Question écrite n° 8195 :
Abus inquiètants dans les contrôles réalisés par les agents SNCF et RATP

17e Législature

Question de : Mme Caroline Colombier
Charente (3e circonscription) - Rassemblement National

Mme Caroline Colombier alerte M. le ministre auprès du ministre de l'aménagement du territoire et de la décentralisation, chargé des transports, sur les abus constatés dans les pratiques de contrôle et de verbalisation au sein des entreprises publiques de transport, en particulier la SNCF et la RATP. Depuis plusieurs semaines, une série de faits divers relayés dans les médias suscite une vive émotion dans l'opinion publique. Une patiente se rendant à une chimiothérapie a été verbalisée dans un train SNCF pour un billet acheté trop tard. Un autre usager a écopé d'une amende de 100 euros pour une erreur de 10 centimes. Un couple a subi le même sort pour un écart de centimes sur un billet. D'autres affaires documentées concernent des sanctions infligées pour le simple transport d'une plante, pour une photo à peine effacée sur un pass Navigo, ou encore des soupçons de contrôles discriminatoires à répétition dans les gares et stations, à l'égard de personnes qui seraient susceptibles de payer directement les amendes infligées. Ces cas ne relèvent plus de simples anomalies isolées, mais traduisent un problème systémique de proportionnalité, de discernement et d'humanité dans l'application des règlements par les régies de transport. L'attitude rigide de certains agents et la politique de tolérance zéro appliquée à des situations manifestement de bonne foi nourrissent un sentiment d'injustice sociale et jettent le discrédit sur des services publics pourtant essentiels à la vie quotidienne. Dans un contexte où les usagers sont appelés à privilégier les transports en commun pour des raisons écologiques, économiques et sanitaires, de telles pratiques apparaissent contre-productives, voire déshumanisantes. Elle souhaite donc savoir quelles instructions ont été données par l'État aux opérateurs de transport pour garantir la proportionnalité et le discernement dans les procédures de contrôle et de verbalisation. Elle lui demande si le Gouvernement envisage une réforme du régime des amendes dans les transports publics, incluant un recours systématique à l'avertissement en cas d'erreur manifeste de bonne foi. Enfin, elle souhaite enfin savoir quelles mesures concrètes sont envisagées pour prévenir les pratiques discriminatoires lors des contrôles et restaurer la confiance entre les usagers et les régies de transport public.

Réponse publiée le 12 août 2025

La lutte contre la fraude constitue un enjeu majeur pour les opérateurs de transport qui représente, pour la seule Île-de-France, une perte de recettes estimée à 700 M€ par les opérateurs, dégradant d'autant la qualité de service, pénalisant l'ensemble des usagers voyageant en règle. La SNCF et la RATP ont mis en place des dispositifs de lutte contre la fraude afin d'endiguer ce phénomène qui se traduisent notamment par une augmentation du nombre de contrôles. La RATP prévoit par exemple une augmentation des contrôles sur la partie ferrée de son réseau et la SNCF a mis en place un plan d'action de lutte contre la fraude qui comprend un renforcement des contrôles et des vérifications des titres de transport avant l'accès aux trains (dispositifs d'accueil, portiques de contrôles). Ce renforcement des contrôles se conjugue avec des exigences déontologiques pesant sur les agents en charge de les mettre en œuvre, qui se traduisent notamment par une exigence d'assermentation des contrôleurs prévue par l'article L. 2241-1 du code des transports. Concernant les risques de dérives relayés par la presse dont vous vous faîtes l'écho, les opérateurs rappellent à leurs agents la nécessité de faire preuve de discernement lors de la mise en œuvre des contrôles et disposent de procédures de contrôle et d'audit internes destinées à prévenir tout comportement non conforme à la déontologie de leurs agents. La présentation de la carte d'assermentation est exigée sur simple demande du voyageur et une formation rigoureuse est dispensée à l'ensemble des agents de contrôle. Un dispositif de recours permet en outre aux usagers de contester les verbalisations dans un délai de trois mois, et un médiateur indépendant peut être saisi. La lutte contre la fraude, en ce qu'elle vise notamment à réduire la perte de recettes pour les opérateurs, permet à ces derniers de consacrer davantage de ressources à la qualité du service offert aux usagers. Dans le prolongement de cette dynamique, la loi n° 2025-379 du 28 avril 2025 relative au renforcement de la sûreté dans les transports permettra aux agents assermentés de vérifier en temps réel l'adresse des contrevenants, ce qui contribuera à améliorer le taux de recouvrement des amendes.

Données clés

Auteur : Mme Caroline Colombier

Type de question : Question écrite

Rubrique : Transports

Ministère interrogé : Transports

Ministère répondant : Transports

Dates :
Question publiée le 1er juillet 2025
Réponse publiée le 12 août 2025

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