Surveillance microbiologique du MPox en France
Question de :
M. Théo Bernhardt
Bas-Rhin (8e circonscription) - Rassemblement National
M. Théo Bernhardt appelle l'attention de Mme la ministre de la santé et de l'accès aux soins sur l'utilisation de la surveillance microbiologique des eaux usées comme outil de prévention contre une potentielle épidémie de MPox en France. L'épidémie de variole du singe (MPox) en 2022 a touché plusieurs pays, dont la France, avec 3 789 cas confirmés. Un nouveau clade, plus infectieux, le clade Ib, a été détecté en 2024. Ce dernier circule actuellement dans certaines régions d'Afrique et un premier cas européen a été détecté en Suède. Bien que le Gouvernement ait pris des mesures pour limiter la propagation, notamment par la vaccination et l'analyse génétique des cas détectés, il semble pertinent d'explorer des approches supplémentaires pour mieux anticiper une éventuelle résurgence. Le dispositif SUM'EAU, piloté par Santé publique France, surveille la présence de pathogènes tels que le SARS-CoV-2 dans les eaux usées, permettant ainsi une détection précoce des vagues épidémiques. De plus, une étude française de 2022 a démontré la possibilité de retrouver du matériel génétique du virus MPox dans les eaux usées, suggérant que la surveillance de ce virus via les eaux usées pourrait constituer un outil efficace pour anticiper la propagation du virus. Face à ces éléments, M. le député souhaite savoir si le Gouvernement prévoit d'intégrer la surveillance du MPox dans le dispositif SUM'EAU ou un autre système de surveillance des eaux usées, notamment en lien avec le réseau OBEPINE, qui couvre déjà 40 % du territoire national pour la surveillance de la covid-19. Ce type de surveillance permettrait d'identifier rapidement les clusters et les zones géographiques à risque, facilitant ainsi la mise en œuvre de mesures ciblées, telles que la mobilisation de personnel médical ou l'intensification de la campagne vaccinale dans les régions les plus touchées. Par ailleurs, il aimerait obtenir des précisions sur les recherches en cours visant à améliorer la sensibilité de détection du virus MPox dans les eaux usées, notamment en ce qui concerne la résistance du génome viral et sa conservation dans ce type d'environnement. Enfin, il l'interroge sur les actions prévues pour renforcer les outils de veille épidémiologique et soutenir le financement de projets comme OBEPINE+ dans le cadre du plan France 2030, pour faire face aux risques accrus de maladies émergentes et de pathogènes à haut risque.
Réponse publiée le 15 avril 2025
Depuis la déclaration de l'urgence de santé publique de portée internationale le 14 août 2024 par l'organisation mondiale de la santé, le ministère chargé de la santé a réactualisé son plan d'actions contre le Mpox élaboré en 2022 pour la maîtrise de l'épidémie, et renforcé les mesures de surveillance et de prévention afin de détecter rapidement les cas importés et de limiter tout risque de propagation en France. Il a été ainsi assuré le déploiement sur le territoire de solutions diagnostiques adaptées pour détecter les différents clades du mpox. Le ministère a également saisi dès le mois d'août la Haute autorité de santé (HAS) pour actualiser la stratégie vaccinale et le Haut conseil de la santé publique (HCSP) pour préciser les mesures pour les voyageurs. La vaccination contre le Mpox se poursuit depuis 2022, et les populations les plus à risque ont été informées, en lien avec les agences régionales de santé, de la stratégie de vaccination actualisée en 2024, des lieux de vaccination, et de la montée en charge de la vaccination conformément aux recommandations de la HAS. Les professionnels de santé ont été à nouveau sensibilisés à la situation et aux signes cliniques du virus, afin d'assurer une prise en charge rapide des cas. Une vigilance accrue est portée concernant les personnes revenant de zones où le virus est endémique, et les recommandations aux voyageurs ont été adaptées en ce sens, en lien avec le ministère de l'europe et des affaires étrangères, et conformément aux recommandations du HCSP. Des messages d'information ont également été diffusés dans les aéroports pour les voyageurs au départ et au retour des pays à risque. Un numéro vert est disponible pour répondre aux interrogations sur le Mpox et communiqué dans les messages d'information. Concernant la surveillance microbiologique des eaux usées, des travaux sont en cours pour élargir le dispositif à d'autres pathogènes d'intérêt sanitaire. Il s'agit d'un outil précieux pour le suivi épidémiologique, comme l'a montré le dispositif SUM'EAU dans le cadre des vagues épidémiques de Covid-19. Concernant la sensibilité de détection du Mpox dans les eaux usées, les performances des techniques de détection doivent être vérifiées. Ces recherches permettront de mieux définir les protocoles de détection et de renforcer la capacité de suivi de ce pathogène en cas de besoin. Le Gouvernement, dans le cadre du plan France 2030, réaffirme son engagement à renforcer la préparation systémique aux risques de nouvelles crises sanitaires majeures en finançant notamment certains projets qui ont pour objectifs de capitaliser, consolider et étendre ce qui a émergé durant la pandémie de Covid-19. A cet égard, le plan Innovation santé 2030, a logiquement identifié la lutte contre les maladies infectieuses émergentes comme une des priorités stratégiques pour la France, en incluant un soutien financier pour le projet OBEPINE+ de construction d'une plateforme nationale de recherche et développement en épidémiologie via les eaux usées, porté par Sorbonne Université et 22 partenaires du secteur privé et public.
Auteur : M. Théo Bernhardt
Type de question : Question écrite
Rubrique : Santé
Ministère interrogé : Santé et accès aux soins
Ministère répondant : Santé et accès aux soins
Dates :
Question publiée le 1er octobre 2024
Réponse publiée le 15 avril 2025