Déficit criant d'infrastructures destinées à la jeunesse en Guadeloupe
Question de :
M. Christian Baptiste
Guadeloupe (2e circonscription) - Socialistes et apparentés
M. Christian Baptiste attire l'attention de M. le ministre d'État, ministre des outre-mer, sur le déficit criant d'infrastructures destinées à la jeunesse en Guadeloupe, notamment dans les domaines du sport, de la culture et des loisirs. Ce manque structurel et durable participe à une forme d'abandon ressenti par une large partie des jeunes du territoire et contribue indirectement à la montée des tensions sociales, de l'oisiveté et parfois de la délinquance. Depuis plusieurs années, les jeunes Guadeloupéens expriment un besoin pressant d'espaces adaptés à leurs besoins : centres culturels, parcs aménagés, équipements sportifs de proximité, lieux de loisirs encadrés. Or de nombreux quartiers et communes en sont totalement dépourvus. Cette absence de lieux de socialisation positifs fragilise leur trajectoire personnelle et professionnelle, dans un contexte déjà marqué par des inégalités structurelles. Le lien entre ce déficit d'infrastructures et la progression de la violence juvénile est de plus en plus documenté. Sans repères stables ni espaces pour se retrouver, se dépenser, créer ou s'exprimer, de nombreux jeunes se retrouvent livrés à eux-mêmes, exposés à l'influence de groupes à risque et à un sentiment de relégation. À titre d'exemple, certaines collectivités hexagonales ont fait le choix d'installer des city-stades, terrains multisports de proximité implantés dans des quartiers prioritaires ou zones rurales. En Bretagne notamment, ces équipements ont été conçus comme des outils de cohésion sociale et de pacification, en offrant un cadre régulier pour la pratique sportive, en facilitant l'intervention d'éducateurs de rue et en limitant l'errance dans l'espace public. Selon les retours d'expérience des collectivités locales et des professionnels de terrain, ces dispositifs ont contribué à faire reculer les tensions et les actes de délinquance en canalisant les énergies vers des activités structurantes. Ce modèle, peu coûteux et facilement reproductible, pourrait être adapté aux réalités guadeloupéennes et à celles d'autres territoires ultramarins comme la Martinique, la Guyane, La Réunion ou Mayotte, confrontés à des situations similaires de sous-équipement et de jeunesse en difficulté. Dans ce contexte, M. le député souhaite connaître les intentions du Gouvernement en matière de renforcement de l'investissement public dans les infrastructures culturelles, sportives et de loisirs à destination des jeunes ultramarins. Il lui demande également si le Gouvernement envisage la possibilité de lancer des expérimentations territorialisées, en lien avec les collectivités locales et les associations de jeunesse, afin de bâtir une politique ambitieuse de prévention, de valorisation et d'émancipation de la jeunesse dans les outre-mer.
Réponse publiée le 9 septembre 2025
Le Gouvernement partage pleinement l'ambition en faveur d'un accès à des équipements culturels, sportifs et de loisirs de qualité pour l'épanouissement, l'inclusion et la protection des jeunes ultramarins. La construction et la gestion des équipements de proximité relèvent de la compétence des collectivités territoriales. L'Etat joue, en complément, un rôle d'impulsion à travers ses financements, et stimule ainsi le développement des équipements en faveur de la jeunesse. Conscient des enjeux et des contraintes spécifiques auxquelles font face les collectivités territoriales d'outre-mer, l'Etat a fait de leur accompagnement en matière d'aménagements culturels et sportifs une priorité d'action publique. À ce titre, et afin de tenir compte des spécificités ultramarines, l'Etat vient en appui aux collectivités d'outre-mer à travers un engagement financier renforcé, afin de permettre, d'une part, aux collectivités d'amplifier leurs investissements et de répondre aux enjeux d'ingénierie et, d'autre part, aux différents acteurs locaux de proposer une offre culturelle et sportive. Ainsi, dans le cadre des Contrats de convergence et de transformation (CCT), l'Etat cofinance de nombreux projets portés par les collectivités territoriales en matière d'équipements de proximité. Depuis 2017, un plan de rattrapage des équipements sportifs est mis en œuvre par le ministère des Outre-mer et le ministère des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative, à travers l'agence nationale du sport (ANS). Ce plan a été renforcé par les CCT et prévoit de nouveau, dans le cadre de la nouvelle génération 2024-2027, une enveloppe de 56M€ : 28M€ mobilisés par l'ANS et 28M€ par le ministère des Outre-mer. Plus globalement, dans le cadre de la dernière génération des CCT, près de 50% des projets cofinancés par l'Etat dans les DROM concernent le sport, la culture et la jeunesse. Par ailleurs, le Fonds exceptionnel d'investissement (FEI) du ministère des Outre-mer, destiné au rattrapage des outre-mer, soutient les investissements des collectivités ultramarines portant sur des équipements publics. Il dispose en plus d'un volet sportif dédié au soutien à la construction ou à la rénovation d'équipements sportifs. En outre, afin de répondre aux enjeux d'ingénierie en matière d'infrastructures, le fonds outre-mer (FOM), dont le pilotage est assuré par l'AFD pour le compte du ministère des Outre-mer, accompagne les territoires ultramarins dans la réalisation de projets structurants et la mise en œuvre de leurs politiques publiques. Il finance des projets de renforcement de capacité et d'ingénierie technique et financière en appui aux maîtrises d'ouvrages ultramarines, liés aux enjeux d'infrastructures publiques, notamment culturelles, sportives et sociales. En complément de cet appui financier en matière d'infrastructures, le ministère des Outre-mer soutient chaque année via le P123 des structures, principalement associatives, pour la mise en œuvre de projets à destination des jeunes ultramarins en matière de pratique sportive, d'activités culturelles et de loisirs. Outre ces dispositifs spécifiques, les collectivités ultramarines et les acteurs en matière d'offre culturelle et sportive sont éligibles aux dispositifs et appels à projets nationaux relevant de l'Etat, tels que le plan « 5 000 terrains de sport » mis en place entre 2022 et 2023 et reconduit pour la période 2024-2026. Ils sont également éligibles aux aides en provenance des fonds européens qui viennent s'ajouter aux crédits budgétaires de l'Etat. Par ailleurs, le Comité interministériel des outre-mer (CIOM), réuni le 10 juillet 2025 a d'ores et déjà validé une stratégie quinquennale pour la reconstruction et la refondation de Mayotte incluant des actions en matière de culture et sport, également intégrées dans le projet de loi de programmation pour la refondation de Mayotte. Ce projet de loi prévoit l'accompagnement de la réhabilitation d'équipements, la protection du patrimoine et développement des infrastructures culturelles, ainsi que le développement des infrastructures sportives. En parallèle, la jeunesse ultramarine constitue une des thématiques prioritaires retenues pour les travaux à venir du second CIOM de l'année 2025. Des CIOM locaux organisés dans chaque territoire ultramarin, précédés de consultations publiques, seront l'occasion de "faire remonter les priorités exprimées localement, en vue d'élaborer une nouvelle feuille de route partagée".
Auteur : M. Christian Baptiste
Type de question : Question écrite
Rubrique : Outre-mer
Ministère interrogé : Outre-mer
Ministère répondant : Outre-mer
Dates :
Question publiée le 8 juillet 2025
Réponse publiée le 9 septembre 2025