)
M. Alexis Corbière . Quel est le rapport ?
Mme la présidente . La parole est à M. Steevy Gustave.
M. Steevy Gustave . Je ne suis pas dans la polémique ; je respecte tout le monde. Je suis un défenseur du vivre ensemble et, à chaque fois que je vous écoute, j'ai mal à ma France ! (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS et sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP. – Exclamations sur plusieurs bancs du groupe RN.)
Auteur : M. Steevy Gustave
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Terrorisme
Ministère interrogé : Intérieur
Ministère répondant : Intérieur
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 4 juin 2025