Question au Gouvernement n° 797 :
Conflit entre Israël et l’Iran

17e Législature

Question de : M. Pierre Pribetich
Côte-d'Or (3e circonscription) - Socialistes et apparentés

Question posée en séance, et publiée le 18 juin 2025


CONFLIT ENTRE ISRAËL ET L'IRAN

Mme la présidente . La parole est à M. Pierre Pribetich.

M. Pierre Pribetich . Monsieur le premier ministre, à la veille du 18 juin, quelle est la voix de la France ? Il y a quelques jours, 200 avions de chasse israéliens ont frappé en Iran des sites impliqués dans le programme d'enrichissement nucléaire de ce pays. Il est clair pour nous que la poursuite de ce programme par l'Iran représente une menace existentielle pour Israël et sa population. Acteur de déstabilisation de la région, l'Iran triche en continuant d'augmenter sa production d'uranium enrichi, comme l'a démontré le dernier rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique.

Pendant le quinquennat de François Hollande, de longues négociations avaient été lancées par Laurent Fabius afin que l'Iran ne puisse accéder à l'arme nucléaire. Donald Trump a déchiré et brisé cet accord, permettant à l'Iran de poursuivre tranquillement son programme nucléaire. De nouvelles négociations, si imparfaites soient-elles, étaient en cours ces dernières semaines.

Dans ce contexte, nous ne pouvons légitimer ni l'usage de la force ni la fuite en avant de Benyamin Netanyahou, que ce soit en Iran, en Syrie, au Liban ou à Gaza. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC et sur quelques bancs du groupe EcoS. – M. Stéphane Peu applaudit également.) Pour l'équilibre d'une région déjà instable et d'un monde en ébullition, la communauté internationale, si elle existe encore, doit se ressaisir pour exiger une désescalade et un cessez-le-feu, afin d'éviter toute attaque contre les populations civiles, tant en Iran qu'en Israël. Nous demandons de manière urgente un retour à la table des négociations.

Comment le gouvernement et les partenaires de notre pays, au sein de l'Union européenne ou du G7, peuvent-ils faire pression pour revenir à un règlement du conflit dans le cadre diplomatique et pour créer les conditions d’un cessez-le-feu ainsi que d'un nouvel accord sur le nucléaire iranien ? Je réitère ma question : quelle est la voix de la France à la veille du 18 juin ? (Applaudissements sur les bancs des groupes SOC et EcoS. – M. Stéphane Peu applaudit également.)

Mme la présidente . La parole est à M. le ministre de l’Europe et des affaires étrangères.

M. Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des affaires étrangères. La voix de la France est claire et forte. (Murmures de protestation sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Elle réclame la paix et la sécurité pour tous. Cette position repose sur un double refus. D'abord celui de voir Gaza être occupée, la Cisjordanie être colonisée, le Hamas continuer à détenir des otages dans des tunnels et l'aide humanitaire être bloquée à l'entrée de la bande de Gaza alors que la population y est affamée.

M. Jean-Paul Lecoq . Reconnaissez l'État palestinien !

M. Jean-Noël Barrot, ministre . C'est pourquoi, même si nous avons dû la reporter, pour des raisons logistiques et sécuritaires, nous restons déterminés à tenir la conférence pour la solution à deux États. Une dynamique désormais impossible à arrêter va nous conduire à reconnaître l'État de Palestine. (Mme Alma Dufour s'exclame.)

Le second refus est celui d'un Iran puissance nucléaire qui, comme vous l'avez dit, ferait peser un danger existentiel sur Israël, sur la région et sur l'Europe. Ce problème ne peut être réglé que par la négociation, ce à quoi la France a œuvré il y a dix ans, sous l'autorité du président Hollande, en se montrant plus exigeante que ses partenaires américains et en obtenant de l'Iran des concessions significatives. Cet accord a été fragilisé quelques années plus tard lorsque les États-Unis s'en sont retirés, mais la négociation reste la seule manière d'aboutir à un arrêt du programme nucléaire et balistique iranien.

C'est pourquoi nous appelons à la retenue, à la désescalade, à l'arrêt des frappes des deux côtés…

Mme Dominique Voynet . Qui a commencé ?

M. Jean-Noël Barrot, ministre . …et au retour à la négociation. Je l'ai dit à mes homologues iranien, israélien et américain. Je leur ai également dit que, de la même manière que les Français, les Allemands et les Britanniques avaient trouvé la solution il y a dix ans, nous nous tenons prêts à apporter notre compétence, notre expérience et notre constance pour mener des discussions avec les parties prenantes. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes EPR, DR et Dem. – M. Jérôme Guedj applaudit également.)

Données clés

Auteur : M. Pierre Pribetich

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Politique extérieure

Ministère interrogé : Europe et affaires étrangères

Ministère répondant : Europe et affaires étrangères

Date : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue au Journal officiel du 18 juin 2025

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