Question écrite n° 8314 :
Procédure « Affelnet », outil de tri en période de pénurie !

17e Législature

Question de : M. Abdelkader Lahmar
Rhône (7e circonscription) - La France insoumise - Nouveau Front Populaire

M. Abdelkader Lahmar attire l'attention de Mme la ministre d'État, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, sur les carences récurrentes de la procédure « Affelnet ». Créée en 2017 pour l'affectation des élèves dans certaines formations après la 3e, « Affelnet » reste une véritable boite noire pour les élèves, leurs familles et les enseignants. Aucun réel effort de transparence sur le fonctionnement de l'algorithme n'a été fait. La prise en compte des résultats scolaires de l'élève reste grossière et mal adaptée aux réalités de terrain. Le calendrier de la procédure est totalement inadapté au déroulement ordinaire d'une année scolaire avec un deuxième tour d'affectation et une phase de recours et d'inscription se déroulant en grande partie pendant les mois de juillet et août. Quant aux points supplémentaires attribués aux élèves boursiers, ils restent insuffisants pour combattre les déterminismes. La ségrégation sociale demeure la norme du passage de 3ème en 2nde pendant que la ségrégation scolaire, elle, s'accentue fortement à l'occasion de la transition entre collège et lycée (passage de 18 à 28 % de l'indice de ségrégation scolaire total entre la 3ème et la 2nde selon les données académiques disponibles). Surtout, l'extension permanente des formations et des territoires utilisant l'algorithme pour répartir les élèves en sortie de 3ème démontre, s'il en était besoin, le sous-investissement chronique dans l'enseignement secondaire. Ne pouvant permettre à chaque élève d'obtenir une place dans la filière de son choix, l'éducation nationale en est réduite à organiser un gigantesque tri algorithmique qui nie les aspirations et les ambitions des élèves et les force à s'adapter à la pénurie. Une réelle politique d'éducation qui s'adresse à la jeunesse sans bafouer ses droits et ses espoirs doit partir des besoins concrets. Il faut ouvrir les places dans les différentes formations en fonction des souhaits exprimés par les collégiens, pas l'inverse. Réformer la procédure « Affelnet » serait un premier pas dans la bonne direction. Il faut revoir le calendrier pour que les élèves puissent être accompagnés par les enseignants et les professionnels de l'orientation à chaque étape du processus. Un réel effort de transparence sur le fonctionnement de l'algorithme doit être fait et les personnels de l'éducation doivent être mieux formés pour pouvoir accompagner les élèves. Enfin, les bonus de points censés lutter contre la ségrégation sociale et scolaire doivent être réévalués. La procédure d'affectation pour septembre 2025 s'achevant dans les semaines à venir, il lui demande quelles initiatives elle compte prendre pour améliorer le processus en vue de la campagne 2025-2026 d' « Affelnet ».

Réponse publiée le 18 novembre 2025

L'affectation relève d'une responsabilité déconcentrée au niveau académique. Elle tient compte en premier lieu des vœux des familles et de la décision d'orientation du conseil de classe. Le directeur académique des services de l'éducation nationale (DASEN) est responsable par délégation du recteur d'académie de l'affectation dans les établissements publics de son département. Il s'appuie sur Affelnet-lycée, application généralisée à toutes les académies depuis 2017. Une page grand public du site ministériel education.gouv.fr en explicite le principe général. Son algorithme est librement accessible à tous. Conforme au cadre réglementaire national de l'affectation, Affelnet-lycée est un outil d'aide à la décision paramétré dans chaque académie. Ce paramétrage reflète les critères académiques pris en compte pour départager les élèves en cas de places insuffisantes pour satisfaire toutes les demandes. Chaque recteur d'académie précise dans une circulaire annuelle les modalités territoriales de fonctionnement de l'affectation adoptées et le poids des priorités octroyées (pour les élèves boursiers par exemple). Des communications complémentaires, diffusées par divers médias, visent à présenter en transparence les critères pris en compte selon un principe d'équité de traitement et de mixité sociale et scolaire. Le plan Avenir, annoncé par la Ministre d'État le 7 juin 2025, encourage la prise en compte de la motivation et des compétences non scolaires, pour les élèves formulant des voeux en voie professionnelle.  La procédure d'affectation, dernière étape du processus d'orientation, est préparée en amont par des actions de découverte des métiers et des formations dont bénéficient les élèves dès la classe de cinquième et la procédure d'orientation en classe de troisième (entretien avec le professeur principal, formulation des intentions d'orientation au deuxième trimestre sur lesquelles les conseils de classe donnent un avis provisoire et phase définitive d'orientation au troisième trimestre). A partir de l'année 2025-2026, une rencontre parents-élèves-professeurs consacrée au projet d'orientation sera organisée au deuxième trimestre pour toutes les classes de 3ème et 2nde et l'information sur l'offre de formation, accessible dès le début du mois d'avril, présente les débouchés des formations professionnelles en termes de poursuite d'études et d'insertion. Les calendriers académiques sont encadrés au niveau national par une note de service. Ils concilient les temps nécessaires à l'accompagnement des élèves, à la poursuite des apprentissages jusqu'à la fin de l'année scolaire, à la préparation du diplôme national du brevet, à l'expression et au traitement des vœux et enfin aux inscriptions dans les établissements. L'élaboration de la carte des formations professionnelles relève de la compétence partagée entre le conseil régional et la région académique. Un équilibre est recherché entre la demande sociale de formation, d'insertion professionnelle et les besoins économiques du territoire. L'accroissement des capacités dans les spécialités les plus insérantes fait l'objet d'une cible de 6 % par an, pour une évolution d'un quart de la carte en 2026. La formation des professeurs est renforcée avec l'organisation à la rentrée scolaire 2024 d'une formation systématique des référents découverte des métiers et à la rentrée 2025 de tous les professeurs principaux de troisième avec une attention portée à la lutte contre les déterminismes. A terme, cette formation sera généralisée à tous les niveaux.

Données clés

Auteur : M. Abdelkader Lahmar

Type de question : Question écrite

Rubrique : Enseignement privé

Ministère interrogé : Éducation nationale, enseignement supérieur et recherche

Ministère répondant : Éducation nationale

Dates :
Question publiée le 8 juillet 2025
Réponse publiée le 18 novembre 2025

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