Fret ferroviaire à l'arrêt : l'exemple alarmant de la plateforme de Miramas
Question de :
M. Emmanuel Taché
Bouches-du-Rhône (16e circonscription) - Rassemblement National
M. Emmanuel Taché de la Pagerie attire l'attention de M. le ministre auprès du ministre de l'aménagement du territoire et de la décentralisation, chargé des transports, sur la situation préoccupante du fret ferroviaire en France et plus particulièrement sur l'arrêt complet de l'activité à la plateforme de Miramas, autrefois carrefour stratégique du transport de marchandises dans le sud du pays. Cette paralysie locale intervient dans un contexte national marqué par la liquidation de FRET SNCF, seul opérateur public du transport ferroviaire de marchandises, consécutive à l'ouverture d'une procédure par la Commission européenne à l'encontre de l'État français pour « aides illicites et non conformes aux règles de la concurrence ». Cette décision a conduit au démantèlement partiel de l'opérateur historique : délestage de 23 flux parmi les plus rentables, cession contrainte d'une soixantaine de locomotives, la suppression de 500 emplois mais surtout, la disparition de l'un des nombreux savoir-faire industriels, ce qui engendre alors une nouvelle perte de souveraineté. Face à cela, nombre de chargeurs ont dû se tourner vers le transport routier, ce qui a mécaniquement accru le trafic de poids lourds, contribuant ainsi à une détérioration de la qualité de l'air et à un impact environnemental accru. Dans ce contexte, il souhaite savoir : premièrement, quelles sont les mesures envisagées par le Gouvernement pour rétablir l'activité de fret ferroviaire à Miramas ; deuxièmement, si une reprise partielle de certains flux auparavant opérés par FRET SNCF est à l'étude ; troisièmement, quelles alternatives sont mises en place pour les chargeurs locaux contraints de revenir à la route ; quatrièmement, comment le Gouvernement entend concilier ses engagements environnementaux avec cette régression du fret ferroviaire.
Réponse publiée le 18 novembre 2025
Dans le cadre de la stratégie nationale bas carbone, la décarbonation des transports constitue une priorité de l'État. Pour mettre en œuvre cette priorité, les leviers privilégiés sont le report modal et le renforcement des modes massifiés (ferroviaire, fluvial, maritime). Ainsi, l'État poursuit l'objectif ambitieux de doublement de la part modale du fret ferroviaire à moyen terme à travers la stratégie nationale de développement du fret ferroviaire (SNDFF). Issue d'un travail de co-construction entre l'État, SNCF Réseau et les acteurs de la filière, elle définit l'ensemble des actions et mesures mises en place pour répondre à plusieurs enjeux : restaurer la viabilité des services et le modèle économique des opérateurs de fret ferroviaire, avec, aujourd'hui, un soutien fort de 369 M€ inscrits dans la Loi de finance 2025 pour les aides à l'exploitation ; améliorer la qualité de service de SNCF Réseau à travers notamment la planification des sillons et le développement d'outils digitaux ; investir dans les infrastructures qui se concrétise à travers le programme d'investissement pour le fret ferroviaire 2023-2032 (dit « Ulysse fret ») publié en mars 2025 dont plusieurs objets concernent le site de Miramas ; accentuer la coordination avec le portuaire et le fluvial. Dans le cadre de ce programme d'investissement, un schéma directeur du transport combiné à horizon 2032 a été publié en octobre 2024 sur le site du ministère. Il définit une enveloppe d'1,1 milliards d'euros pour la modernisation des terminaux existants et la création de nouveaux terminaux de transport combiné. La nouvelle plateforme de transport combiné TOP à Miramas a été cofinancée dans ce cadre et mise en service en 2024. Des projets d'extension du site de Clésud à Miramas et son raccordement ferroviaire sont également prévus d'ici 2032 et fléchés dans le cadre du schéma directeur. Parallèlement, le programme d'investissement 2023-2032 prévoit des aménagements significatifs sur les 4 principaux sites de tri à la gravité (Woippy, Sibelin, Le Bourget et Miramas). A ce stade, ce sont 156 M€ entre 2023 et 2027 tous fonds confondus (Etat, SNCF Réseau et Europe) qui sont contractualisés pour le renouvellement, la modernisation et la digitalisation de ces installations. Ce programme prévoit à la suite, un investissement de 30 M€ supplémentaires entre 2027 et 2032 pour poursuivre la modernisation de ces outils. Plus spécifiquement, le site de Miramas a connu, suite à un orage en septembre 2024, une panne de télécommande des engins de pousse. Celle-ci a été réparée tout début juillet 2025. Pendant cette période, les trafics n'ont pas été suspendus pour autant : ainsi en juin 2025 le site a été traversé par 56 trains/jour pour les trains qui font l'objet d'un tri à Miramas et en juillet 2025 (après réparation) 57 trains/jour ont été relevés pour ces mêmes opérations de tri. Les trafics liés au transport combiné n'ont pas été concernés par cet incident. Concernant la décision d'une discontinuité de Fret SNCF dans le cadre de laquelle l'État s'est mobilisé pour éviter un report modal inversé, les 23 flux historiquement opérés par Fret SNCF ont tous été repris par d'autres entreprises ferroviaires, à l'exception d'un flux dont l'arrêt n'est pas lié à la discontinuité. Ainsi, le flux de transport combiné depuis et vers Miramas anciennement réalisé par Fret SNCF a été repris par une autre entreprise ferroviaire n'engendrant donc pas de report modal inversé sur cette relation.
Auteur : M. Emmanuel Taché
Type de question : Question écrite
Rubrique : Transports ferroviaires
Ministère interrogé : Transports
Ministère répondant : Transports
Dates :
Question publiée le 1er juillet 2025
Réponse publiée le 18 novembre 2025