Réforme des retraites
Question de :
M. Alexis Corbière
Seine-Saint-Denis (7e circonscription) - Écologiste et Social
Question posée en séance, et publiée le 25 juin 2025
RÉFORME DES RETRAITES
Mme la présidente . La parole est à M. Alexis Corbière.
M. Alexis Corbière . Monsieur le premier ministre, une nouvelle fois, votre gouvernement, battu dans les urnes, mérite d'être censuré. Nous le ferons, dans l'unité du Nouveau Front populaire. (Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS, SOC et GDR.)
Vous l'avez compris, moi aussi je veux vous parler retraite et de l'opposition déterminée de mon groupe à la scandaleuse réforme Borne, imposée le 16 mars 2023 par l'antidémocratique 49.3, contre l'avis de 90 % des actifs de notre pays, de 70 % de l'ensemble de la population (Mêmes mouvements) et de la totalité des organisations syndicales de travailleurs, que je salue ici.
Monsieur le premier ministre, vous avez échoué, vous êtes bloqué. Sur ce point, je rappelle ce que vous déclariez en 2022 : « Il y a un moyen simple pour lever le blocage, c'est de dire ce sont les Français qui choisiront. » Vous ajoutiez : « J'ai toujours défendu cette idée du référendum. » (Mêmes mouvements.) François Bayrou 2025 est-il encore d'accord avec François Bayrou 2022 ? Respecterez-vous votre propre parole ? (Mêmes mouvements.)
C'est une loi : ce qui est né dans la brutalité ne peut survivre que dans la brutalité et la ruse. Vous avez interdit que le conclave puisse seulement discuter de l'abrogation de la réforme des retraites. (Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS et SOC.)
Vous avez de facto donné un droit de veto au patronat qui a, évidemment, manifesté sa totale opposition au retrait de la réforme.
Votre dialogue social n'était qu'un monologue antisocial. Pourtant, parler de la retraite, c'est parler de la vie concrète de 30 millions de salariés, de la jeunesse. Parler retraite, c'est parler du type de société dans laquelle nous voulons vivre. Parler retraite, enfin, c'est parler de la République, qui, pour nous, n'existe que quand elle est sociale, quand elle permet une juste répartition des richesses et non l'accumulation insolente pour quelques-uns et l'allongement de la souffrance au travail pour les autres.
Ma question est simple : quand allez-vous cesser l'antiparlementarisme ?
M. Charles Sitzenstuhl . C'est irresponsable !
M. Alexis Corbière . Quand aurez-vous le courage politique ? Quand aurez-vous la dignité civique ? Quand aurez-vous l'éthique démocratique… (Le temps de parole étant écoulé, Mme la présidente coupe le micro de l'orateur. - Les députés des groupes EcoS et SOC applaudissent ce dernier.)
Mme la présidente . La parole est à Mme la ministre chargée du travail et de l’emploi.
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre chargée du travail et de l’emploi . Beaucoup parlent du dialogue social et certains le font. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR, Dem et HOR.) Depuis quatre mois, nous avons décidé de redonner la parole aux partenaires sociaux… (Exclamations prolongées sur les bancs des groupes LFI-NFP, EcoS et SOC.)
M. Alexis Corbière . C'est un échec !
M. Ugo Bernalicis . Abrogation !
M. Louis Boyard . C'est quand ça vous arrange ! Avec le 49.3, il n'y avait pas de dialogue !
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre . Vous pouvez crier tant que vous le voulez mais c'est le cas. Un dialogue a eu lieu pendant quatre mois,…
M. Louis Boyard. Ce n'est pas ça, le dialogue social !
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre . …sur la base d'un diagnostic de la Cour des comptes – que nous partageons – qui rappelle ce qui est peut-être un détail pour vous (Sourires sur les bancs du groupe EPR), mais pas pour nous : le déficit du système des retraites atteindra les 7 milliards d'euros en 2030.
Les partenaires sociaux restés autour de la table sont convenus d'une lettre d'objectifs : le retour à l'équilibre d'ici à 2030, qui était souhaité également par le premier ministre, la correction d'un certain nombre d'injustices telles que celles qui touchent les femmes, telles que l'usure professionnelle, la gouvernance et le sentiment que l'effort doit être partagé. Depuis quatre mois, sous l'animation de M. Marette dont nous saluons le travail, il y a eu des convergences notables.
Le premier ministre vient de dire que ces discussions devaient encore continuer sur la base des convergences identifiées, qui ne sont pas négligeables. Quand on parle des retraites des femmes…
M. Thibault Bazin . Elle a raison, c'est pour les mères de famille qui bossent.
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre . …de l'usure professionnelle ou de l'âge de départ à la retraite, c'est dans un esprit de responsabilité que l'on aimerait aussi voir sur ces bancs, monsieur Corbière. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes EPR et Dem.) Nous allons donc continuer, parce que cela concerne l'avenir des retraites, des entreprises et, surtout, des travailleurs et des retraités de notre pays. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR, Dem et HOR ainsi que sur quelques bancs du groupe DR.)
Auteur : M. Alexis Corbière
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Retraites : généralités
Ministère interrogé : Travail et emploi
Ministère répondant : Travail et emploi
Date : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue au Journal officiel du 25 juin 2025