Nécessité d'étendre le programme pHARe à tous les établissements scolaires
Question de :
Mme Christelle D'Intorni
Alpes-Maritimes (5e circonscription) - UDR
Mme Christelle D'Intorni appelle l'attention de Mme la ministre d'État, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, sur la nécessité d'étendre le programme pHARe à l'ensemble des établissements scolaires privés. Le harcèlement scolaire est un fléau national, dont les conséquences humaines et psychologiques sont dramatiques. Il n'épargne aucun élève, quel que soit son établissement. Pourtant, le programme pHARe, présenté par le ministère comme le pilier de la politique publique de lutte contre le harcèlement, reste essentiellement cantonné aux établissements publics. Si certains établissements privés sous contrat ont été associés à la démarche sur la base du volontariat, aucune mesure sérieuse n'a été prise pour garantir une couverture équitable de l'ensemble des structures éducatives du pays. Cette situation crée une rupture d'égalité inacceptable entre les élèves. Elle prive des milliers d'enfants scolarisés dans le privé, parfois sur des territoires déjà fragiles, d'un accompagnement structuré, de référents formés et d'un cadre clair de prévention et de réaction en cas de harcèlement ou de cyberharcèlement. Il est temps que le Gouvernement cesse de se satisfaire d'un déploiement partiel. Étendre le programme pHARe à tous les établissements scolaires, y compris les établissements privés, constitue une nécessité évidente. Cette extension permettrait d'uniformiser les moyens d'action, d'assurer une égalité de traitement entre les élèves et de renforcer l'efficacité de la lutte contre le harcèlement scolaire sur l'ensemble du territoire. Des solutions juridiques existent, des circulaires ou des conventions spécifiques pourraient être mises en œuvre sans délai, pour encadrer l'intégration effective du dispositif dans les établissements sous contrat. Pour les établissements hors contrat, la mise à disposition d'outils pédagogiques, de modules de formation accessibles et la construction de partenariats incitatifs constituent une voie à explorer. Aussi, elle souhaite connaître les mesures concrètes que le Gouvernement entend enfin mettre en œuvre pour que le programme pHARe ne reste pas l'apanage exclusif de l'école publique. Elle souhaite savoir si une stratégie d'extension est envisagée, selon quel calendrier et avec quels moyens, afin de garantir à chaque élève, où qu'il soit scolarisé, le droit fondamental d'être protégé du harcèlement.
Réponse publiée le 2 septembre 2025
Le ministère chargé de l'éducation nationale a fait de la lutte contre le harcèlement scolaire une priorité. Le programme pHARe, déployé depuis 2021, constitue l'outil central de cette politique publique pour l'ensemble des écoles, collèges et lycées publics. Le cadre juridique est sans équivoque : l'article L. 111-6 du code de l'éducation impose à tous les établissements d'enseignement, publics comme privés, de prendre les mesures appropriées pour prévenir, détecter et traiter les situations de harcèlement et d'orienter victimes, témoins et auteurs vers les dispositifs d'aide. Cette obligation générale s'impose indépendamment des outils choisis localement pour y répondre. Dans l'enseignement privé sous contrat, les établissements disposent d'une autonomie d'organisation, dans le respect des obligations légales précitées. À ce titre, plusieurs options coexistent déjà : certains établissements privés se sont engagés, en lien avec les académies, dans la mise en œuvre directe du programme pHARe ; d'autres mobilisent leurs propres dispositifs ou combinent plusieurs approches. Le ministère encourage toutes les initiatives qui permettent d'atteindre effectivement les objectifs de prévention, détection et traitement fixés par la loi. Ainsi, le réseau de l'enseignement catholique a développé, dès 2017-2018, un programme de protection des publics fragiles (3PF) visant la prévention de toutes les formes de maltraitance et la promotion d'une culture de bientraitance. Ce programme comprend des livrets juridiques et opérationnels, des procédures de recueil de la parole et des outils d'accompagnement des équipes. Il intègre un plan « boussole », processus cyclique de discernement, d'auto-diagnostic et de plan d'action mené avec l'ensemble de la communauté éducative. Ces ressources sont mises à disposition des établissements du réseau et régulièrement actualisées. Afin d'assurer l'égalité de protection des élèves sur tout le territoire, le ministère a engagé, avec les organisations représentatives de l'enseignement privé sous contrat, un travail d'articulation entre pHARe et les dispositifs existants (dont 3PF). L'objectif est de dégager un socle commun fonctionnel. Pour les établissements privés sous contrat qui souhaitent rejoindre pHARe intégralement, les académies mettent à disposition l'accès à la plateforme pHARe, aux protocoles ministériels de prise en charge, aux ressources de formation (modules m@gistère) et à l'accompagnement des équipes académiques de lutte contre le harcèlement. Les rectorats sont invités à faciliter ces adhésions volontaires et à en assurer le suivi. La politique publique de lutte contre le harcèlement s'inscrit dans une dynamique pluriannuelle associant prévention, détection et solutions (plan interministériel). Le ministère continuera d'accompagner tous les établissements, publics comme privés, pour que chaque élève bénéficie d'un environnement de scolarisation sûr et respectueux, conformément au droit.
Auteur : Mme Christelle D'Intorni
Type de question : Question écrite
Rubrique : Enseignement privé
Ministère interrogé : Éducation nationale, enseignement supérieur et recherche
Ministère répondant : Éducation nationale, enseignement supérieur et recherche
Dates :
Question publiée le 1er juillet 2025
Réponse publiée le 2 septembre 2025